En France, environ un couple sur six consulte en raison de difficultés à concevoir un enfant. L’infertilité est communément définie par l'absence de grossesse après un an de rapports sexuels réguliers et sans contraception. L’infertilité peut aussi bien provenir de la femme (30 % des cas) que de l’homme (30 % des cas) ou des deux (40% des cas). Dans 10 à 25%, elle est inexpliquée. 

L’infertilité féminine est en hausse en France. On fait le point avec le Dr Claire Villette, chirurgienne gynécologue spécialisée en PMA.

Qu’est-ce que l’infertilité féminine ?

La probabilité de survenue d’une grossesse au cours d’un mois ou d’un cycle menstruel, chez un couple n’utilisant pas de contraception, est de l’ordre de 20 à 25%. «L’infertilité est l’absence de survenue d’une grossesse au sein d’un couple après 12 mois de rapports sexuels non protégés et en l’absence de contraception», définit le Dr Claire Villette, chirurgienne gynécologue spécialisée en PMA et co-fondatrice du Centre de la Fertilité. 

D’après les données de l’Enquête nationale périnatale (ENP) et de l’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff), 15 à 25% des couples sont concernés. Ces chiffres tombent à 8% – 11% après deux ans de tentative. 

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On parle d’infertilité féminine lorsque l’infertilité provient de la femme, ce qui représente 30% des cas. «Communément, on disait qu’il fallait attendre 2 ans pour consulter. On conseille maintenant de consulter au bout d’1 an d’infertilité, sauf en cas de facteurs d’infertilité suspectée (âge de plus de 38 ans, antécédent de chirurgie pelvienne, d’infection génitale haute, d’endométriose, de chimiothérapie,…) où l’on a tendance à conseiller de voir un spécialiste à partir de 6 mois d’infertilité», rapporte la gynécologue. 

On distingue : 

  • L’infertilité primaire, lorsque la femme n’est jamais tombée enceinte 
  • L’infertilité secondaire, quand la patiente a déjà connu une grossesse 

Ne pas confondre infertilité et stérilité

Contrairement à la stérilité, l’infertilité féminine n’est pas considérée comme définitive. «La stérilité est l’impossibilité à pouvoir concevoir. L’infertilité désigne la difficulté, l’absence de grossesse après une certaine durée. Les patientes infertiles ne sont pas stériles», insiste le Dr Claire Villette. On parle de stérilité lorsque les chances pour une femme d’avoir une grossesse spontanée sont nulles, par exemple pour une femme qui n’a plus d’ovaires ou de trompes. 

Quels sont les symptômes de l’infertilité féminine ?

«Le plus souvent, il n’y a pas de symptômes», indique la chirurgienne Claire Villette. L’absence de grossesse constitue le principal symptôme de l’infertilité féminine. Toutefois, en fonction des causes qui mènent à cette incapacité à procréer, elle peut s’accompagner d’autres signes :

Les causes d’infertilité féminine

Les causes de l’infertilité féminine peuvent être multiples. 

  • L’âge 

«La fertilité féminine décroit progressivement durant toute notre vie reproductive, avec un déclin beaucoup plus rapide à partir de 35 ans pour devenir quasiment nulle en moyenne quasiment 10 ans avant la ménopause. Ce déclin de fertilité est dû à une détérioration progressive de la quantité et de la qualité des ovocytes», explique le Dr Claire Villette. 

  • Une cause tubaire

L’infertilité féminine peut être causée par l’obstruction totale ou partielle des trompes (ou « obstruction tubaire » souvent conséquence d’infections sexuellement transmissibles telle que la chlamydiae). 

  • Des anomalies utérines 

L’absence d’utérus (syndrome de Rokitanski ou syndrome de résistance aux androgènes), ou plus fréquemment des malformations, certains polypes de l’endomètre ou encore certains types de fibromes utérins, entraînent des infertilités.

  • Des troubles de l’ovulation

Les troubles de l'ovulation (absence d'ovulation, ovulation de mauvaise qualité, anomalie chromosomique, dérèglement hormonal...) sont à l’origine de cas d’infertilité féminine. Le plus fréquent reste le syndrome des ovaires polykistiques (SOPK), qui touche environ 10% des femmes et représente la première cause d’infertilité chez la femme jeune. Il se caractérise par un dérèglement hormonal (LH et FSH), associé à un excès de production de testostérone par les ovaires qui entraînent une hyperpilosité et une absence d’ovulation chez la moitié des femmes concernées. 

