Ce n'est pas faute d'en avoir parlé. Beaucoup. Mais le constat est vite tombé : peu d'hommes apprécient l'évocation de la pratique du doigt dans les fesses au lit.

Pas de place pour la discussion, pour la plupart, c'est niet, no pasarán ! Et quand on refuse de parler de quelque chose, que ça nous fait ricaner, rougir et changer coûte que coûte de conversation, c'est qu'on touche au tabou.

Alors certes, on peut avoir essayé et ne pas avoir apprécié le doigt dans les fesses, tout comme certaines femmes qui n'aiment pas le cunnilingus s'en passeraient bien ad vitam eternam. Dans ce cas, plus de tabou ! On se situe plutôt dans le domaine des préférences sexuelles et les goûts et les couleurs ne se discutent pas.

Cet article est dédié plutôt à ceux qui refusent d'en entendre parler, afin qu'ils sachent ce qu'ils manquent, ou pas.

Pourquoi la pratique du doigt dans les fesses est-elle tabou ? 

  • Mettre le doigt sur une fragilité masculine
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Quand Roxanne évoque sa pratique du doigt dans les fesses auprès de ses amis, elle constate deux réactions : "Les filles sont un peu plus intéressées à chaque fois, plutôt du genre 'Ah oui, pourquoi pas !', mais chez mes amis garçons c’est un non catégorique à chaque fois. Aussi, la question de l’orientation sexuelle revient toujours."

Ce rejet catégorique signifie-t-il que l'homme en question n'est pas à l'aise avec sa masculinité et sa virilité (du moins, l'image qu'il s'en fait) ?

"Pour les hommes hétéro, le plaisir anal est associé à l'homosexualité depuis longtemps", explique la sexologue Axelle Romby. "Être pénétré, c'est non seulement être gay, mais surtout être une femme." Pour la sexologue, ce rejet est plus profond que du machisme pur et dur à la "moi j'suis un mec, on ne me met pas un doigt dans le cul !"

"Être un homme, dans l'inconscient collectif, c'est être conquérant, c'est pénétrer. Nous en tant que femmes, on a appris à érotiser la pénétration. La position inverse pour un homme, ça peut être violent", explique la spécialiste.

D'ailleurs, Axelle Romby précise que le problème se pose aussi parmi sa patientèle gay : "Il y a des gays qui ont du mal avec le fait d'être pénétrés ou même de prendre un doigt, parce qu'ils ne parviennent pas, même inconsciemment, à accepter d'être gay 'à ce point là'." 

  • Comment briser le tabou de la pénétration anale chez l'homme ?

Pour la sexologue Axelle Romby, le doigt dans les fesses requiert une capacité à lâcher-prise.

Pour Roxanne, le lâcher-prise a eu lieu grâce à l'alcool : "Ça s’est fait plutôt spontanément, en rentrant d’une soirée où on avait bien picolé avec mon petit ami de l’époque. On était dans un espèce de creux de la passion et on s’est dit pourquoi pas tenter un truc nouveau… Oui mais quoi ? On en avait jamais discuté, mais je savais que sexuellement il était assez ouvert et assez curieux. Un handjob en entrainant un autre, ça s’est terminé avec le doigt dans l’anus !"

Si beaucoup d'entre nous n'apprécient guère ce genre de surprise au lit ("Oh ! Ben ça alors !"), ça n'a pas été le cas de Roxanne : "Le côté improvisé compte beaucoup ! Je pense que si mon mec m’avait demandé ou si cela avait été préparé, j’aurais trouvé ça étrange et je me serais posée mille questions sur l’hygiène, etc."

Pour d'autres, le doigt s'introduit (sans jeu de mot) d'abord par la discussion. C'est le cas de Sacha, dont la première aventure du genre a eu lieu à ses 18 ans, avec sa copine de l'époque, sur la proposition de celle-ci. 

"Je ne me vois pas faire ça avec n'importe qui", raconte-t-il. "Encore moins un coup d'un soir. Cela demande un peu de préparation et beaucoup de confiance. Quand on ne connaît pas la personne, ce n'est même pas la peine d'y penser ! 

  • Quid du doigt dans les fesses d'une femme ?

Un doigt furtif qui pénètre dans les fesses pendant l'acte peut être tout aussi "violent" pour une femme. 

Pour la plupart, le doigt dans les fesses (comme la sodomie) est au sexe ce que le champagne est à l'apéritif : un plaisir que l'on ne s'accorde pas tous les jours, qu'on hésite à mettre sur la table à la moindre occasion. 

Et comme c'est moins courant, on en parle moins facilement et c'est aussi plus gênant. La question de l'hygiène est certainement celle qui pose le plus problème, mais le plaisir aussi entre en compte : absence de prostate oblige, une femme ne profite pas du doigt dans l'anus autant qu'un homme.

Cela dit, un doigt dans les fesses en complément de la stimulation du clitoris, pendant un cunnilingus par exemple, peut décupler le plaisir. Quand on en a envie, tout est bon !  

Les raisons de succomber au plaisir prostatique

  • Stimuler le point P d'un homme homme

Une femme peut apprécier le sexe anal sous toutes ses formes, mais pas autant qu'un homme. En cause ? La prostate, située à environ 7 cm de l'entrée de l'anus et qui, si l'on devait comparer, équivaut un peu à notre bienaimé clitoris. On parle de "point P", la clef du plaisir masculin. L'introduction d'un doigt dans les fesses de son partenaire est aussi un moyen de s'initier au plaisir prostatique.

  • Le doigt dans les fesses, la clef d'un orgasme masculin unique ?

À la clef ? Un orgasme différent que celui que connaissent les hommes pendant la pénétration, plus "profond". Sacha raconte : "Si je devais retenir une sensation, ça serait celle d'un soulagement. D'une chaleur qui monte et envahit l'intégralité du corps." On n'y est pas forcément préparé la première fois. C'est assez étrange. "Voir que l'on se crispe, que l'on perd le contrôle. Il y a quelque chose de grisant là-dedans", confie-t-il. 

Comment mettre le doigt dans le cul pour un maximum de plaisir ? 

Tout comme il y a autant de manières de faire une fellation qu'il y a de femmes et d'hommes, le doigt dans les fesses laisse beaucoup de place à la créativité.

Le doigt dans les fesses peut être servi en hors d'œuvre : soit seul, car il se suffit à lui-même, soit en guise de bouquet final, après une fellation (le fameux combo pipe doigt dans le cul) ou tout autre préliminaire. Il fonctionne aussi en plat de résistance, une petite intrusion mutine en plein rapport sexuel.

Quoi qu'il en soit, une seule règle (qui vaut d'ailleurs quelle que soit la pratique de sexe anal) : lubrifier, lubrifier, lu-bri-fier ! On n'entre pas par là en un claquement de doigt, et c'est le cas de le dire.

Ici, la douceur et la délicatesse sont de mise. On commence par titiller les pourtours, érogènes à souhait, puis on entre doucement dans le vif du sujet.

Les plus téméraires iront jusqu'à toucher la prostate, une petite bosse moelleuse en forme de châtaigne, qui gonfle doucement sous les caresses. Attention là encore, douceur (et ongles coupés de près) sont de mise !