Vivre une histoire d'amour (ou une histoire passionnelle) au bureau n'est pas si rare. Discussion autour de la machine à café, journée difficile où l'on veut décompresser, échanges de regards complices en réunion... Si on dit souvent que l'amour est dans le pré, en réalité, il est plus souvent du côté de la machine à café. La preuve ? Selon une étude menée par le cabinet de recrutement PageGroup en 2019, 62% des sondés avaient déjà couché avec un collègue de travail, et 38% des personnes étaient même en couple avec une personne rencontrée sur leur lieu de travail.

Tomber amoureuse d'un collègue, ça n'a rien de surprenant, que l'on travaille dans le bâtiment, la finance ou même sur un plateau de cinéma. Ce ne sont pas les stars qui diront le contraire. Mais vivre une histoire d'amour avec son patron, c'est une autre paire de manche.

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Que faire quand on tombe amoureuse de son patron ?

Tomber amoureuse de son patron est, encore aujourd'hui, considéré comme une transgression des interdits du monde du travail. Plusieurs entreprises ont d'ailleurs mis en place des règles, appliquées par les ressources humaines, pour limiter ce genre de relation. Pourquoi ? Eh bien, pour éviter les risques d'abus de patrons véreux, normalement, qui pourraient utiliser leur position de pouvoir pour obtenir des faveurs sexuelles de le part de leurs employés. Mais aussi pour réduire les risques de promotion canapé, où des personnes useraient de leur pouvoir de séduction pour obtenir des avantages. Résultat, ces relations patron-employé·e sont tout simplement mal vues. 

Cette question du tabou social et professionnel, Sarah y a pensé à de nombreuses reprises. « Fin 2009, j'avais 24 ans. Je travaillais depuis quelques mois dans une nouvelle entreprise, avec un homme charmant à sa tête. Le genre de patron qui s'inquiète vraiment de ses employés. On a commencé un petit jeu du chat et de la souris. Des regards, des frôlements dans les couloirs. L'attirance était évidente, mais j'ai d'abord refusé, terrifiée des conséquences que cela pouvait avoir. Et un soir où on a tous les deux bossé tard, j'ai fini par craquer. Le cliché total. On a couché ensemble sur la table de réunion, au milieu des dossiers. »

Sur le coup, Sarah a pensé que l'histoire s'arrêterait à un coup d'un soir avec son boss. « Faire l'amour avec son patron, je pensais que c'était grave, je ne voulais pas que ça aille plus loin », confie-t-elle. Mais c'était sans compter sur les certitudes de son employeur. « Il a tout fait pour me séduire, alors que tout était contre nous. Il était mon patron, mais il était aussi plus âgé, divorcé, père de famille. L'histoire semblait impossible. » Et pourtant, la jeune femme finit par se laisser tenter. « On s'est fréquentés en cachette, en ayant prévenu les Ressources Humaines. On l'a annoncé à nos collègues après s'être mariés, au bout de trois ans de relation cachée. Cette année, on va fêter nos 10 ans de mariage, et je ne regrette absolument pas d'être tombée amoureuse de mon patron. Aujourd'hui, mon employeur est mon mari et le père de mes enfants. »

Faire l'amour avec son patron, un fantasme répandu

Une enquête menée par Yougov en 2017 pour Marco Vasco révélait que 25% des Français âgés de 25 à 34 ans avaient déjà fait un rêve érotique impliquant leur employeur. Coucher avec son boss est un fantasme populaire, mais encore faut-il avoir le courage de passer à l'action. Ce courage, Elisa l'a eu à l'occasion d'un séminaire. « J'ai toujours eu ce petit fantasme dans un coin de ma tête, d'autant que mon patron est carrément canon. Mais forcément, quand on bosse ensemble, c'est compliqué. Comment draguer son patron sans passer pour une fille facile, ou une femme qui veut s'en servir pour avoir des avantages ? »

La jeune femme âgée de 28 ans au moment des faits a sauté sur l'occasion (et sur son patron) lors d'un déplacement professionnel. « On représentait notre équipe lors d'un séminaire à l'étranger, et je me suis dit que c'était l'occasion où jamais, d'autant qu'une autre entreprise me faisait les yeux doux et que je prévoyais de démissionner. Les étoiles s'alignaient : je ne risquais pas ma réputation au sein de la boîte, mais c'était l'occasion où jamais de réaliser mon fantasme. Après notre journée de travail, on a été boire un verre, et on a passé une soirée magique. J'ai couché avec mon patron, et j'ai profité de l'occasion pour lui annoncer que je comptais déposer ma démission à notre retour. Quand il m'a demandé pourquoi, j'ai été honnête. Je lui ai dit que je pensais pouvoir tomber amoureuse de lui, mais qu'il était hors de question pour moi de bosser pour mon mec. » Prête à tomber amoureuse de son patron, Elisa a préféré changer d'entreprise pour vivre son histoire d'amour sans inquiétude. « Finalement, ça n'a pas marché. Dommage ! Mais j'ai quand même réalisé mon fantasme patron, et rien que pour ça, ça valait le coup. »

Tomber amoureuse de son patron, c'est parfois dangereux

La décision d'Elisa n'est pas si surprenante quand on sait à quel point les histoires d'amour entre patron et employé·e sont déconseillées, et surtout, à quel point elles sont mal vues. Caroline, 34 ans, y a perdu son job et sa réputation dans son ancienne entreprise. « Au lieu de me demander comment séduire mon patron, j'aurais mieux fait de me demander quels étaient les risques. Mais il me plaisait tellement que je n'ai pas résisté. Peut-être que si ça avait été réciproque, les choses auraient été différentes. » Il y a quelques années, cette trentenaire, commerciale en région lyonnaise, est tombée sous le charme de son employeur. Un homme charmant, mais aussi plus âgé, et marié.

« On ne va pas se mentir, j'avais ce fantasme où il allait finir par remarquer qu'il ne pouvait pas se passer de moi, qu'on allait faire l'amour au bureau qu'il allait quitter sa femme, et qu'on serait heureux ensemble pour toujours. Je me faisais des films », raconte-t-elle avec amertume. « J'ai essayé de lui faire du charme. Non seulement ça n'a pas marché, mais en plus, tout le monde dans la boîte semblait l'avoir remarqué. On a commencé à parler dans mon dos, à m'éviter. Une collègue a fini par me dire de me calmer, que je le mettais mal à l'aise, et que tout le monde pensait que j'étais sois une briseuse de ménage, soit une arriviste qui voulait une promotion canapé. Mon patron a fini par me convoquer à un rendez-vous avec les Ressources Humaines pour m'expliquer que mon attitude était inacceptable. » Finalement, Caroline a préféré démissionner. « Je ne pouvais plus regarder ni mon patron, ni mes collègues en face. Tomber amoureuse de mon boss est la pire chose qui soit arrivée à ma carrière, et je sais qu'un jour, un de mes anciens collègues pourrait décider de ruiner ma réputation en racontant tout à ma nouvelle équipe. » Comme quoi, le jeu n'en vaut pas toujours la chandelle.