Cette année, les Françaises vont « travailler gratuitement » à compter du lundi 6 novembre à 11 h 25, selon la lettre d’information féministe Les Glorieuses. En 2022, la date avait été arrêtée au 4 novembre. Cette date et cette heure sont le symbole de l’écart salarial entre les femmes et les hommes. 

Un écart salarial de 15,4%

Concrètement, les femmes « pourraient s'arrêter de travailler le 6 novembre à 11h25 si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes tout en gagnant ce qu'elles gagnent aujourd'hui, toujours en moyenne, à l'année », relève la newsletter dans un communiqué.

Cette date et cette heure symboliques ont été calculées à partir de statistiques européennes sur l’écart de salaire entre les femmes et les hommes en France. Cette année, les femmes gagnent en moyenne 15,4% de moins que les hommes. L’an dernier, l’écart salarial atteignait 15,8%, ce qui avait amené le collectif à déterminer la date du mouvement au 4 novembre à 09h10. C’est un peu mieux donc, mais toujours insuffisant. « En 2016, les femmes gagnent en moyenne 15,1 % de moins que les hommes en France (Eurostat). En 2023, 15,4 %. L’écart se creuse », souligne le collectif sur X (ex-Twitter).

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En revanche, ces chiffres masquent une autre réalité. Les femmes racisées font davantage les frais des inégalités salariales et arrêteraient donc de travailler beaucoup plus tôt. Outre-Atlantique, une étude de l’Institut Women’s Policy Research révèle que les femmes noires perçoivent 38 % de moins que les hommes blancs, et 21 % de moins que les femmes blanches, comme le révélait un article des Inrocks en 2019. En France, il n’est pas possible de faire émerger des chiffres, car les statistiques relatives à l’origine ethnique sont jugées anticonstitutionnelles.

Revalorisation des professions féminisées et équivalence du congé post-naissance

Les militantes, qui relaient le hashtag #6novembre11h25, ont lancé une pétition pour réclamer la mise en place de trois politiques publiques visant à favoriser l’égalité salariale : appliquer le principe d’éga-conditionnalité – soit conditionner l’accès aux marchés publics, l’obtention des subventions publiques au respect de l’égalité salariale au sein des entreprises –, revaloriser les salaires des emplois où les femmes sont les plus nombreuses et soutenir un congé parental équivalent pour les deux parents. 

41% des femmes en couple ont subi des violences économiques

Dans le cadre de leur campagne annuelle, Les Glorieuses ont réalisé un sondage avec l’IFOP pour mettre en lumière la réalité des violences économiques faites aux femmes en France. Celui-ci révèle que 41 % des femmes ayant déjà été en couple ont connu au moins une fois ce type de violence conjugale, qui « se définissent par un contrôle, un appauvrissement ou un manque à gagner qui peuvent aller jusqu’à la dépossession totale des moyens d’autonomie financière des femmes », précise le communiqué.

L’enquête révèle que 16 % des femmes ayant déjà été en couple au moins une fois subissent ou ont déjà subi un contrôle de leurs finances par leur partenaire. Les situations évoquées intègrent un vol d’argent (en liquide ou sur le compte bancaire) ou une saisie des revenus, un contrôle des dépenses, un blocage des cartes bancaires ou encore une opposition pure et simple au fait que la femme ait un compte bancaire personnel.

Selon l’étude, une femme a deux fois plus de chances d’être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint. Le message de la newsletter Les Glorieuses est le suivant : « Prévenez les violences économiques conjugales, payez les femmes justement en mettant fin aux inégalités salariales. » 

Au moins une femme sur 3 ayant été victimes de violences économiques a subi par la suite une autre forme de violences conjugales. Les Glorieuses soulignent que les violences économiques conjugales peuvent être une porte d’entrée pour des violences conjugales - verbales, physiques et psychologiques. « Lutter contre les violences économiques conjugales est une manière de prévenir les autres types de violences conjugales », concluent-elles.