Connaissez-vous la kisspeptine ? Cette hormone pourrait être utilisée pour améliorer le désir sexuel chez les personnes qui souffrent d’un trouble du désir sexuel hypoactif. Le Dr Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue et directeur scientifique de la plateforme Charles.co, nous éclaire sur cette « hormone de la libido ».

Qu’est-ce que la kisspeptine ?

La kisspeptine est une hormone naturelle qui agit sur plusieurs zones du cerveau. Au niveau de l’hypothalamus, elle stimule la production d’hormones de la reproduction telles que les oestrogènes et la testostérone, impliquées dans les problèmes de fertilité et de retard ou absence de puberté.

La kisspeptine est aussi liée au désir. S’il avait déjà été démontré que la kisspeptine simulait le désir en 2017 sur des patients masculins, deux nouveaux essais cliniques, l’un chez 32 femmes et l’autre chez 32 hommes, publiés en février 2023 dans la revue JAMA Network Open ont également montré que l’administration de cette hormone peut stimuler les réponses sexuelles chez les personnes atteintes d’un trouble du désir sexyel hypoactif (HSDD). 

Son nom a-t-il un lien avec les baisers (kiss en anglais) ? La kisspeptine est, en réalité, ainsi nommée car elle est codée par le gène KISS1 qui, à son tour, doit son nom à la ville où il a été découvert en 1996 : Hershey (Pennsylvanie, États-Unis) où étaient fabriqués les chocolats Kisses de la marque Hershey’s. C’est en hommage à cette petite douceur que le Dr Welch, checheur local, appelle cette protéine la kisspeptine.

Vidéo du jour :

Les effets de la kisspeptine sur la libido

Dans les deux études, l’administration de kisspeptine par injection a augmenté l’activité cérébrale des zones de l’excitation sexuelle, comparativement à l’injection d’un placebo. Les auteurs ont également remarqué que les participantes qui avaient reçu le traitement déclaraient se sentir « plus sexy », par rapport au groupe placebo. Par ailleurs, chez les hommes, la kisspeptine a permis une augmentation de la rigidité du pénis jusqu’à 56%.

Néanmoins, précise le Dr Bou Jaoudé, « les recherches n’en sont encore qu’au début ». D’autres études sont nécessaires avec beaucoup plus de patients, aux profils variés, et surtout avec une évaluation des effets de cette hormone dans la vraie vie.

Baisse de libido : la kisspeptine, un traitement prometteur ? 

Si la kisspeptine soulève un intérêt, c’est parce qu’« il n’existe aucun traitement autorisé en France, notamment chez la femme », explique Gilbert Bou Jaoudé. Pour les chercheurs, ces premiers résultats sont les prémisses d’un potentiel traitement. Chez l’homme, même si la kisspeptine a sa place, il existe déjà le Viagra et ses dérivés qui permettent de stimuler l’érection et aussi la libido. La kisspeptine permettrait d’aider un grand nombre de patientes qui souffrent de manque du désir sexuel. « Parmi les molécules à l’étude, la kisspeptine est celle qui paraît prometteuse pour traiter le manque de désir sexuel », précise le médecin sexologue. 

« Nous prévoyons maintenant de mieux évaluer le potentiel de la thérapeutique de la kisspeptine dans les troubles psychosexuels – des problèmes sexuels d’origine psychologique, tels qu’une faible libido inexpliquée », indique l’un des auteurs de l’étude, le Dr Alexander Comninos, endocrinologue. 

La kisspeptine peut-elle, à elle seule, réveiller la libido ?

Le Dr Bou Jaoudé précise toutefois qu’un médicament seul ne saurait traiter une baisse de libido. L’idéal est de consulter un médecin sexologue, pour bénéficier d’une prise en charge adaptée. « Il arrive qu’on prescrive un traitement pour améliorer le fonctionnement sexuel pour permettre de travailler sur les causes profondes de la baisse de libido ». 

Par ailleurs, le médecin sexologue insiste : « La kisspeptine favorise la survenue de la libido, mais la personne garde tout son contrôle ».