L’arrivée des premières règles à la puberté peut être source d’inquiétude et d’interrogation pour les jeunes femmes. Cela est encore plus valable lorsque les menstruations arrivent lorsqu’on est encore enfant. Quand sont-elles supposées arriver et comment les gérer ? Hélène Jacquemin-Le Vern, gynécologue, nous apporte son éclairage. 

Quels sont les signes de l’arrivée des premières règles ? 

Le début de la puberté est marqué par plusieurs changements physiques annonciateurs de l’arrivée prochaine des premières règles. Le corps change petit à petit. «Il se prépare à l’apparition du dernier élément de la puberté que sont les menstruations», indique Hélène Jacquemin-Le Vern. Les signaux corporels sont globalement les mêmes chez toutes les filles :

  • Le développement des bourgeons mammaires

«Ça commence par des bourgeons mammaires, ce sont deux petites boules qui s'installent au niveau des mamelons», explique la médecin. Les premières règles arrivent, en général, dans les deux à trois ans qui suivent l'apparition de ces bourgeons. C'est le premier signe de puberté. 

  • L’apparition de pilosité à certains endroits 

Les premiers poils sont souvent fins et clairs, mais leur manifestation fait bien partie des signes du début de la puberté chez les filles. «Les parties intimes et les aisselles se remplissent de poils qui deviendront plus épais et fournis au fur et à mesure du temps, c'est normal », explique la gynécologue. 

  • La sécrétion de pertes blanches
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C'est généralement la dernière étape avant l'arrivée des premières règles. «Elles témoignent de la production et de la sécrétion d'œstrogènes par le corps», détaille la spécialiste. Ces pertes sont généralement irrégulières et épaisses. Ces dernières servent aussi à nettoyer le vagin. Leur manifestation est le signe que l'appareil reproductif commence à fonctionner. 

Premières règles : à quel âge arrivent-elles ? 

Il n’y a pas de normes en matière d’âge d’arrivée des premières règles, mais simplement une moyenne : «L’âge moyen c’est 12 ou 13 ans. Mais on observe depuis quelques années un recul. Elles arrivent de plus en plus tôt.» Cette précocité est le résultat d’une alimentation variée et riche. «Des petites filles de 10 ans peuvent aujourd’hui avoir la corpulence d’une adolescente», indique-t-elle. 

Mais attention à ne pas confondre l’arrivée des premières règles avec la maturité sexuelle. Ce n’est pas parce qu’une jeune fille de 12-13 ans a ses règles qu’elle est en âge d'avoir des rapports sexuels : «Le corps fait une promesse de fécondité mais ce n’est pas pour autant que la maturité sexuelle est là.» En France, la majorité sexuelle est fixée à 15 ans. C’est seulement à partir de cet âge que la loi juge une jeune femme apte à donner son consentement éclairé. 

Les premières règles peuvent se manifester un peu plus tard que 13 ans : «On considère qu’il n’y a pas d'anomalie à ne pas avoir ses règles jusqu’à 17 ans.». Si elle s’inquiète, la jeune femme peut tout de même demander un bilan hormonal à son médecin pour vérifier l'absence «d’insuffisance ovarienne».  

Comment gérer les premières règles ? 

Malgré les avancées, le tabou des règles est persistant au sein de certaines familles. Une partie des adolescentes ne reçoivent aucune explication quant à ce phénomène tout à fait naturel chez les femmes. «C’est très important de leur en parler pour qu’elles ne complexent pas», conseille la gynécologue. Les premières règles peuvent en effet être source d’inquiétude et de souffrance.

Ce sont les femmes qui sont les mieux placées pour en parler. Si vous avez des enfants, des nièces ou des cousines de 8 ans ou plus, expliquez-leur avec des mots simples ce que sont les règles. Le fait de saigner est souvent associé à une blessure dans l’imaginaire des enfants, expliquez-leur que ce n’est pas grave et que ce n’est pas une plaie qui cause ces saignements. Dites-leur que ce n’est pas dangereux ni sale, et que toutes les femmes saignent une fois par mois. 

«C’est essentiel de leur parler de la multitude de protections mises à leur disposition aussi», ajoute la médecin. Culottes menstruelles, tampons, serviettes hygiéniques ou encore coupes menstruelles, le choix est large. À elles de choisir celle qu’elles préfèrent. «Les tampons ne sont pas contre-indiqués chez les jeunes filles. Au contraire, ils peuvent être adaptés en cas d’activité sportive par exemple», recommande-t-elle. 

Faut-il consulter un gynécologue lors des premières menstruations ? 

Une jeune femme n’a, en principe, aucune raison de consulter lorsqu’elle a ses premières règles. «Il n’y a aucune raison de voir gynécologue si la jeune fille n’a pas de douleurs ou de saignements très intenses et hémorragiques», insiste la médecin. Pas de panique non plus si les premières règles sont irrégulières. Il peut y avoir un retard sur les prochaines menstruations. «Elles peuvent très bien arriver, puis partir pendant un à six mois. Le cycle n'est pas directement régulier chez toutes les femmes et ce n'est pas grave.»

Dans le cas où les premières menstruations arrivent tôt, il n’est pas non plus essentiel de changer de médecin. «Elles peuvent continuer à consulter un pédiatre sans problème», affirme Hélène Jacquemin-Le Vern. Mais si une jeune femme tient à être rassurée par un gynécologue, il est tout à fait possible d’en consulter un. Cela lui permettra de poser toutes les questions qui lui viennent.Du côté des parents, il est essentiel d'accompagner leur fille en étant à l’écoute et en apportant des réponses à ses interrogations ou ses potentielles inquiétudes.