  • L’endométriose

 30 à 40% des femmes atteintes d’endométriose connaissent des problèmes de fertilité. 

  • Une infertilité inexpliquée

Il arrive aussi que l’infertilité reste inexpliquée ou idiopathique : cela représente 10 à 25% des cas. «Il y a un couple sur 4 ou 5 que je rencontre en consultation chez qui tout le bilan est normal mais il n’y a pas de grossesse», souligne le Dr Claire Villette. 

Comment diagnostiquer l’infertilité féminine ?

En cas de difficultés à tomber enceinte, il est indispensable de consulter un gynécologue. Afin d’en définir les causes et de trouver des solutions, le médecin sera amené à vous poser de nombreuses questions et à réaliser différents examens. C’est ce qu’on appelle le bilan d’infertilité

«Le bilan se compose dans un premier temps d’un interrogatoire médical sur les habitudes et l’hygiène de vie, la consommation de toxiques, les antécédents médicaux et chirurgicaux, les traitements suivis, la durée des cycles, les douleurs pendant les cycles...», détaille la chirurgienne gynécologue. Un bilan hormonal complet est prescrit. Il permet à la fois d’évaluer la réserve ovarienne (c’est le nombre d’ovules qu’il reste dans les ovaires), mais aussi de vérifier que l’ovulation a bien lieu. Une échographie pelvienne par voie endovaginale est prescrite pour explorer l’utérus et les ovaires à la recherche d’anomalie mais aussi évaluer la réserve ovarienne et les follicules ovariens en complément du bilan hormonal. 

Un troisième examen est nécessaire pour évaluer la perméabilité des trompes : l’hystérosalpingographie ou plus récemment, l’HyFoSy, «un nouvel examen moins douloureux et moins long», note la spécialiste. «Il se réalise en même temps que l’échographie pelvienne. On dépose délicatement une mousse dans le fond utérin qui va diffuser dans les trompes. La visualisation du trajet de la mousse dans la trompe puis sa diffusion dans la loge ovarienne permet d’affirmer la bonne perméabilité des trompes», explique-t-elle.

Les traitements de l’infertilité féminine

Les traitements proposés dépendent des causes de l’infertilité trouvées lors des investigations médicales. En cas de troubles de l’ovulation par exemple, des traitements hormonaux seront souvent prescrits. Si le souci est d’origine anatomique : utérus cloisonné, la solution est bien souvent chirurgicale.

  • La stimulation ovarienne simple 

«Le traitement hormonal de stimulation ovarienne (via la prise orale de médicaments ou par injections), lorsqu’il existe des troubles de l’ovulation, consiste à stimuler l’ovulation», décrit le Dr Claire Villette. 

  • L’insémination artificielle intra-utérine

«Elle consiste à déposer des spermatozoïdes dans l’utérus après une stimulation ovarienne. L’insémination se déroule au moment de l’ovulation», précise la chirurgienne. Cette méthode nécessite des trompes en bon état et est indiquée en cas de dysfonctionnement de la glaire cervicale, lorsque le sperme est légèrement pauvre en spermatozoïdes, ou encore quand leur mobilité est diminuée. 

  • La fécondation in vitro (FIV)

La fécondation in vitro consiste, après stimulation ovarienne, à récupérer un ovocyte et le féconder en le déposant autour de spermatozoïdes en dehors du corps de la femme, puis à implanter un ou deux embryons dans l’utérus quelques jours plus tard. La FIV est indiquée lorsqu’il existe une obstruction ou une absence de trompes, une endométriose, des anomalies constatées au spermogramme ou lorsque l’infertilité est inexpliquée. Lorsqu’il existe des anomalies spermatiques ou après échec de fécondation in vitro, l’ICSI (Intra Cytoplasmic Sperm Injection) pourra être proposée.

>> Un grand merci au Dr Claire Villette, chirurgienne gynécologue spécialisée en PMA et co-fondatrice du Centre de la Fertilité, pour son expertise et sa disponibilité.