En France, près d’un mariage sur deux (45%) se solde par une rupture, selon les chiffres de l’Ined. Pas étonnant de voir les fêtes de divorce commencer à faire leur apparition. Importées des États-Unis, elles consistent à célébrer le début d’une nouvelle vie de célibataire. Fêter son divorce, un bon moyen d’aller de l’avant ou au contraire un événement au goût amer ?

Célébrer son divorce, une pratique très ancrée aux Etats-Unis

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Fêter son divorce, une manière de tourner la page ?

Certaines personnes ont besoin du rituel de la célébration après certaines étapes pour tourner la page. "Cela peut permettre de rendre moins douloureux ou moins amer ce passage d’un statut « marié », « en couple », à un statut « divorcé », « célibataire »", admet Anne-Laure Buffet. Toutefois, la thérapeute n’est pas convaincue par le côté libérateur vanté par certains : "Ce n’est pas parce que l’on fait une fête qu’on est profondément différent ou que la situation est radicalement changée. C’est parce que l’on a pris le temps de se questionner, de se remettre en cause, et de décider de continuer sa vie autrement".  

Il arrive que les deux partenaires organisent une fête commune, même si cela reste rare. "J’ai plus entendu parler de « fête » de divorce, après des procédures longues et conflictuelles, comme pour dire « ça y est enfin ! », que de fêtes de divorce organisées ensemble par des divorcés qui seraient arriver à se séparer sans conflit et sans heurt…", affirme Anne-Laure Buffet. "Faire la fête à deux – ou à plusieurs – c’est encore maintenir un lien, comme si la séparation juridiquement officialisée ne l’était pas vraiment, sur le plan émotionnel. Je ne suis pas certaine qu’il soit bon de faire ce type d’événement festif ensemble, sauf à vouloir dire : à défaut d’avoir réussi notre mariage, nous avons réussi notre rupture", exprime la spécialiste. 

Après un divorce, même lorsque cela se déroule paisiblement, persiste un sentiment de nostalgie, de désarroi, une part de regrets. Et célébrer cet événement ne permet pas forcément de faire le deuil de la relation. "On peut trouver assez « admirable » ces anciens couples qui se réunissent pour fêter le divorce ; j’y vois surtout une difficulté, justement, à tourner la page", analyse Anne-Laure Buffet. Lorsque le couple a des enfants, organiser une fête de divorce peut semer le trouble dans leur esprit. Si la bonne entente entre les deux parents est préférable, mieux vaut ne pas cultiver de faux espoirs : "Les enfants ne sont pas des idiots, ils ont besoin de calme mais ils n’ont pas besoin qu’on leur fasse croire ce qui n’existe pas".

Se célébrer soi avant de fêter son divorce

Outre-Atlantique, le bonheur des uns fait le malheur des autres puisque les divorce party représentent un business bien juteux. Divorce cake, séances de tirs sur des robes de mariées, cadeaux de rupture... Il faut compter des milliers d’euros pour célébrer la fin d’un mariage en passant par une agence spécialisée. Si chacun vit cette épreuve à sa manière, sachez qu’il est possible de prévoir une soirée en toute simplicité avec les amis qui vous ont soutenu durant la procédure de divorce notamment. 

Pour Anne-Laure Buffet, il faut éviter de tomber dans la soirée revancharde : "Je ne dis pas qu’il faut absolument être dans la profonde tristesse, mais pourquoi, s’il faut faire une fête, ne pas fêter de nouveaux projets, de nouveaux désirs, de nouvelles compréhensions sur soi, au lieu de rester, là encore, attaché par la colère ?" Notre autonomie et notre individualité retrouvées, pourquoi se présenter encore dans un lien avec l’autre, qui plus est un lien chargé d’amertume ? "La vraie fierté, la vraie joie doit être bien plus pour soi, pour cette conscience de soi qui s’offre à nous, que contre l’autre", affirme la thérapeute.

Plutôt que célébrer son divorce, et si on se célébrait soi-même ? C’est le moment de se faire plaisir, se retrouver et reprendre confiance en soi après une séparation. Prenez des congés pour partir en vacances avec des amis, faites un voyage dans un endroit où vous avez toujours voulu aller... "Nous ne sommes pas des personnes mariées, en couple, séparées, divorcées, célibataires… Nous sommes avant tout des personnes avec des goûts, des désirs et des envies, des peurs, des peines, des joies, des capacités, des compétences...", rappelle l’auteure. "C’est ce « nous », ce moi, cette acceptation de soi, que nous devons fêter, si nous devons faire une fête. C’est ce qu’offre le divorce : une rencontre avec soi-même qui n’a pas encore eu lieu".