A 30 ans, Kristen travaille dans la pub et recherche l’amour. Inscrite depuis quelques années sur une application de rencontre, elle a matché avec plusieurs personnes. De Los Angeles, à Boston, en passant par New York, elle raconte ses aventures.

Trouver l’amour quand on est handicapée

  • Mes premières relations amoureuses

A l’âge de 5 ans, j’ai eu un accident de voiture avec ma famille en rentrant du patin à glace, quelques jours après Noël.

A l’hôpital, le diagnostic tombe, je souffre d’une fracture de la colonne vertébrale. Cela fait donc un petit bout de temps que je suis en fauteuil roulant.

La plupart des hommes avec qui je suis sortie n’avaient aucun problème avec mon handicap. Mais tout a changé le jour où je me suis inscrite sur Tinder.

  • La création de mon profil

Je viens de Los Angeles, puis j’ai déménagé à Boston pour le travail et maintenant je vis à New York. J’ai pensé que mon expérience sur l’application de rencontre varierait selon la ville, ça n’a pas été le cas.

La première fois que je me suis inscrite, je ne savais pas si je devais mentionner mon handicap. J’ai pensé mettre une photo de moi en fauteuil, mais mes amis m’ont dit que je n’étais pas obligée.

En effet, mon handicap ne m’empêche pas de faire les activités que j’aime et ne définit pas qui je suis. Mais en y réfléchissant, j’avais l’impression de ne pas être sincère avec les gens.

J’ai changé un nombre incalculable de fois ma photo de profil. Pour finalement en choisir une où on ne voit pas mon fauteuil distinctement.

  • Mon fauteuil ne définit pas qui je suis

Je souhaite simplement que les hommes apprennent à me connaître en tant que personne et non pas en tant que personne en fauteuil.

La plupart du temps, les gens me traitent différemment quand ils apprennent que je suis handicapée. Je travaille dans la publicité et mes clients sont loin. Ils ne savent même pas que je suis paraplégique.

Vidéo du jour :

Et ça me rend heureuse. Je n’ai pas de traitement de faveur. Je veux qu’ils attendent de moi ce qu’ils attendraient de n’importe quel publicitaire. C’est exactement la même chose pour mon profil Tinder.

Appli de rencontre : gérer son premier rendez-vous quand on est handicapée 

La première fois que je suis allée à un rendez-vous, je n’ai rien dit à mon prétendant. On se parlait depuis deux semaines, de nos carrières, de notre enfance…

J’avais vraiment hâte de le rencontrer car on venait tous les deux de la même petite ville.

Mais lorsqu’il m’a vue dans mon fauteuil, il ne m’a plus regardée dans les yeux de toute la soirée. Et nous avons passé le dîner à éviter d’en parler.

C’était le rendez-vous le plus gênant de toute ma vie. A la fin, je n’en pouvais plus. J’ai fini par lui demander si tout allait bien.

Il m’a répondu : « Je ne sais pas comment parler à une personne en fauteuil. Je ne sais pas quoi faire. »

Je lui ai rétorqué : « Je ne sais pas quoi te dire, puisque ça fait deux semaines qu’on se parle et la conversation ne semble pas être un problème pour nous deux. »

J’ai fini par demander l’addition. C’était vraiment très bizarre. Il m’a alors dit que j’étais quelqu’un de très gentil.

En partant je lui ai répliqué: « C’est ça, allez bonne chance pour tout. ». Il m’a alors répondu qu’il serait peut-être prêt à me revoir.

Mais je lui ai dit qu’il n’avait pas besoin de faire semblant. Je n’ai pas de temps à perdre.

Après ce rendez-vous, j’étais très énervée. Contre lui et contre moi. Contre lui pour son ignorance et la manière dont il a agi.

Contre moi, parce que j’aurais dû lui dire plus tôt que j’étais en fauteuil.

Faire face aux discriminations sur les applications de rencontre

  • Des réactions inappropriées sur les applis de rencontre

Pendant six mois, aucun rendez-vous. A chaque fois que je disais aux mecs que j’étais handicapée, ils disparaissaient.

Je ne savais jamais quand leur dire la vérité. Alors je testais des choses. Au bout de quelques semaines de discussions profondes, je me lançais. Ou alors quand la conversation prenait un tournant très hot.

Mais le résultat était toujours le même, ils fuyaient. Ou alors, ils me posaient des questions stupides : « Mais tu peux quand même faire l’amour ? ».

J’avais envie de leur répondre « bien sûr que je peux pauvre con. » Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois où un mec m’a demandé ça.

Un peu plus tard, je sextais depuis plusieurs semaines avec un mec. Et j’ai fini par lui dire la vérité :

- « Ah oui, au fait, je suis en fauteuil. »

- « Ah bon et c’est permanent ? »

- « Je ne pense pas que ça va changer de sitôt. »

Fin de l’échange, il ne m’a plus jamais répondu. Ça m’a vraiment mis un coup. Tout ce rejet, juste parce que j’étais en fauteuil.

  • J’ai commencé à perdre confiance en moi

Difficile d’avoir confiance en soi après ça. Au début, en m’inscrivant sur Tinder je me suis dit que j’étais une personne gentille, plutôt jolie et que j’avais une bonne carrière.

Puis, j’ai commencé à me voir avant tout comme quelqu’un d’handicapé. Je peux tout changer sauf le fait que je suis dans un fauteuil !

  • Je me suis désinscrite de l’application de rencontre

J’ai fini par supprimer l'appli. Mon expérience m’a rendue plus malheureuse qu’autre chose. Je ne pense pas que le problème vienne de l’application et je ne regrette rien.

Je pense juste que la réaction de ces mecs prouve à quel point les handicapés sont stigmatisés. Parce que dès que les gens te voient, ils commencent à se faire une fausse image de toi.

Au début, j’ai pensé que si les gens apprenaient à me connaître avant de savoir pour mon fauteuil, ils sauraient qui je suis vraiment.

Que je suis une personne normale, capable de voyager seule, de vivre seule. Mais ils ne m'ont pas laissé pas cette chance.

Pour eux, je suis avant tout une handicapée. Et je ne pense pas que ça soit vraiment de leur faute.

  • Une expérience hors du commun

Une semaine après, j’ai revu un mec que j’avais rencontré dans un restaurant il y a un an. A l’époque, il m’avait tout de suite beaucoup plu et nos rendez-vous étaient parfaits. Maintenant on se voit régulièrement.

En y réfléchissant, mon expérience sur Tinder a été assez incroyable. J’ai réalisé que je sais qui je suis, que mon fauteuil n’est qu’un moyen de transport pour aller d’un point A à un point B. Et ça me va très bien comme ça.

Source : Cosmopolitan US