Phénomène peu connu, la dissociation fait partie des phénomènes qui peuvent avoir lieu pendant le sexe. Ce mécanisme peut agir lors de rapports sexuels non-consentis, ou encore être liés à un traumatisme passé. Pour mieux comprendre ce phénomène, Marine Gandon, sexothérapeute et créatrice du compte Instagram Marine Sexo, nous livre ses explications.
Qu'est-ce que la dissociation ?
Selon la spécialiste : "La dissociation est un moment de détachement de soi, de déconnexion, c'est une distance que l'on met avec soi, un genre de séparation en somme. C'est très souvent un mécanisme d'auto-défense émotionnelle, le corps essaie de réduire l'impact face à certaines situations, en prenant ses distances avec ce qui se passe."
Ce mécanisme peut survenir au quotidien, lorsque votre esprit se sent en danger. Mais il peut aussi intervenir pendant un rapport sexuel. Il peut alors prendre différentes formes. "Cela peut inclure des situations où une personne ressent un décalage entre son identité de genre, ses désirs sexuels, ses fantasmes, ses émotions et ses expériences sexuelles. Cette disjonction peut provoquer des conflits internes et un sentiment de désalignement par rapport à sa propre sexualité, voire identité", explique la sexothérapeute, qui précise : "Elle peut aussi s'exprimer lors d'une agression sexuelle, d'une violence : la personne violée ou agressée se détachera de son corps pour ne pas vivre pleinement la situation. La dissociation sexuelle peut également faire référence à des situations où une personne vit des expériences qui sont déconnectées de ses émotions ou sentiments, ce qui peut se produire dans le contexte de traumatismes sexuels ou d'autres problèmes de santé mentale."
Pourquoi peut-on dissocier pendant le sexe ?
Pour Marine Gandon, ce phénomène est difficile à décrire, puisqu'il tient avant tout du ressenti. "C'est un concept extrêmement complexe qui peut profondément varier d'une personne à une autre. Les professionnel.les de santé mentale et de santé sexuelle peuvent être en mesure d'aider les individus à comprendre et à gérer ces expériences, en travaillant sur l'alignement de leur identité, de leurs désirs en matière de sexualité et de leurs expériences pour favoriser une sexualité plus épanouissante et en phase avec leur bien-être psychologique."
Les causes sont nombreuses, et varient selon les personnes concernées : "Cela peut être par ennui, par sécurité, par confort, par renoncement, par injonction. Il ne faut vraiment pas la confondre avec l'abandon qui est extrêmement différent : lorsqu'on s'abandonne, on décide de rompre avec les pensées parasites pour se concentrer sur les sensations, sur le moment présent." La dissociation est un phénomène différent : "Lors d'une dissociation, on décide de rompre avec ce qui est en train de se passer parce que ça ne nous ressemble pas, ce n'est pas ce qu'on est, ce qu'on veut."
Peut-on lutter contre la dissociation ?
La dissociation étant un mécanisme de défense, elle doit être traitée avec nuance. "C'est une mauvaise chose car elle intervient dans une situation qui n'est pas sincèrement bénéfique pour nous, elle intervient comme une rupture, une brisure de soi ou un mensonge", explique Marine Gandon. "Elle n'est pas nécessairement le signe d'un traumatisme ou liée à une forme de neurodivergence, je pense qu'elle peut aussi survenir lors d'un malaise avec soi, dans une période de quête de sens, d'identité. Mais, encore une fois, c'est très complexe."
En revanche, il est tout à fait possible de réaliser un travail sur soi pour éviter de dissocier pendant le sexe, ou tout du moins pour comprendre l'origine de ce mécanisme. "Il est tout à fait possible de faire une thérapie avec un.e sexologue ou un.e sexothérapeute par exemple", explique la spécialiste, qui précise : "Cela passera par une exploration des causes, puis une réappropriation de soi, son corps, ses sensations, ses envies, ses fantasmes et un réalignement global. En toute bienveillance et écoute. Certains exercices peuvent être mis en place comme des exercices d'écritures, de respiration, de sensations, de mentalisation également."
Un accompagnement thérapeutique avec un·e psychologue spécialisée dans les traumatismes peut également être bénéfique, en particulier si cette dissociation est liée à une agression sexuelle passée.