La réponse est unanime : pour les célibataires, le moral est à plat. Faisons un rapide bilan de ces derniers mois. Après un confinement qui a été synonyme d’isolement pour de nombreuses personnes en quête d’amour (ou d’autre chose), ce fut le retour de la liberté. Disons plutôt de l’air libre, puisque des mesures de plus en plus contraignantes ont été mises en place : la santé avant tout.

Port du masque obligatoire dans les commerces, puis au bureau, puis dans les rues de nombreuses métropoles, nombre limité de personnes lors d’événement, fermetures des bars, et maintenant, le couvre-feu.

Sans compter la traditionnelle déprime hivernale qui s’installe au fur et à mesure que les températures baissent, une question taraude les célibataires : pour une rencontre d’un soir, d’un mois ou d’une vie, rendez-vous en 2021 ?

Le couvre-feu anti-Covid, une ceinture de chasteté pour les célibataires ?

Ce couvre-feu, "c’est comme un nouveau confinement pour moi", lâche Cyrielle. Marc n’est pas beaucoup plus optimiste : "Ça me décourage, je n’ai plus envie de me prendre la tête : viens on finit le travail à 16h pour manger un bout et ensuite courir après ton RER ?"

La motivation pour rencontrer d’autres personnes était déjà en berne depuis le confinement, et d’autant plus avec l’arrivée de la deuxième vague. "On sort moins, on va moins dans les bars on sort avec un cercle restreint d’amis pour éviter de propager le virus : bref on ne se mélange pas trop et par conséquent on rencontre moins de gens", explique Cyrielle.

Disons que les éléments s’accumulent pour se convaincre qu’il vaut mieux "serrer les dents et attendre que ça passe", selon Marc.

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Il y a l’automne. Et ce n’est pas anodin : le froid limite les rencontres dans la rue et les balades, précieuses dans les zones où bars et restaurants sont fermés. Et la grisaille peut miner le moral.

Ensuite, il y a une certaine paranoïa qui s’installe autour de la rencontre : "a-t-il le Covid, est-il un cas contact sans même le savoir ? Je sais que je me pose ces questions", assume Margaux. Marc, lui, est catégorique : "si je me rends à un date, avant il y aura la conversation : as-tu déjà eu le Covid ? As-tu des symptômes ?". Il détaille : "si je vais à un rencard, ce n’est pas pour respecter les gestes barrières et garder le masque tout le temps, mais bon, il faut être honnête, enlever ton masque avec un inconnu c’est devenu aussi hot qu’enlever un soutif, c’est un degré d’intimité incroyable".

Pour Margaux, "tu ajoutes à cela une instabilité par rapport à l’emploi, à ta santé mentale : ça a forcément un impact sur le dating car tu es censé être en bonne forme, dans un bon état d’esprit, sinon, ce n’est pas la peine".

Emma nuance : "C’est quand même une vraie galère toutes ces restrictions, et cette dernière annonce plombe un peu plus le moral. Après ça t’oblige à être un peu plus créative, je me suis surprise à draguer au Monoprix...". Si pour certains le couvre-feu est un coup de massue, d’autres ne baissent pas les bras, au contraire.

Lucie, qui commence tout juste à fréquenter quelqu’un, ne compte pas laisser le Covid gâcher son histoire. Elisa, elle, est carrément excitée par ce nouveau jeu de séduction. "En portant mon masque, je me suis faite draguer encore plus que d'habitude, notamment dans la rue ou dans des sorties car il y avait un jeu de regard avec les hommes, comme un jeu de mystère à deviner qui porte ce masque".

Après neuf ans de couple, cette célibataire prend les choses comme elles viennent. Il faut dire que le couvre-feu n’a pas été un choc supplémentaire pour elle qui vient de passer trois mois auprès de sa famille dans les DOM-TOM où il y en avait déjà un en place.

Réinventer le dating face aux mesures contre le Covid-19

Que l’on soit optimiste, ou pas, le confinement, puis la présence constante d’un virus dans nos vies a permis de réorganiser les priorités. "Je suis ouverte à une belle rencontre mais par-dessus tout j'ai envie de penser à moi et prendre soin de mon entourage", explique Emilie.

Margaux partage son avis : "Il faut limiter les contacts, alors la priorité est donnée à mes proches, à mes amis". Oui au rendez-vous amoureux, mais seulement si la personne lui plait réellement.

Ainsi, pour Emilie, "le Covid va finalement peut être permettre à contrer cette situation et permettre aux gens de voir vraiment les personnes qu'ils ont envie de voir : prendre le temps et faire l'effort de connaitre la personne plutôt que d'enchainer les dates."

Faire le tri, et oser prendre des risques ? "On n’est plus dans cette zone de confort où tu proposes à l’autre d’aller dans ce petit bar, ce petit restaurant que tu connais", explique Marc.

Et si ces restrictions entamaient une nouvelle ère de la drague ? Après tout, oublier le classique verre ou restaurant ne serait-il pas bénéfique ? Petit-déjeuner, déjeuner, brunch, verre tôt le soir : pour ceux qui veulent rester sur ce type de rendez-vous, les nouveaux créneaux sont là.

Pour d’autres, c’est déjà tout vu, il faut se tourner vers des sorties culturelles. Cinéma le week-end, expositions, musées. Plus audacieux ?

Pour certains, c’est aussi un nouveau rythme de dates qui se profile. Se rendre directement chez lui ou elle pour le premier rendez-vous ? "Je n’irai pas directement chez un mec que je ne connais pas", estime Cyrielle. Ce risque, elle le prendra pour ceux qui ne sont pas des parfaits inconnus. Comme ses ex, peut-être ? C’est vers eux qu’elle s’est d’abord tournée en sortie de confinement. Anna aussi a imaginé cette stratégie, et s'en amuse : "c’est le moment de placer ses pions pour les six semaines à venir (…) en attendant la saison des amours".

"Proposer un diner à la maison, oui pourquoi pas, mais ça accélère forcément les choses quand ton rendez-vous est ‘obligé’ de dormir à la maison", suggère Marc. Margaux n’est pas contre l’idée non plus, mais seulement si la personne lui plait vraiment.

Et puis, il y a l’idée de partir des zones soumises au couvre-feu qui s’immisce dans nombre d’esprits. Marc, déprimé à l’idée de cette ambiance "retour au collège, on se voit pour une boom ou un goûter", est prêt à proposer à une femme de partir en week-end romantique dès le premier rendez-vous, si un lien s’est déjà créé avant.

Emma l’envisage aussi. Pour Lucie, c’est aussi une des meilleures solutions. