Avoir une préférence pour le sexe de son prochain enfant est un sentiment naturel et courant. Mais certains parents veulent à tout prix avoir une fille ou un garçon et se laissent parfois tenter par des méthodes à l’efficacité discutable.

Régime alimentaire spécifique, méthode Shettles... On fait le point sur les différentes techniques pour influencer le sexe du bébé.

Choisir le sexe de bébé en misant sur la durée de vie des spermatozoïdes

En théorie, les hommes produisent 50% de spermatozoïdes porteurs du chromosome X et 50% porteurs du chromosome Y. Lorsqu’ils s’unissent à un ovocyte, les premiers engendrent des embryons féminins et les seconds des embryons masculins. À chaque fécondation, il y a donc théoriquement autant de chance d’avoir une fille qu’un garçon. Mais les spermatozoïdes X et Y ne seraient pas tout à fait identiques. C’est en tout cas ce qu’avance le Docteur Shettles dans les années 1960.

De par leur constitution, les X sont un plus lents lorsqu’ils cheminent dans les voies génitales de la femme mais ils s’avèrent plus résistants. Les Y, en revanche, sont plus rapides mais plus fragiles. Ils vivent moins longtemps mais remportent la course de vitesse. 

La méthode Shettles préconise ainsi de faire l’amour à des périodes distinctes selon le sexe désiré : deux/trois jours avant l’ovulation ou au moins quatre jours après pour optimiser ses chances d’avoir une fille, et juste au moment de l’ovulation pour avoir un garçon. Selon le docteur Shettles, le taux de réussite s’élève dans une fourchette de 75 à 85 %. Bien que de nombreuses études soient venues depuis contredire cette hypothèse, sa méthode est toujours plébiscitée. Mieux vaut toutefois avoir un cycle menstruel très régulier et bien le connaître.

Vidéo du jour :

Le régime du Dr Papa pour influer sur le sexe de son enfant

Selon la méthode du Dr Papa, certaines habitudes alimentaires pourraient modifier les sécrétions vaginales et influencer ainsi la progression des spermatozoïdes. Ce gynécologue a mené une grande étude à l’hôpital Cochin dans les années 1970. Son objectif était de vérifier l’hypothèse du professeur Stolkowski, selon laquelle les sels minéraux modifieraient la composition de la glaire cervicale, sécrétée dans le col de l’utérus. 

Pour avoir une fille, il faudrait privilégier une alimentation riche en calcium et en magnésium, et pauvre en sodium et en potassium. Pour un garçon, ce serait tout le contraire. Ce régime devrait être suivi à la lettre et commencé au moins 2 mois et demie avant la procréation. 

Mais cette méthode a de quoi rebuter. Pour Camille Tallet, sage-femme, un tel régime "peut avoir des conséquences non-négligeables". Il ne doit pas être appliqué si vous souffrez d’hypertension, de diabète, d’insuffisance rénale, de maladie cardiaque ou si vous avez une interdiction de consommer du sodium ou du potassium, et doit surtout être suivi par un médecin. "Tout régime avant une grossesse ne peut que perturber l’ovulation, surtout si ce n’est pas spontanément l’alimentation de base de la personne", prévient de son côté Hélène Lemaire, diététicienne-nutritionniste.

Le diagnostic préimplantatoire (DPI) pour choisir le sexe de l’enfant

Aujourd’hui, la seule technique scientifique et fiable à 100% dans le choix du sexe du bébé est le diagnostic préimplantatoire (DPI). En France, le DPI est strictement encadré par la loi bioéthique de 2011. Il est réservé aux parents risquant de transmettre une maladie génétique grave à leur enfant, comme l’hémophilie. 

L’intérêt de cette technique est de pouvoir réaliser un diagnostic génétique sur un embryon – obtenu par fécondation in vitro – avant qu’il ne soit porté par la femme. Le couple peut débuter une grossesse avec un embryon non atteint de la maladie recherchée. «Le DPI s’intègre dans une démarche d’aide médicale à la procréation (PMA) qui nécessite aussi un traitement de stimulation ovarienne», précise Camille Tallet.

Sonder ses envies de futurs parents

Avant de se lancer dans une telle aventure, les futurs parents doivent aussi et surtout questionner leurs motivations. Psychologue spécialisée en périnatalité et co-autrice du livre Le monde insoupçonné de bébé, Nathalie Lancelin-Huin juge que la question du sexe de l’enfant lorsqu’il y a un désir de parentalité ou un début de grossesse est «relativement fréquente». «On porte tous en nous, qu’on le veuille ou non, une envie de fille ou de garçon», explique-t-elle. En revanche, si cette envie se transforme en besoin, au point de vouloir influencer le sexe de son enfant, cela peut venir de notre histoire personnelle et de notre histoire familiale. «C’est intéressant de voir ce que ça peut raconter en consultant un professionnel, ce qui peut permettre d’enlever la charge émotionnelle liée au sexe», précise la psychologue.

L’expérience que l’on a du genre peut être déterminante. Cela peut dépendre de la façon dont nos parents ont valorisé notre genre. Pour Nathalie Lancelin-Huin, il faut pouvoir «accompagner sans juger», et notamment accompagner la rencontre avec l’enfant. Car il faut être prêt à accepter que le résultat ne soit pas au rendez-vous en adoptant ces méthodes spéciales ou régimes. Par ailleurs, rien ne peut garantir qu’un enfant grandisse en se sentant à l’aise avec le sexe qui lui a été assigné à la naissance. Partir avec des attentes et des idées préconçues peut faire peser beaucoup de pression sur le futur enfant.