Ce phénomène s’est amplifié avec la pandémie, alors que les rencontres en ligne ont pris le pas sur les rencontres in real life. Le dating burn-out désigne l’épuisement, la lassitude et même le désespoir que peuvent ressentir les célibataires habitué.es aux applications de rencontre. Selon un sondage réalisé par l’application de dating Hinge, 61% des utilisateur.trice.s se disent dépassé.e.s et fatigué.e.s par la course au match. 

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On commence à perdre espoir en l’amour

C’est le premier signe à prendre en compte. Quand on devient pessimiste, négative, qu’on n’y croit pas avant même d’avoir rencontré un match, c’est qu’il y a un problème. Barbara, 30 ans, est passée par là : «J’étais en stress tout le temps : quand je swipais à droite parce que je me disais qu’il ne le ferait peut-être pas en retour, puis pendant nos échanges parce que je m’attardais sur des petits défauts, une faute d’orthographe, une phrase mal tournée...et jusqu’au moment de la rencontre parce que finalement, j’y allais en étant persuadée que ça n’allait pas le faire.» Notre estime de soi et notre confiance baissent, on se répète en boucle «à quoi bon ?».

On est addict aux applis de rencontre

On checke nos matchs en se réveillant, on swipe pendant le petit déj, en se brossant les dents, dans le bus, au travail... On y pense H24 et comme toute chose qu’on fait compulsivement, on ne fait plus vraiment d’effort. Barbara était surconsommatrice de likes : «Ça devenait comme un taf. Il fallait que je swipe, que je me donne toutes les chances possibles de sortir du célibat – sans réaliser que c’était précisément ce qui faisait échouer toutes mes rencontres.» Parce que les conversations deviennent toutes les mêmes, on ne prend plus le temps d’apprendre à connaître quelqu’un, d’écrire un message un peu personnel – on se cantonne au banal «Hey ! ça va ?» qu’on déteste tellement recevoir.

On enchaîne les rencontres décevantes

La semaine dernière, on a craqué pour un faux profil. Ce week-end, on a réalisé après avoir discuté dix jours avec «Nico» que, finalement, on n’avait pas du tout les mêmes valeurs. Et hier, on s’est fait ghoster. Naïa, 27 ans, a été déçue plus d’une fois : «J’avais l’impression que l’univers était contre moi. Du gars qui n’a rien à voir avec sa photo à celui qui n’a aucune conversation en vrai... C’était comme si j’étais dans Un jour sans fin, et que, à chaque fois, ça se terminait mal.» Naïa admet qu’elle aurait pu éviter pas mal de couacs: «J’enchainais les dates, avec n’importe qui. Avec des gars qui ne m’intéressaient même pas vraiment. Mais c’était comme si j’étais victime de Fomo (Fear of missing out), le syndrome de la “peur de rater quelque chose” qui nous pousse à dire oui à tout, même si on n’en a pas envie.» En rejoignant un date à reculons, on ne s’aide pas. 

On supporte mal le rejet

Ça va de pair avec l’accumulation de déceptions : non seulement ça ne marche jamais, mais en plus on le prend hyper mal. C’est comme une multitude de petites peines de cœurs qui s’enchaînent, et forcément, c’est de notre faute. «Je me disais que quelque chose devait clocher avec moi, que j’avais un problème», se souvient Naïa. Et bam ! Notre confiance explose en plein vol. «Pourtant, les mecs avec qui ça ne marchait pas étaient loin d’être parfaits ! ironise-t-elle. Ce n’est pas comme si j’avais l’impression de perdre l’amour de ma vie – en fait, ils ne me plaisaient pas spécialement. Mais justement, c’est devenu personnel : si même des gens dont je me fous ne veulent pas de moi, c’est que je ne vaux vraiment rien.»

On ne s’amuse plus

Conséquence directe de tous ces phénomènes : dater devient une corvée. «Aller rencontrer un match en vrai, ça me saoulait avant même d’y être, raconte Camille, 31 ans. Il n’y avait plus le côté fun, léger que je ressentais quand j’ai commencé à utiliser des applis de rencontre.» Et pourtant, c’est censé être drôle, excitant! Quand faire la vaisselle nous branche plus que d’aller boire un verre avec un potentiel futur partenaire de vie, il y a de quoi s’alarmer. 

