Le vaginisme est un trouble sexuel féminin qui se caractérise une contraction involontaire des muscles du périnée rendant la pénétration difficile, voire impossible. Le vaginisme est souvent source de honte, empêchant les personnes touchées d’en parler et entraînant une prise en charge médicale tardive. D’où l’importance de mettre fin à ce tabou et d’informer sur ce processus psychophysiologique qui n’est pas une fatalité.

Le vaginisme, c’est quoi ?

Souvent confondu avec la dyspareunie – qui se traduit par de fortes douleurs lors des rapports sexuels avec pénétration – le vaginisme est « une contracture réflexe (donc involontaire) des muscles périnéaux à l’approche ou lors de la pénétration, rendant ainsi celle-ci difficile voire totalement impossible et parfois douloureuse », indique Angéla Bonnaud, sexologue et sexothérapeute, co-autrice de l’ouvrage Vaginismes : comprendre, dépasser, s’épanouir (éd. La Musardine).

Selon le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens (CNGOF), la fréquence dans la population générale est estimée à environ 1% des femmes en âge de procréer, mais représente 6 à 15% des consultantes en sexologie. « Un quart de ma patientèle consulte pour du vaginisme. C’est un motif qui revient très régulièrement », confirme Angéla Bonnaud.

Il existe différents types de vaginisme :

  • Le vaginisme primaire

Le vaginisme dit primaire est présent depuis le début de la vie intime et/ou médicale de la personne.

  • Le vaginisme secondaire

Le vaginisme secondaire apparaît après un laps de temps durant lequel la pénétration vaginale était possible.

  • Le vaginisme total

Le vaginisme peut être total, c’est-à-dire que rien ne peut rentrer dans le vagin.

  • Le vaginisme partiel

On dit qu’il est partiel lorsqu’il est possible d’obtenir une pénétration vaginale, mais pas systématiquement.

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Quelles sont les causes du vaginisme ?

Si l’aspect psychologique revient souvent lorsqu’on parle de ce trouble, les « causes du vaginisme sont multiples », rappelle Angéla Bonnaud. « Le vaginisme est trop souvent associé à la notion de traumatisme. Cette idée reçue nourrit le fait qu’une problématique sexuelle ne peut venir que d’un événement impactant, et que le vaginisme a forcément une cause physique ou psychologique déclarée », déplore la sexologue. Ce qui n’est pas forcément le cas.

« Le vaginisme est souvent dû à plusieurs causes différentes », précise l’experte. Elles peuvent être organiques, comme une malformation de l’appareil génital, une réaction allergique, l’endométriose ou les traitements tels que la curiethérapie ou la radiothérapie provoquant une sténose vaginale. Angéla Bonnaud identifie également les causes psycho-sexologiques comprenant le trouble de l’image sexuée, la méconnaissance de son corps, la peur de perdre le contrôle, la peur d’avoir un vagin trop étroit ou d’avoir mal. « La peur de la douleur est très ancrée en termes d’idées reçues. Cela vient en partie des phrases que nous entendons comme “la première fois, ça fait mal” », détaille la spécialiste.

Quelles solutions pour faire face au vaginisme ?

Le vaginisme n’est pas une fatalité, quelle que soit sa durée. « Le vaginisme est un trouble sexuel ayant des origines multifactorielles et chaque vaginisme est unique. C’est à partir de ce postulat qu’il est nécessaire de rappeler que la prise en charge qui en découle doit l’être également », insiste Angéla Bonnaud.

Il existe trois grandes approches :

  • L’œil averti d’une gynécologue ou d’une sage-femme pour poser le diagnostic et s’inscrire dans un accompagnement médical à la recherche de problématiques «organiques » qui pourraient expliquer ou impacter négativement le vaginisme ;
  • La kinésithérapie et l’ostéopathie pour libérer pleinement le corps. Appréhender la relaxation du périnée et le rééduquer si nécessaire est un passage obligé. Lever les tensions du périnée, étirer sa musculature et prendre conscience de sa maîtrise s’obtient par un travail périnéal manuel ainsi que l’utilisation de dilatateurs vaginaux et des exercices de Kegel ;
  • L’écoute active et l’expertise du psychologue-sexologue ou du sexothérapeute-sexologue pour évaluer l’histoire psycho-affective et sexuelle de la patiente.

Comment avoir une sexualité épanouie avec le vaginisme ?

Pour dépasser le vaginisme, le souhait serait de proposer une sexualité positive. Au-delà des traitements, l’importance d’un soutien de la part du ou de la partenaire est primordiale. « Il est très important que le ou la partenaire se montre compréhensif·ve, soutenant·e, car cela contribuera largement à la détente », insiste la sexothérapeute Angéla Bonnaud. 

D’autre part, il est urgent de repenser les rapports sexuels hétérocentrés.« Il semble fondamental que la pénétration ne soit pas l’objectif final, seulement un moyen parmi d’autres d’avoir une sexualité source de plaisirs. Les femmes qui souffrent de vaginismes ont trop de pression vis-à-vis de la sexualité, et cela aggrave et/ou perpétue leurs vaginismes », précise la spécialiste. Le vaginisme demande au couple de sortir d’une sexualité pénétro-normée, et d’aller vers d’autres pratiques qui peuvent être tout aussi satisfaisantes. Pour certaines personnes, cela passe notamment par plus de lenteur dans les rapports, en s’initiant au slow sex ou au tantrisme. Pour d’autres, l’exploration se fera par les caresses par exemple. « Il faut accepter d’aller vers une sexualité adaptée au vaginisme pour s’épanouir dans un premier temps. Une sexualité moins cadrée et perçue comme plus fluide viendra ensuite ! », conclut Angéla Bonnaud.