Les saignements qui surviennent après les rapports sont aussi appelés saignements post-coïtaux. Ainsi, certains rapports sexuels occasionnent un saignement. Mais, quelles sont les causes ? Elles sont nombreuses à se bousculer, mais la bonne nouvelle, c’est que la plupart sont sans gravité. Partir en quête d’une explication permet de se rassurer sur la raison du saignement et de solliciter un professionnel de santé si besoin. On fait le point avec Odile Bagot, gynécologue.

Les infections sexuellement transmissibles (IST), cause de saignement post-coïtal

Même si ce n’est pas son symptôme principal, une IST (infection sexuellement transmissible) peut tout à fait provoquer des saignements vaginaux après le sexe. "On parle de cervicite si l’infection a causé une inflammation au niveau du col de l’utérus. C’est souvent lié à une chlamydia", explique Odile Bagot, gynécologue. Cela peut aussi être une gonorrhée ou une trichomonase. Si vous avez un doute, il est essentiel de consulter un gynécologue pour effectuer les prélèvements bactériologiques nécessaires.

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Je saigne après un rapport, et si c’était un ectropion ?

Très peu connu, l’éctropion est pourtant une des raisons les plus fréquentes aux saignements après un rapport sexuel. "Les tissus endocervicaux saignent à cause des mouvements mécaniques de la pénétration", détaille la gynécologue. Ce sont les tissus qui lient la paroi interne du vagin à l’utérus. "Cette partie n’est pas recouverte de muqueuse, dans certains cas, elle dépasse sur l’extérieur et devient visible à l’entrée du col sur l’orifice externe", explique-t-elle. Les vaisseaux ne sont pas protégés et ont donc tendance à saigner plus facilement. L’ectropion est une pathologie bénigne qui disparaît généralement avec le temps. Si le problème persiste, n’hésitez pas à consulter un médecin ou un gynécologue.

Sécheresse vaginale et manque de lubrification, des causes répandues et bénignes

S’ils ne sont pas assez lubrifiés, les tissus vaginaux peuvent se mettre à saigner lors de la pénétration. Cela touche majoritairement les femmes ménopausées, selon Odile Bagot. "Mais tous les saignements chez la femme ménopausée méritent d’être surveillés", rappelle la gynécologue. D’autant plus que la sécheresse vaginale rend plus vulnérable aux infections gynécologiques et perturbe le bon déroulement du rapport. Pour l’éviter, on vous conseille de redoubler de lubrifiant. Mais si, malgré cela, le problème persiste, consultez un spécialiste qui pourra vous prescrire des hydratants et des œstrogènes vaginaux.

Saignements après un rapport : contraception non-adaptée et cycle menstruel

Tous les contraceptifs hormonaux peuvent provoquer des pertes de sang après un rapport. Dans le cas où vous commencez une nouvelle pilule, il faudra attendre quelques cycles, le temps que votre corps s'y habitue. Cela peut aussi être provoqué par la pose ou la dépose d'un stérilet. Toutefois, ces saignements ne sont pas seulement occasionnés par les rapports. Autrement dit : le spotting apparaît aussi en dehors de l’acte sexuel.

"De légers saignements surviennent parfois au moment de l’ovulation. Si l’on a un rapport à ce moment-là, ils peuvent être plus visibles", remarque Odile Bagot. On constatera un saignement sous forme de pertes rosées, mélange de lubrification et de sang.

Un polype peut-il provoquer des saignements après un rapport sexuel ?

Le polype est une tumeur bénigne dont la taille varie de quelques millimètres à quelques centimètres. Elle peut se développer dans le col de l’utérus, sur le tractus génital ou à l’intérieur de l’utérus. Le polype peut être touché et frotté pendant un rapport. Il peut, par conséquent causer des saignements après les rapports sexuels et une douleur au ventre.

Un cancer du col de l’utérus

Des saignements réguliers, légers et indolores peuvent être un symptôme du cancer du col de l’utérus. Cela s’explique par "la friction qui irrite les tissus pendant les rapports et la nature vasculaire de ce cancer", précise Odile Bagot. Si vos saignements sont réguliers, consultez le plus rapidement possible, le gynécologue examinera votre col et vérifiera que vous êtes à jour dans vos frottis", ajoute-t-elle. Rappelons que chaque année, ce sont environ 3 000 femmes qui développent un cancer de ce type,  selon les chiffres de 2021 publiés par Santé Publique France.

Un fibrome utérin, responsable de saignements post-coïtaux

Le fibrome utérin représente une prolifération de tissus glandulaires et musculaires dans l’utérus. Si sa taille peut varier d’un cas à l’autre, elle reste néanmoins à surveiller de près avec son ou sa gynécologue. Plus des trois-quarts des femmes en abritent un à un moment de leur vie. Les saignements hors des règles en sont le principal symptôme. Pour en avoir le cœur net, il est essentiel de consulter votre gynécologue. 

Quand faut-il consulter lorsqu’on saigne après avoir fait l’amour ? 

Saigner après un rapport sexuel peut être déstabilisant, surtout lorsqu'on a aucune idée de ce que cela pourrait être. Mais rassurez-vous, tous les saignements ne sont pas inquiétants. S'il s'agit de petites pertes, irrégulières et très ponctuelles, il n'y a pas lieu de paniquer. "Si on est à jour dans ses frottis, il n'y a pas de raisons de s'inquiéter", rassure Odile Bagot. Pour rappel, le premier frottis est recommandé à l'âge de 25 ans. Il doit être suivi d'un second à 26 ans. Ensuite, le rythme à suivre est d'un frottis tous les trois ans.

En revanche, si les pertes sont constantes et particulièrement abondants, il faut consulter. Cela est aussi valable dans le cas où vous avez un saignement après rapport accompagné de douleurs aux ovaires ou d'autres symptômes. Votre médecin ou gynécologue vous prescrira un traitement adapté en fonction de la cause. En cas de sécheresse ou d’irritation, une crème pourra être prescrite, et le recours à du lubrifiant conseillé. En cas de ménopause et de sécheresse induite, un traitement hormonal, local ou oral, pourra être discuté selon le profil de la patiente. Enfin, si le souci est dû à la présence d’une tumeur au niveau du col de l’utérus, le praticien saura orienter sa patiente vers une solution adéquate (laser, ablation chirurgicale, traitement complémentaire si besoin…).