On ne prend plus de temps pour nous

Estime de soi abîmée, ego touché, planning overbooké de dates qui ne nous excitent pas vraiment... Forcément, on n’a plus le temps ni l’envie de se faire du bien. «Des trucs simples comme boire un café avec mes copines, filer à la piscine nager quelques longueurs... Je ne réalisais pas que je ne faisais plus rien qui me procure du bien-être», regrette Camille. Enfermée dans un sentiment de déception permanent, on en oublie de vivre et de s’amuser... Parfois sans même s’en rendre compte.

Comment remédier au burn-out du dating ?

  • Rester fidèle à soi-même 

On prend le temps de faire le point sur nos attentes amoureuses. Qu’est-ce qu’on veut ? Qu’est-ce qu’on ne veut plus ? On clarifie nos intentions et on s’y tient : si on rencontre quelqu’un sur une appli qui recherche une relation sans lendemain alors qu’on veut du sérieux, on ne lui donne pas sa chance. «J’avais tendance à me dire que ce genre de personne allait peut-être changer avec moi, qu’on ne sait jamais, que j’allais passer pour une folle en disant tout de suite que j’avais envie de fonder une famille bientôt... confie Barbara. Aujourd’hui, c’est niet : je ne perds plus de temps.» On se fout de ce que «David, 31 ans» va penser si on lui dit qu’on rêve de mariage et de bébés. On est honnête avec nous-même, et si ça ne lui plaît pas, c’est qu’il n’est pas fait pour nous. Basta, merci, au revoir, next !

  • Se voir rapidement

Les échanges qui s’éternisent, on oublie. Sans tarder, on organise un date pour juger si une relation vaut le coup qu’on y consacre du temps. En discutant des semaines, non seulement on s’inflige une pression supplémentaire quand le rendez-vous arrive, mais en plus, on peut passer totalement à côté de la réalité : «Je n’ai jamais été aussi déçue que par les mecs avec qui j’avais parlé longtemps avant de les voir, affirme Camille. Parce que ça me laissait le temps de les idéaliser, de m’attacher à une image qui n’existait pas.» Pour éviter de tomber de vingt-cinq étages, on prend les devants et on ne se laisse pas le temps de s’inventer quoi que ce soit.

  • Ne pas tout miser sur les applis

On garde en tête qu’elles doivent enrichir la réalité, mais pas la remplacer. «Je bossais beaucoup et j’étais persuadée que c’était ma seule chance de rencontrer quelqu’un, avoue Naïa. J’y ai mis énormément d’espoir, au point de faire un burn-out complet. » Aujourd’hui, Naïa a rencontré quelqu’un... sur une appli ! «J’ai fait une pause, j’ai tout supprimé. Quelques mois plus tard, j’ai de nouveau téléchargé une appli, mais je l’ai utilisée sainement, sans attente, avec une ouverture d’esprit que j’avais perdue.» Comme quoi, c’est vraiment quand on s’y attend le moins que l’amour nous tombe dessus.

  • Garder l’équilibre

Lorsqu’on se rend compte qu’on utilise un peu trop les applis, on fait une pause. Surtout, on pense à soi : on sort, on voit nos amis, on prend le temps pour ce qui nous fait plaisir... «Et on essaye de se comprendre, ajoute Barbara. Quand toutes mes rencontres foiraient, je me suis posée pour réfléchir et j’ai compris qu’inconsciemment, je reproduisais des schémas nocifs dans ma vie amoureuse : je craquais systématiquement pour des bad boys toxiques. Forcément, ça se finissait mal.» Alors on souffle un bon coup, on pose notre portable et on file profiter du soleil.

  • Se fixer des horaires

Il est l’heure de se recadrer ! Comme pour tout, il faut consommer les applis avec modération. On se cale un moment dans la journée dédié au swipe, vingt minutes par jour. «En régulant mes connexions, j’ai réalisé que mes matches étaient beaucoup plus intéressants, raconte Camille. J’étais plus disponible, plus concentrée, plus calme... J’ai retrouvé la légèreté des débuts, et je ne bâclais plus ma recherche d’amour : je savais que j’avais un temps imparti. Au lieu de surconsommer, j’accordais plus d’importance à la qualité, j’arrêtais de matcher avec n’importe qui.» Allez, on choisit notre moment puis on désactive les notifications pour ne pas être tentée d’y jeter un œil. On sera d’autant plus contente de découvrir ce qui s’est passé pendant qu’on kiffait ailleurs.