La pilule contraceptive, si elle est un formidable outil permettant aux femmes de disposer de leur corps comme elles le souhaitent, n’a pas toujours bonne presse auprès de ces dernières. En cause, les nombreux et très pénibles effets secondaires qu’elle peut générer, pouvant aller de la « simple » gêne à la mort. 

Malgré sa mise sur le marché depuis des décennies, la pilule contraceptive fait toujours l’objet d’études de la part des scientifiques, qui cherchent à déterminer ses potentiels impacts sur la santé (physique et/ou mentale) des femmes. Un point positif sûrement, car cela montre que le monde de la recherche cherche à améliorer la vie des femmes. Mais en même temps un problème de santé publique, quant au fait qu’on ne connaisse toujours pas l’ensemble des effets potentiels des pilules contraceptives prescrites. On savait depuis longtemps qu’elle induisait des perturbations de l’humeur chez certaines femmes. Une étude vient aujourd’hui de prouver qu’elle aurait aussi un impact sur le stress des femmes et sur leur capacité à le gérer. 

Vidéo du jour :

Un risque de stress et de dépression accru par la pilule

Récemment, une étude menée par des chercheur.euse.s de l'université d'Aarhus aux États-Unis a fait le lien entre la pilule contraceptive et l’augmentation du risque de dépression. Ainsi, cette recherche publiée dans la revue Behavioural Brain Research montre que les femmes prenant la pilule depuis l’adolescence seraient davantage exposées à cette probabilité que les autres. On y apprend également que la pilule aurait un impact sur la régulation du stress. 

Pour parvenir à ce constat, les scientifiques ont mesuré les taux d'ACTH dans le sang de nombreuses femmes. Fabriquée dans l'hypophyse, l’ACHT ou hormone adrénocorticotrope a pour mission de stimuler les glandes surrénales afin que ces dernières sécrètent du cortisol, hormone réactionnelle face au stress. 

131 femmes dont la moyenne d'âge est de 20,5 ans, sous pilule et d'autres non ont été sélectionnées pour l’étude. Elles devaient procéder à différentes interactions sociales proches de notre quotidien et connues pour faire baisser le taux de stress chez la plupart d’entre nous : faire connaissance avec des inconnu.s lors d'une séance de groupe, chanter des chansons ensemble, assister à un service religieux ou encore jouer à des jeux de société. Après 15 minutes d’activité, on note que le taux d'hormone de stress a baissé chez les femmes ne prenant pas la pilule pendant les phases menstruelle et sécrétoire, mais pas pendant la phase proliférative (où les cellules de l’endomètre se multiplient afin de préparer l’utérus à une potentielle grossesse). En revanche, le taux n’a jamais baissé chez les femmes sous contraception.

« L'analyse des taux d'ACTH permet de mieux comprendre le mécanisme de réponse rapide qui contrôle la réaction de l'organisme au stress », indique Michael Winterdahl, auteur principal de l'étude. Cette différence de taux pourrait s’expliquer par la faiblesse du taux de progestérone, dont on sait qu’il est bas sous contraception ou après les règles. Or, le métabolisme de cette dernière engendre en effet la production d'allopregnanolone, reconnue pour avoir des effets calmants et une influence sur la réponse au stress. 

Pilule contraceptive et santé mentale des femmes, le gros dilemme

Les résultats de cette étude sous-entendent-ils qu’il vaudrait mieux éviter de prendre la pilule trop longtemps ou en cas de fragilité mentale ? C’est plus complexe que cela. « Il est impératif de poursuivre l'exploration des implications à long terme de l'utilisation d’une pilule contraceptive orale sur les aspects plus généraux de la physiologie du stress chez la femme, du bien-être psychologique et des modèles comportementaux » indiquent les conclusions de l’étude, qui montrent que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre leur impact sur les symptômes de l'anxiété

Cela n’empêche pas les femmes qui se pensent concernées d’envisager la possibilité d’abandonner la pilule pour se diriger vers d’autres potentiels moyens de contraception, après discussion avec un.e professionnel.le de santé (médecin traitant, sage-femme, gynécologue) ouvert.e à la discussion.