Au fil des années, le libertinage a fait couler beaucoup d’encre. Il a longtemps intrigué, étonné, suscité le mépris de certains cercles et en a fait fantasmé d’autres. Le libertinage, défini jusqu’alors comme le fait de transgresser les « normes » dans sa vie amoureuse et sexuelle, semble aujourd’hui plus difficile à cerner. Car dans une société dans laquelle la notion de « norme » tend - enfin ! - à s’élargir, le terme de libertinage a-t-il encore véritablement un sens ?

Le libertinage, c’est quoi ? 

Si les mentalités évoluent petit à petit, le modèle de la monogamie reste malgré tout très présent… Faisant encore de la plupart des autres pratiques des pratiques libertines. « Le libertinage peut se voir comme le fait que des personnes aient des relations sexuelles en dehors de la ‘norme’ de la monogamie », nous confirme Caroline Janvre, psychologue sexologue à Paris. « Il comprend un ensemble de fonctionnement entre des partenaires dont la définition centrale pourrait être que les personnes sont toutes consentantes à l’ouverture du couple. Certaines vont se définir comme polyamoureuses et avoir plusieurs relations sentimentales en parallèle, certains couples vont rencontrer des personnes célibataires via des applications pour partager des relations sexuelles, d’autres vont participer à des soirées échangistes en club », poursuit l’experte. 

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Il existe une multitude de façons de pratiquer le sexe libertin, de pratiquer le libertinage. Et à chaque pratique, ou presque, un terme et une définition bien précise. Le mélangisme, par exemple, consiste à faire l’amour avec un autre couple mais ne pratiquer la pénétration qu’avec son ou sa partenaire. L’échangisme, forme la plus répandue du libertinage, correspond elle au fait d’échanger son partenaire avec celui d’un autre couple.

Si l’on est adepte du côte-à-côtisme, on fait l’amour aux côtés d’un ou plusieurs autres couples. Le candaulisme, quant à lui, correspond au fait de regarder - et surtout d’apprécier regarder - son ou sa partenaire faire l’amour avec quelqu’un d’autre. Le triolisme, plus connu sous le nom de plan à trois, implique trois partenaires, généralement un couple rejoint par une personne extérieure. 

Les pratiques BDSM sont elles aussi souvent considérées comme des jeux libertins, qu’on les pratique à deux ou à plus. Idem pour le fétichisme, peu importe le fétiche.

Peut-on être fidèle et libertin ?

Peu importe la forme qu’il revêt, le libertinage est avant tout une liberté de penser, une liberté d’agir et une volonté de s’affranchir des normes. Un sentiment de liberté grisant pour Camille, qui explique que c’est cette envie de sortir des « cases » qui l’a poussée à pratiquer le libertinage pour la première fois. « J’avais vraiment envie de « désobéir » aux règles », confie-t-elle, « j’en ai parlé à mon copain de l’époque, qui lui aussi avait cette envie, et on s’est lancés ». Tout simplement. 

Pour Quentin, être libertin a été la solution à sa jalousie et à celle de sa partenaire. Il explique : « ma copine et moi avons toujours été très jaloux. Ça peut paraître contradictoire, mais dans le libertinage, il n’y a pas de cachoteries, pas de secrets. Le fait de tout se dire et de faire ça ensemble a finalement réglé notre problème de jalousie. »

« Il y a autant de raisons de se lancer dans le libertinage que de couples libertins », clarifie Caroline Janvre. « La monogamie ne correspond pas aux valeurs de certains couples. D’autres encore recherchent à se maintenir dans une exploration de leur sexualité », rappelle l’experte. Pour les couples libertins, il n’est pas question d’infidélité puisque les faits sont clarifiés et consentis. Le sexe est totalement dissocié des sentiments amoureux : le couple reste au centre de leur vie sentimentale et sexuelle, le libertinage n’est qu’une façon pour eux de vivre leur sexualité comme ils l’entendent. Leur fidélité réside dans le fait d’être eux-mêmes, en toute transparence. 

Le libertinage est-il fait pour moi ?

Comme pour tout ce qui touche de près ou de loin au sexe et à l’amour, il n’y a pas vraiment de règles. Si ce n’est le consentement. Il n’y a donc pas d’injonction à tester l’échangisme, le côte-à-côtisme ou toutes autres pratiques dites libertines, comme il n’y a pas d’interdiction ou de complexes à les pratiquer. Tout est une question d’envie, de désir, de chemin de vie également et cela est donc bien évidemment personnel et subjectif. 

« Les histoires des couples sont à prendre de manière individuelle », vient confirmer notre experte. « Certaines personnes vont se lancer dans l’ouverture de couple et découvrir que cela les fait souffrir, d’autres vont au contraire découvrir un continent inexploré qui les comblera. » C’est pourquoi il convient d’en parler librement et d’être parfaitement sur la même longueur d’onde avant de se lancer dans la découverte du libertinage en couple

Comment se mettre au libertinage ?

Si l’envie de vous adonner au libertinage vous fait du pied, reste alors à en parler à l’élu(e) de votre coeur. Pas n’importe comment, bien évidemment. Car sans consentement ni envie des deux partenaires, le libertinage est impossible.

De nombreux couples qui s’adonnent au libertinage fixent en amont leurs règles, leurs limites, une sorte de contrat moral qui leur indique ce qu’ils souhaitent faire ou non, comment, et avec qui. Une façon d’être fidèle et libertin à la fois. Car qu’est ce que la fidélité, si ce n’est respecter le contrat moral établi avec son ou sa partenaire ? Pour Camille et son compagnon, le mélangisme et le côte-à-côtisme sont autorisés mais ils refusent en revanche de pratiquer la pénétration en dehors du couple. « Pour moi c’est trop intime », confie la jeune femme. 

Si vous décidez de vous lancer dans le libertinage, prenez donc d’abord le temps de communiquer de vos limites mutuelles avec votre partenaire. « La communication est essentielle au sein du couple et prendre son temps à définir un « contrat » de libertinage peut permettre de border les choses. Bien définir ce qui est acceptable ou non pour chaque personne, prendre le temps d’expérimenter petit à petit et ne pas se jeter dans le grand bain directement peut être sécurisant pour l’ensemble des partenaires », conseille Caroline Janvre.

« Dans tous les cas, si des émotions négatives viennent à surgir, un espace de discussion est essentiel pour rester à son écoute, à l’écoute de l’autre. Il est essentiel de redéfinir sans cesse ce qui est consenti ou pas, possible ou pas », vient conclure la psychologue sexologue. Un conseil qui fonctionne dans le cadre du libertinage… mais aussi pour tout ce qui touche au sexe et à l’amour.