La ménopause précoce correspond à la disparition définitive des règles avant l’âge de 40 ans. L’insuffisance ovarienne précoce touche 1% des femmes avant 40 ans et 0,1% avant 30 ans. Cela correspond à 10 à 30% des cas d’aménorrhées primaires, et à 4 à 18% des cas d’aménorrhées secondaires.
 

Qu’est-ce que la ménopause précoce ?

Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la ménopause signifie l’arrêt des règles depuis plus d’un an sans cause physiologique ou pathologique. L’âge habituel survient entre 45 et 55 ans en France, 52 ans en moyenne. «On parle de ménopause précoce, ou plus spécifiquement d’insuffisance ovarienne précoce (IOP), si l’arrêt de l’activité ovarienne arrive avant 40 ans», explique Déborah Smadja, médecin généraliste spécialisée en gynécologie médicale et obstétrique. Loin d’être anecdotique, elle «touche 1 femme sur 100 de moins de 40 ans et 1 femme sur 1000 de moins de 30 ans», précise-t-elle.

Elle survient lorsque les ovaires ne libèrent plus d’ovules régulièrement et lorsque leur capacité à produire des hormones est réduite.

Quels sont les symptômes de la ménopause précoce ?

Les symptômes sont ceux de la ménopause, mais les femmes peuvent ne pas les ressentir tous :

  • Aménorrhée (absence de règles), qui peut être précédée par une spanioménorrhée (règles très espacées)
  • Bouffées de chaleur
  • Sueurs nocturnes
  • Troubles de l’humeur ou irritabilité
  • Baisse de la libido
  • Sécheresse vaginale
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Ménopause précoce : quelles causes ?

La ménopause précoce peut survenir à la suite d’un traitement contre le cancer (chimiothérapie, radiothérapie) ou d’une opération chirurgicale comme l’ablation des ovaires. Elle peut aussi être due à des anomalies génétiques (syndrome de Turner), des maladies auto-immunes (maladie de Crohn, hypothyroïdie, maladie cœliaque, polyarthrite rhumatoïde…), certains facteurs héréditaires ou encore des dysfonctionnements endocriniens.

L’insuffisance ovarienne précoce peut également être causée par des infections virales comme les oreillons. Mais dans 85% des cas, son origine reste inconnue, ce qui peut causer un profond désarroi chez les patientes.

Les conséquences physiques et psychologiques de la ménopause précoce

Les conséquences de la ménopause précoce peuvent être importantes sur le plan psychologique : manque d’estime de soi, peur d’un vieillissement prématuré et choc émotionnel en apprenant que l’on est désormais infertile...

L’effet de la ménopause précoce le plus prégnant chez les femmes en âge de procréer est généralement l’infertilité. On estime qu’une grossesse spontanée peut survenir chez 3 à 5% des patientes ayant une insuffisance ovarienne prématurée. «La carence hormonale a des conséquences sur la santé telles qu’une fragilité osseuse (ostéoporose) et un risque accru de maladies cardiovasculaires», indique Hélène Jacquemin Le Vern, gynécologue-obstétricienne. Le manque d’œstrogènes peut également provoquer un amincissement de la muqueuse vaginale et une sécheresse vaginale.

Quel est le diagnostic de la ménopause précoce ?

Le diagnostic d’une ménopause précoce repose sur un interrogatoire sur les antécédents médicaux et familiaux de la femme, d’un bilan hormonal et éventuellement d’une échographie. «Il est toujours très difficile d’annoncer ce genre de diagnostic, surtout si la patiente est très jeune et n’a pas encore eu d’enfant», explique Déborah Smadja. «L’annonce se fait lors d’une consultation spécifique, en prenant le temps d’expliquer, de répondre aux questions et d’envisager les différentes possibilités pour la suite.»

Le bilan hormonal permet de confirmer l’insuffisance ovarienne prématurée. «Le taux de l’hormone folliculostimulante ou FSH est alors très élevé et celui des œstrogènes est très faible», précise le Dr Jacquemin Le Vern.

Quels sont les traitements de la ménopause précoce ? 

Les traitements hormonaux substitutifs (THS), à base d’œstrogènes et de progestérone, pallient la carence hormonale. «Il faut compenser les deux hormones ovariennes qui ne sont plus sécrétées», note Hélène Jacquemin Le Vern. Les femmes ont alors beaucoup moins de gêne et d’inconfort. La prise en charge a pour but d’éviter les complications cardiovasculaires et osseuses liées à un faible taux d’œstrogènes. Il faut bien sûr respecter les contre-indications. Certaines femmes ne peuvent pas en bénéficier, notamment celles qui sont atteintes du cancer du sein ou de l’endomètre, de phlébite... 

Si une grossesse est souhaitée, il est possible d’avoir recours à une fécondation in vitro (FIV) avec don d’ovocytes. Cette technique procure aux femmes jusqu’à 50 % de chances de tomber enceintes. Même si les grossesses spontanées restent possibles, elles sont très rares.