Vous swipez. Cela fait 63 profils que vous regardez (parfois à peine) ce soir, et rien, pas un coup de cœur, pas même un intérêt particulier. Ils sont loin les petits papillons dans le ventre et l’excitation d’une nouvelle rencontre (amoureuse ou sexuelle).

Et si le secret était de prendre son temps ? Et si Bianca et Louis méritaient un peu plus que trois secondes avant d’appuyer sur la grosse croix rouge ? C’est valable pour entamer la discussion avec une personne, mais aussi un peu plus tard, une fois que vous l’avez rencontré.

Le slow dating, c’est l’apprentissage ou le réapprentissage de la rencontre amoureuse avec un seul mot d’ordre : prendre le temps. Parce que multiplier les dates ne vous a pas rendu heureux, parce que vous avez l’habitude de lui accorder deux heures autour d’un verre pour prendre la décision de l’inclure ou le bannir de votre vie, vous avez envie de vous laisser tenter par cette nouvelle manière de gérer ses rencontres amoureuses.

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Pourquoi faut-il donner du temps à la rencontre amoureuse ?

Pour adopter le slow dating, il faut déjà déconstruire quelques idées bien ancrées par notre cerveau. "Il ne faut pas confondre la réaction amoureuse, instantanée, ce qu’on peut appeler le fameux coup de foudre et qu’on pense être le signe de l’amour et le véritable amour qui est un attachement", explique Fabienne Kraemer, psychothérapeute et auteure de '21 clés pour l'amour slow'.

Le coup de foudre est rapide. Mais il dépend aussi de la libération de phérormones, soit l’hormone qui incite à la reproduction. "C’est quelque chose de très animal, mais qui est là pour pousser à l’accouplement et non pas pour développer les sentiments", note-t-elle.

Or l’ocytocine, qui provoque l’attachement, met du temps à se sécréter. "Coup de foudre ou pas, si vous ne laissez pas le temps à l’ocytocine de se libérer en vous, vous ne serez pas attachée à la personne, pas au sens de la dépendance, mais de l’amour".

Car ne se fier qu’à cette flamme censée naitre dans la première heure de votre rencontre, c’est justement risquer de tomber dans une relation toxique, où il n’est pas question d’amour mais de dépendance.

L’immédiateté, un risque pour les rencontres amoureuses

Dans cette notion d’instantanéité, de rapidité à la rencontre amoureuse, les applis et sites de rencontre sont forcément visés.

En réalité, Fabienne Kraemer trouve "fantastique cette ouverture pour rencontre une personne dans le monde entier". Le risque, c’est quand l’application est mal utilisée.

Certaines ont surfé sur cette idée d’aller à la pêche à l’âme sœur ou à son crush du moment comme on va au supermarché. Pour la psychothérapeute, il faut se détacher "de ce zapping amoureux et donc de cette consommation pour se recentrer sur l’attachement".

"Nous vivons dans l’immédiateté, les gens voudraient que tout soit là à l’instant", déplore-t-elle. Or, s’il y a un pan de la vie où la patience est essentielle, c’est l’amour. "Il faut partager, avoir une certaine somme de souvenirs, d’instant, de moments partagés" avant de tirer une conclusion si oui ou non cette relation amoureuse fonctionne.

Non seulement, de nombreuses personnes se libéreront de ce sentiment de désabusement de l’amour, mais elles vont se détacher de cette violence autour de la rencontre amoureuse. Considérer une personne comme un objet qu’on peut prendre et jeter, c’est une forme de violence.

Le slow dating c’est aussi profiter de tous les outils mis à notre disposition en gagnant en respect avec les autres, et envers nous-mêmes. Si vous considérez la personne à qui vous accordez du temps, elle vous le rendra. Surtout, vous estimez que votre temps et votre énergie doivent être utilisés pour vous faire du bien : le bonheur et la confiance en soi seront au rendez-vous.

Le slow dating va plus loin dans cette démarche de bienveillance. "Dans le slow dating, il y a la lenteur de la rencontre, la lenteur de la relation, mais aussi la lenteur de la rupture". Au revoir sms de rupture et ghosting : "quand on a eu une relation avec quelqu’un, on est aussi en charge de la qualité de la rupture".

L’amour demande du courage. "L’amour est quelque chose de super risqué et qui peut faire très mal, souligne Fabienne Kraemer. Il faut prendre le risque de le vivre, sinon on aime d’une façon tiède, on s’ennuie de façon tiède, et on se quitte, sans que ça fasse vraiment mal". Pour ceux qui veulent du chaud, du bouillant, et de la passion amoureuse, la vraie : suivez le guide.  

Comment adopter le slow dating ?

Pour rencontrer la bonne personne, il faut avoir la tête à ça. Evident ? Oui, mais dans la pratique, personne ici n’est allé à un date en se disant "la flemme ce soir…" ? A force de swiper et de discuter avec des dizaines de mecs ou nanas, un épuisement se crée.

Fabienne Kraemer préconise de n’avoir qu’une seule personne en tête. C’est valable pour les rendez-vous amoureux, mais aussi pour les conversations via les applications de rencontre. "Quand j’entends une personne me dire : je ne rencontre jamais la bonne personne, je réponds : peut-être l’avez-vous rencontré, mais vous l’avez laissé passer".

On a déjà l’impression de manquer constamment de temps, plus vous avez de personnes en tête, moins vous avez l’énergie et des heures à lui accorder. Dans cette précipitation, si elle ne coche pas un certain nombre de critères, alors "Next !". L’amour ne fonctionne pas ainsi. Et si vous avez des rendez-vous avec plusieurs personnes, vous ne cesserez de les comparer : lui sera plus beau, lui plus drôle… En réalité, mieux vaut se consacrer à une seule personne, aller au bout de son histoire et voir si elle fonctionne.

Les critères sont d’ailleurs à prohiber : "les applications de rencontre demandent de préciser un certain nombre de critères : regardez-les bien, et effacez-les de votre tête, parce que vous avez tout faux, assure Fabienne Kraemer. L’amour est une surprise, et sans ce lâcher-prise essentiel, on passe à côté de lui".

Remettez alors en cause cette exigence (et donc cette pression) que vous mettez sur l’autre avant même de le rencontrer. D’ailleurs, cette phase "avant rencontre" ne doit pas tellement durer.

Vous n’y pourrez rien : tant que vous n’avez pas rencontré la personne dans la vie réelle, vous la fantasmerez. Et plus vous attendez pour la voir, plus la déception risque d’être grande quand vous la verrez. Alors "ne restez pas trop longtemps dans la fantasmagorie virtuelle : il faut se rencontrer vite", assure Fabienne Kraemer.

"Au moment de la rencontre, il faut se sortir de l’idée que tout soit là", selon la psychothérapeute, que la magie opère tout de suite.

Il est bien de "se donner du temps au premier rendez-vous, de se découvrir, sans toutefois se fier totalement à cette rencontre inédite : il s’agit du date où l’autre est le plus faux possible car il est dans un souci de séduction". A moins que vraiment cela n’ait pas collé, prévoyez alors directement un deuxième rendez-vous. Au fur et à mesure, il ou elle dévoilera sa réelle personnalité.