Chez vous, on trouve : un téléphone connecté sur quatre applis de rencontre (en même temps), une boîte de calmants en préparation du mariage de votre meilleure amie, une liste d'invités à votre mariage élaborée il y a déjà 6 ans et demi, un ordinateur ouvert sur adopteunchat.com et une comédie romantique larmoyante en cours de visionnage.

Célibataire, vous pouvez vous jeter dans les bras du premier mec qui vous dit bonjour ; en couple, vous êtes paralysée à l'idée de vous faire larguer. 

Diagnostic : c'est peut-être l'anuptaphobie. Du latin nuptiae, les noces, et du suffixe grec phobos, la peur, l'anuptaphobie évoque la peur panique de rester célibataire à la vie, à la mort. 

L'anuptaphobie, une angoisse paradoxale

Une personne anuptaphobe ne peut pas imaginer être heureuse en dehors du couple. Seule, elle se sent incomplète, car l'amour et le couple constituent sa valeur n°1. 

Le problème, c'est que cette peur panique d'être seul(e) pousse l'anuptaphobe à se mettre en couple avec n'importe qui et à persévérer dans des relations amoureuses qui ne lui conviennent pas. Pire, d'après une étude publiée en 2013 dans le Journal of Personality and Social Psychology, les personnes qui ont peur d'être célibataires ont tendance à être plus dépendantes et malheureuses dans leurs relations amoureuses que les autres. 

iStock/Good_Studios

Ainsi, alors même qu'elles érigent l'amour et le romantisme au rang de priorité, elles se condamnent inexorablement à des relations médiocres, voire toxiques

Les symptômes de l'anuptaphobie 

Attention tout de même à distinguer l'anuptaphobie de la peur non pathologique d'être célibataire, qui concerne beaucoup d'entre nous.

Certes, elles ont des "symptômes" communs : 

Vidéo du jour :

- Rester dans une relation qui ne nous convient pas sous prétexte que c'est toujours mieux que le célibat ;
- Avoir tendance à tout planifier en amour : la rencontre des beaux-parents, l'âge pour se marier, le moment d'avoir son premier enfant ; 
- Avoir beaucoup de difficultés à rester seul(e) ; 
- Tout analyser à l'excès en amour (le moindre texto fait l'objet d'une lecture et d'une re-lecture incessante, par exemple).

Attention à distinguer l'anuptaphobie de la peur non pathologique d'être célibataire.

Soyons franches, on peut toutes plus ou moins se reconnaître dans ces symptômes. L'anuptahobie, elle, s'accompagne de caractéristiques cliniques : 

- Physiologiques : angoisse et anxiété accompagnées d'une hausse du rythme cardiaque, de maux d'estomac, de nausées... 
- Cognitives : grand pessimisme et défaitisme quant à sa capacité à supporter le fait d'être célibataire, conviction qu'on passera sa vie seule et, parfois, dépression ; 
- Comportementales : recherche obsessionnelle d'un partenaire, paranoïa et jalousie maladive en couple et grande résistance quand un partenaire évoque une séparation. 

Qu'est-ce qui explique une telle angoisse de rester célibataire ? 

Il existe bien sûr des facteurs à risques : les personnes au tempérament dépendant et au fort manque de confiance en elles peuvent plus facilement développer ce genre de phobie sociale. 

Bien souvent, ces peurs prennent aussi racine dans l'enfance, notamment dans des expériences traumatisantes telles que le divorce difficile de ses parents, par exemple.  

Mais la cause principale de l'anuptaphobie est la pression sociale, exercée en particulier sur les femmes. De l'image négative de la "femme à chats" à la Bridget Jones désespérée armée de son pot de glace, en passant par les princesses Disney qui ne s'accomplissent que dans la rencontre d'un Prince charmant, on ne cesse d'associer la femme célibataire à un être triste et désorienté.

Le pire, c'est qu'en plus d'être véhiculé par la culture, ce mythe est transmis par les parents et par les amis en couple. Le fameux "et l'amour, ça avance ?" en apparence anodin mais qui ne cesse de rappeler à la personne concernée qu'elle est célibataire et que c'est un problème.

Ainsi, pour traiter l'anuptaphobie, les angoissées de l'amour n'ont pas beaucoup d'autres options que de se tourner vers un psychologue, pour démêler ces noeuds personnels, culturels et sociétaux et surtout, pour réapprendre à s'aimer, seul(e).