Vous avez eu un rapport sexuel non protégé, votre partenaire n’a pas éjaculé, mais vous avez quand même des doutes en ce qui concerne la probabilité de tomber enceinte avec le liquide pré-séminal. La sage-femme Fanny Toussaint répond à toutes nos questions sur le précum et les risques de grossesse.

C’est quoi le liquide pré-séminal ? 

« Le liquide pré-séminal, aussi appelé précum ou liquide pré-éjaculatoire, est un liquide qui vient lubrifier la verge et qui arrive juste avant l’éjaculation », définit la sage-femme Fanny Toussaint. Issu des glandes de Mery-Cowper, situés autour du canal de l’urètre, il est libéré par le pénis lors de l’excitation. Sa quantité varie selon les individus. Il peut être très abondant chez certains et très peu chez d’autres selon la taille des glandes de Cowper. Certains hommes n’ont pas conscience de la sortie de ce liquide.

Ce liquide est composé des sécrétions des vésicules séminales et prostatiques mélangé aux spermatozoïdes venus des testicules. Le liquide pré-éjaculatoire permet de nettoyer le canal de l’urètre des bactéries et de l’acidité causée par l’urine. Il donne ainsi aux spermatozoïdes de meilleures chances de survie au moment de l’éjaculation et de la fécondation.  Contrairement au liquide pré-séminal émis en dehors de l’éjaculation, le liquide séminal est contenu dans le sperme. Il est sécrété par les vésicules séminales, reliées à la prostate.

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Y a-t-il des spermatozoïdes dans le précum ?

« Le liquide pré-séminal ne contient pas en lui-même des spermatozoïdes, mais il est possible qu’il en reste dans les canaux et qu’ils soient présent dans ce liquide », explique Fanny Toussaint. « S’il y a eu une éjaculation précédemment, il se peut qu’il reste des spermatozoïdes dans les canaux de la verge, et par conséquent le liquide pré-séminal peut les ramener, même si cela n’est pas présent dans sa composition de base », développe l’experte.

Si uriner nettoie d’une certaine façon l’urètre, cette méthode n’assure pas une évacuation complète des spermatozoïdes dans ce conduit, selon la sage-femme. Une étude publiée par le National Library of Medicine en 2010, a démontré que sur 27 hommes, 11 d’entre eux avaient des spermatozoïdes présents dans leurs échantillons pré-éjaculatoires. Dans 37% des cas, une proportion raisonnable de spermatozoïdes était mobile. 

Le liquide pré-séminal peut-il entraîner une grossesse ?

Il est donc possible de tomber enceinte avec le liquide pré-séminal. Fanny Toussaint alerte d’ailleurs sur la méthode du retrait ou du coït interrompu, qui consiste à retirer le pénis du vagin avant qu’il n’y ait éjaculation : « Ce n’est pas une méthode de contraception efficace ». Par ailleurs, on peut facilement oublier de se retirer au moment de l’éjaculation.

D'après les données de l’Organisation mondiale de la Santé, l’indice de Pearl (indice théorique égal au pourcentage de grossesses non désirées sur un an d’utilisation optimale de la méthode, ndlr) du retrait est de 4. Son efficacité pratique (nombre de grossesses pour 100 femmes par an moyennant l’utilisation habituelle) grimpe jusqu’à 20.

Ensuite, bien que le risque de grossesse soit plus important lors d’une relation sexuelle avec pénétration vaginale, il y a tout de même un faible risque lorsque les fluides se retrouvent près du vagin (sur la vulve par exemple) puisque les spermatozoïdes, s’ils entrent en contact avec les muqueuses, « peuvent remonter vers l’utérus malgré tout », prévient Fanny Toussaint. Ainsi, un rapport sexuel sans pénétration et sans éjaculation, mais avec une présence de liquide pré-éjaculatoire, ne comporte pas un grand risque de grossesse, mais la possibilité est tout de même présente. 

Le liquide pré-séminal peut-il transmettre le VIH et des IST ?

« Le précum peut être responsable de la transmissions d’infections sexuellement transmissibles (IST) et du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), il fait partie des liquides contaminants », précise Fanny Toussaint. Le recours au préservatif doit donc se faire dès le début du rapport sexuel et non au seul moment de l’éjaculation.