Vous l’avez peut-être remarqué, votre sommeil a évolué en même temps que vous. À l’adolescence et la vingtaine, vous étiez capable de faire le tour du cadran si un réveil ne venait pas perturber votre sommeil. Mais dès la trentaine, tout a commencé à déraper et vos nuits à rétrécir comme une peau de chagrin. La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas de votre faute, mais le résultat d’un phénomène naturel. La mauvaise, c’est que ça ne va pas s’arranger en vieillissant !

Sommeil : la fonction essentielle des neurotransmetteurs

Plus de la moitié des personnes de plus de 65 ans se plaignent de la qualité de leur sommeil”, explique Luis de Lecea, Professeur à l'Université de Stanford aux États-Unis et co-auteur d’une étude sur le sujet, publiée dans la revue Science. Car si l’on savait déjà qu’avec l’âge, le sommeil devient plus léger et plus fragmenté, les chercheurs ne savaient pas encore très bien en expliquer la raison. Menée sur des souris, l’étude a eu vocation à analyser le travail du cerveau durant les phases de veille et de sommeil au fil de l’âge, et de mettre en lumière la fonction essentielle des neurotransmetteurs. Ils jouent un rôle essentiel dans le processus du sommeil et leur libération par les neurones a lieu à des moments précis de la journée.

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Pour ce qui est de l’étude sur le sommeil perturbé avec l’âge, les scientifiques se sont concentrés sur l’étude des hypocrétines. Ces neurotransmetteurs ne sont synthétisés que par un type de neurones dans une partie du cerveau, ce qui les rend très précieux. En 1998, des scientifiques, dont le professeur Luis de Lecea, avaient déjà découvert que les hypocrétines transmettaient des signaux importants au cerveau durant les phases de veille. Un défaut de sécrétion des hypocrétines ou leur dégradation au fil du temps pourrait donc mener à un phénomène de somnolence importante et fréquente, voire de narcolepsie dans certains cas.

L’étude a été réalisée sur des souris divisées en deux groupes : de jeunes souris âgées de trois à cinq mois, puis des animaux plus vieux, âgés de 18 à 22 mois. Les rongeurs ont été placés sous des lumières à des moments clé de la journée afin de stimuler la formation des hypocrétines. Résultat, les souris plus âgées avaient perdu environ 38% de ces neurotransmetteurs par rapport aux jeunes. À noter que les hypocrétines encore présentes chez les sujets âgés ont aussi tendance à s’activer plus rapidement que chez une jeune souris, ce qui explique le fréquent phénomène d’éveil et de somnolence.Les neurones tendent à être davantage actifs et à s'allumer plus, et si c'est le cas, vous vous réveillez plus fréquemment” selon le Professeur Luis de Lecea.

Sommeil perturbé : attention danger

Ce n’est pas parce que le rythme de sommeil se modifie naturellement avec l’âge, qu’il ne faut pas, tout au long de sa vie, choyer ce dernier. En effet, cela n’a peut-être pas l’air, mais un sommeil réparateur est garant d’un certain nombre de facteurs dans votre journée passée et à venir : une bonne digestion et réparation cellulaire, une action antioxydante importante pour conserver plus longtemps une peau jeune et tonique.

On sait aussi que bien dormir, c’est mieux s’alimenter et moins risquer de craquer dans la journée pour des aliments gras et sucrés par manque d’énergie et non seulement par envie. Enfin, un sommeil de mauvaise qualité, surtout avec l’âge, augmente les risques d'hypertension, de difficultés cardiaques, de diabète, mais aussi de dépression. D’où l’intérêt pour les chercheurs de parvenir à identifier les mécanismes naturellement responsables de la perte de sommeil pour parvenir à développer des solutions médicamenteuses plus efficaces et adaptées (ce que ne font pas toujours les somnifères). Mais la première des actions reste encore de tout faire pour s’offrir un sommeil de qualité : un bon matelas, une chambre zen et bien aérée, une alimentation équilibrée, de l’exercice régulier… Bref, tout ce qui aide à bien dormir, et donc à bien vieillir.