Pour prendre du plaisir au lit, une chose est essentielle : la communication. Qu'il s'agisse de communication avec des mots, ou de communication non-verbale, avec des gestes et des regards, c'est le meilleur moyen de prendre son pied, et de permettre à son ou sa partenaire d'avoir les bons gestes, les bons mots, les bons comportements.
Oui mais voilà, c'est parfois plus facile à dire qu'à faire. Y a-t-il des techniques pour arriver à mieux s'y prendre ? Léa Toussaint, sexothérapeute, fondatrice de Merci Beaucul et du podcast et du jeu Discultons, nous livre ses meilleurs conseils pour devenir un·e guide digne de ce nom.
Pourquoi est-ce important de guider son partenaire pendant le sexe ?
"Tout simplement parce qu'il existe autant de préférences, de sensibilités, de corps ou encore d'imaginaires que de personnes", estime la spécialiste. "Résultat, il est impossible de savoir à l'avance ce qui va plaire à son ou sa partenaire, même si on peut avoir des indices." Eh oui, il est important de le rappeler : en matière de sexe, il n'y a pas de façon universelle d'atteindre l'orgasme, et ce n'est pas parce qu'une personne aime quelque chose, que cela va fonctionner sur tout le monde.
"C'est toujours une bonne idée de communiquer", précise Léa Toussaint. "D'autant que le fait de guider son ou sa partenaire permet aussi de lui dire qu'il ou elle peut nous guider aussi. C'est une invitation que je trouve importante pour créer un espace d'exploration qui se fait à deux. Au-delà, cela permet de le ou la mettre au diapason de ses préférences, et de prendre plus de plaisir, parce que l'idée, c'est quand même de passer un bon moment." Pour la spécialiste : "Cela permet d'être dans un échange, et pas seulement dans un truc où l'on fait ce que l'on a vu dans du porno. D'autant que cela permet aussi d'apprendre des choses. Il n'y a rien de mieux pour améliorer sa sexualité."
Quelle est la différence entre guider son partenaire et exprimer ses désirs ?
Exprimer ces désirs et guider son partenaire peuvent sembler deux choses semblables, mais en réalité, il y a une différence de taille entre dire : "J'aime telle ou telle pratique", et "J'ai envie que tu me fasses ça comme ça". "Guider son ou sa partenaire, c'est montrer à la personne comment arriver au résultat voulu", explique la spécialiste. "C'est quelque chose de beaucoup plus pragmatique, finalement. Exprimer ses désirs, c'est partager son univers érotique, tandis que guider, c'est donner les clés à l'autre pour donner du plaisir."
Léa Toussaint utilise d'ailleurs une métaphore gourmande, mais très imagée : "Exprimer ses désirs, c'est dire "J'ai envie d'une pizza hawaïenne", tandis que guider son ou sa partenaire, c'est lui donner la recette étape par étape pour que vous puissiez la préparer ensemble et vous régaler. D'ailleurs, parfois, des personnes peuvent exprimer des désirs similaires, et dans la mise en pratique, on se rend compte que le résultat est très différent." Et de conclure : "Guider, c'est la façon pratico-pratique d'accomplir ses désirs."
Quelle est la meilleure façon de guider son partenaire ?
Exprimer ses désirs n'est pas toujours une chose facile. Il peut y avoir une certaine gêne, et il en va de même pour le fait de guider son partenaire. "Tout dépend vraiment du confort de chacun. Il y a des personnes pour qui l'oral c'est compliqué. Mais on peut vraiment mettre les pieds dans le plat et utiliser des phrases telles que :
- "Touche moi comme ça"
- "Plus fort"
- "Moins fort"
- "Ici"
- "Utilise plus ta langue"
- etc...
Les mots peuvent avoir quelque chose de très concret, de très frontal", estime Léa Toussaint. Mais les personnes qui ont du mal à exprimer leurs envies avec des mots possèdent d'autres alternatives. "On peut prendre la main de la personne pour la guider, bouger son corps, son bassin, faire du bruit pendant le sexe... Il y a plein de façons de guider son partenaire."
La spécialiste précise toutefois qu'il est toujours bon de pouvoir utiliser ses mots : "Cela évite les non-dits et les mauvaises interprétations."
Guider son partenaire, avant, pendant et après
Autre point important : le fait de guider son partenaire pendant le sexe ne se fait pas que pendant le sexe. "Cela peut aussi se faire avant, ou après", rappelle la sexothérapeute. "Chaque moment permet de guider différemment, d'autant que pendant un rapport sexuel, la partie du cerveau qui prend les décisions et s'occupe de la réflexion, s'inhibe partiellement pour laisser place aux sensations." Résultat, ce n'est pas forcément le meilleur moment pour dire ce que l'on veut et expliquer comment on le veut... Ni pour recevoir au mieux les consignes de son ou sa partenaire ! D'où l'importance d'une petite séance de débriefing post-sexe.
Les supports visuels peuvent aussi jouer : "On peut regarder des vidéos ensemble, que ce soit des films pornographiques ou des choses plus didactiques et éducatives. Il peut y avoir des jeux de discussion, aussi : c'est pour cela que j'ai créé le jeu Discultons, d'ailleurs, qui permet de poser les questions que l'on n'ose pas toujours poser spontanément. Il existe plein de ressources externes conçues par des professionnels pour se guider, et se laisser porter."
Comment réagir face à un·e partenaire qui ne veut pas qu'on le guide ?
Qui n'a jamais eu affaire à un·e partenaire qui était persuadé de tout savoir sur l'orgasme féminin ou l'orgasme masculin, et qui pensait que sa technique était la meilleure pour faire jouir l'autre personne ? Face à ce type de personnalité, "On se lève et on se casse", s'amuse Léa Toussaint, faisant référence à la phrase désormais culte d'Adèle Haenel aux César. "Blague à part, il n'y a rien de pire qu'une personne qui refuse d'être dans un échange, lorsqu'on parle de sexualité épanouie. Une option pourrait être de proposer une masturbation mutuelle pour montrer à l'autre comment l'on se donne du plaisir, mais les personnes fermées ne sont généralement pas des personnes empathiques", qui n'ont donc pas votre plaisir en ligne de mire.
"Tout le monde mérite d'être avec une personne qui est à l'écoute de ton corps et de ton plaisir, et qui ne prenne pas ça pour acquis", conclut Léa Toussaint, en rappelant que le consentement sexuel passe aussi par la façon dont les gestes sont effectués, en accord avec l'autre.