Les douleurs de règles - aussi connues sous le nom de dysménorrhée - sont fréquentes. Elles toucheraient 50 à 80% des femmes - selon leur âge - et peuvent s’expliquer par différents facteurs. 

Les contractions de l’utérus - qui permettent d’évacuer les cellules de l’endomètre par le vagin - seraient principalement responsables des douleurs ressenties avant et pendant les menstruations. Un phénomène courant qui, chez certaines femmes, est plus intense, au point d’en devenir invalidant.

Les causes des règles douloureuses

Ces fortes douleurs pendant les règles peuvent s’expliquer de différentes manières. « Il faut savoir que la première et la seconde année qui suivent le début des règles sont généralement les plus douloureuses », explique le Dr Gregoire Chaney, gynécologue obstétricien à Colmar. Et ce, généralement en raison d’un excès de prostaglandines, molécules sécrétées par le corps au cours des règles permettant à l’utérus de se contracter. 

Une malformation de l’hymen peut aussi être à l’origine de douleurs de règles chez les jeunes filles. « On appelle ça un hématocolpos », poursuit Gregoire Chaney, « il s’agit d’une malformation de l’hymen qui empêche le sang de s’écouler. Celui-ci s’accumule dans l’utérus et provoque une pression qui peut être douloureuse. Mais c’est un phénomène assez rare. »

Lorsque des douleurs intenses apparaissent à l’âge adulte, sans s’être manifestées avant, un fibrome peut être suspecté. « Le fibrome est une tumeur musculaire bénigne, qui ne se transforme pas en cancer. Ça n’arrive pas du jour au lendemain, ça se fait progressivement. Si le fibrome est situé dans la cavité utérine, cela peut provoquer des règles plus abondantes et des douleurs », explique le gynécologue obstétricien. 

L’endométriose peut aussi être la cause de menstruations douloureuses, si elles sont accompagnées d’autres symptômes. Comme l’explique Gregoire Chaney : « Il est important de ne pas associer règles douloureuses et endométriose. Les douleurs menstruelles sont un signe d’appel, certes, mais une maladie c’est un ensemble de symptômes et un symptôme seul ne suffit pas à diagnostiquer une endométriose. » 

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« Il peut aussi y avoir des douleurs au cours des cycles qui suivent une fausse-couche ou une IVG », ajoute l’expert. « Suite à un protocole médicamenteux sans curetage, il arrive qu’il reste du trophoblaste dans l’utérus, la couche cellulaire qui aurait évolué en placenta si la grossesse s’était poursuivie. Les cycles suivants viennent évacuer ces cellules, ce qui peut provoquer là encore des douleurs. Les premières règles après une fausse-couche ou un IVG peuvent être un peu plus douloureuses pour cette raison. »

Le retour de couche, suite à une grossesse, peut lui aussi provoquer des règles plus abondantes. « Mais cela est loin d’être systématique », nuance Gregoire Chaney.

Douleurs menstruelles, contraception hormonale et stérilet au cuivre

La cause la plus fréquente qui se cache derrière les douleurs pendant les règles est la pose d’un stérilet au cuivre. « Après la pause du stérilet, il faut laisser deux mois au corps pour se réguler, s’adapter. Mais si après ce délai, les règles sont toujours très abondantes et plus douloureuses qu’avant la pose du stérilet, celui-ci peut être mis en cause », explique l’expert.

L’arrêt d’un contraceptif hormonal peut aussi se cacher derrière l’apparition de douleurs menstruelles. « C’est très important de distinguer les règles sans contraception hormonale, qui sont les vraies règles, des fausses règles sous contraception hormonale. C’est incomparable en termes de douleurs et d’abondance », souligne le gynécologue obstétricien. Lorsqu’on arrête sa contraception hormonale - pour stopper sa contraception ou passer à une contraception sans hormone comme le stérilet au cuivre -, les vraies menstruations reprennent et des douleurs, liées aux vraies règles, peuvent alors apparaître.

Règles douloureuses : que faire ? 

Les symptômes des règles douloureuses varient d’une femme à l’autre. Chez certaines, il s’agira de crampes menstruelles intenses dans la zone du bas ventre ou dans le bas du dos, qui peuvent arriver avant même les menstruations, synonyme de syndrôme prémenstruel (spm). Chez d’autres, les menstruations provoqueront des nausées, des maux de tête, une fatigue intense.

Mais dans une société où l’on a souvent dit aux femmes qu’il était « normal » d’avoir mal, tout particulièrement pendant leurs règles, il est compliqué de savoir quand s’alerter. « Il est difficile de placer le curseur », confirme Gregoire Chaney, « nous avons toutes et tous un seuil de tolérance différent et une perception de la douleur qui nous est propre. »

Néanmoins, lorsque la douleur devient invalidante, que celle-ci empêche de suivre son quotidien, il est nécessaire de consulter. « Si une femme ne peut pas se lever ou aller au travail à cause de ses règles, ce n’est pas normal », rappelle l’expert.

Une douleur qui ne cède aux antalgiques est également un premier signal d’alerte. Comme l’explique Gregoire Chaney, « une douleur résistante aux anti-inflammatoires peut être le signe d’un problème sous-jacent. »

Menstruations douloureuses : quelles solutions et traitements ?

Face à des règles douloureuses, il est important de ne pas laisser la douleur s’installer. « Une fois que la douleur est installée, c’est beaucoup plus compliqué de la faire partir. Le plus prudent est de prendre un médicament dès qu’on la sent arriver. Cela peut être un du Spasfon, du Dafalgan, un anti-inflammatoire ou un autre traitement sur ordonnance, prescrit par un médecin. »

Pour soulager des douleurs de règles, il est aussi conseillé de placer une bouillotte au niveau de son bas ventre. « C’est une technique simple mais qui fonctionne très bien. L’utérus est un muscle lisse, c’est-à-dire qui se contracte mais qui ne se contrôle pas. La chaleur a comme simple effet de relâcher le muscle et ainsi soulager la douleur », explique le gynécologue obstétricien. Un bain chaud peut lui aussi avoir un effet apaisant, sur l’utérus mais aussi le reste du corps. 

En cas de douleurs intenses et persistantes, une contraception hormonale peut être prescrite. « Soit on traite les symptômes des règles douloureuses, avec les antalgiques par exemple. Soit on s’attaque à la source du problème, les règles, avec une contraception hormonale qui vont venir les supprimer ou les remplacer par des fausses règles », explique Grégoire Chaney.

En cas de douleurs pendant vos règles, qu’elles soient intenses ou non, le plus prudent reste d’en parler à votre gynécologue. Il est essentiel d’être suivie par un médecin à l’écoute de vos symptômes, avec qui vous vous sentez en confiance et libre de communiquer. Il ou elle pourra vous indiquer des solutions adaptées à vos douleurs menstruelles et chercher - si nécessaire - les causes sous-jacentes à vos symptômes.