En France, plus de 200 000 personnes sont touchées par les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Selon le site Ameli, la maladie de Crohn atteint 1 personne sur 1000, avec 8 nouveaux cas en moyenne par an pour 100 000 habitants. Pour comprendre cette pathologie, ses symptômes et les complications qu’elle entraine, Dr Faïza Bossy, médecin généraliste, a répondu à nos questions.  

Qu’est-ce que la maladie de Crohn ?  

La maladie de Crohn est une pathologie inflammatoire chronique de l’intestin qui fait partie des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin avec la rectocolique hémorragiqueElle concerne tous les segments du tube digestif, bien que le colon et l’intestin grêle (iléon) sont en général les plus touchés par la maladie.  

C'est une inflammation de la muqueuse intestinale, fragile, inflammatoire, irritée. On va y retrouver des ulcérations plus ou moins profondes, qui peuvent provoquer des abcès, voire une péritonite, mais aussi des fistules ou des sténoses, c'est-à-dire des rétrécissements inflammatoires du tube digestif”, explique Dr BossyC'est une pathologie qui évolue par poussée, avec des phases dites actives, totalement imprévisibles et variables à la fois en intensité et en temporalité.”  

Quelles sont les causes de la maladie de Crohn ?  

Les professionnels de santé supposent plusieurs facteurs de la maladie, bien qu’il soit difficile de définir précisément les causes. “On ne sait pas vraiment ce qui déclenche la maladie de Crohn. On suppose plusieurs facteurs pour que la pathologie se déclare.” Les causes potentielles sont :  

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  • Des influences environnementales  

  • Un déséquilibre de la flore intestinale, ce qu’on appelle la dysbiose  

  • Un dysfonctionnement de la barrière intestinale  

  • Un dysfonctionnement du système immunitaire  

  • Des prédispositions héréditaires, bien qu’il ne s’agisse pas d’une maladie transmissible  

  • Une alimentation déséquilibrée  

  • L'influence du tabac, chez des patients déjà sensibles  

Des études ont reconnu le tabac comme un facteur de risque majeur de déclenchement et d’évolution aggravée de la maladie. Concernant l’alimentation, la maladie de Crohn est plus répandue dans certaines régions du monde que d’autres. Les soupçons se portent surtout sur des aliments de type industriels, avec des glucides, des graisses hydrogénées et des acides gras trans.”, détaille la médecin.  

Maladie de Crohn : quels sont les symptômes ?  

Les symptômes de la maladie peuvent être observés lors des phases actives. Les principaux signes de la pathologie, ou d’une complication de la maladie de Crohn, sont :  

  • Une perte de poids  

  • Une dénutrition, car l’alimentation est mal absorbée par le tube digestif  

  • Des signes d’inflammations comme de la fièvre, des douleurs abdominales intenses et inhabituelles, des rectorragies  

  • Un arrêt brutal du transit en cas de sténose, constipation et vomissement  

  • Des douleurs articulaires, manifestations cutanées  

  • Chez l’enfant, un retard de croissanc 

Quels sont les profils les plus touchés par cette maladie ?  

La maladie de Crohn touche davantage les femmes que les hommes, et le pic de fréquence se trouve aux alentours de 20 et 30 ans, mais “il existe des formes de pathologie à tout âge, tout comme des formes de Crohn pédiatriquesmême si c’est plus rare. On note une augmentation de ces MICI dans l'Europe du Nord, Europe de l’Ouest, États-Unis”, ajoute la médecin.  

Comment diagnostiquer la maladie de Crohn ?  

Le diagnostic de la pathologie est possible lors des poussées chez le patient. Il repose sur un examen clinique, les antécédents familiaux, l’analyse des symptômes. “On réalise un bilan biologique avec la recherche de carences en fer et en vitamines D qui sont des marqueurs de l’inflammation. Des examens complémentaires d’imagerie comme une fibroscopie gastro duodénal (FOGD), une coloscopie afin de voir la muqueuse intestinale dans son intégralité, un scanner ou des IRM abdominaux-pelvien peuvent aussi être réalisés”, ajoute l’experte.  

Quelles sont les complications liées à la maladie de Crohn ?  

Les complications dépendent de l'atteinte de la paroi intestinale, de l’ulcération à la perforation. Ce dernier cas provoque un abcès, une infection, une péritonite, ce qui devient une urgence vitale.”, explique Dr Bossy 

Un autre cas de complication de la maladie de Crohn est la sténose, c’est-à-dire un rétrécissement du tube digestif. “Là encoreil s’agit d'une urgence vitale, car il n’y a plus de vascularisation qui se fait à l’endroit bouché, ce qui cause une nécrose digestive du tissu intestinal en regard. Elle peut conduire, sur le plan chirurgical, au retrait de la partie intestinale touché. Il s’agit alors d’une résection de l’intestin.”  

Maladie de Crohn : quels traitements  

La maladie de Crohn est parfois compliquée à traiter puisque les facteurs de déclenchements ne sont pas toujours diagnostiqués avec certitude. Il existe cependant des moyens d’actions : “On va limiter les facteurs de risque potentiellement susceptibles d’être à l’origine de la pathologie. On va rééquilibrer le microbiote, l’alimentation, vérifier que le patient n’a pas de carences, supprimer le tabac”, explique Dr Bossy 

Le traitement de la pathologie consiste en la prise d’un anti-inflammatoire. “Les traitements utilisés ont pour but de cicatriser les lésions de la muqueuse intestinale et faire disparaitre l’inflammation. Le traitement repose sur de la corticothérapie, prescrites en cure assez courte et au moment des poussées, ou des médicaments immunosuppresseurs, associés en général à des anticorps monoclonaux, qui ont pour fonction de modifier la réponse biologique en prenant pour cible les voies de l’inflammation digestive.”  

Enfin, dans les cas de complications les plus graves comme la nécrose digestive, le patient peut devoir recourir à une intervention chirurgicale qui a pour objectif de retirer la partie de l’intestin malade. Toutefois, la médecin alerte sur le fait que l’on ne peut pas totalement guérir de la maladie de Crohn : “même si le tube enflammé et malade est retiré, la chirurgie n’empêche pas la récidive de la pathologie.”  

>>> Un grand merci au Dr.Faïza Bossy pour sa disponibilité et son expertise.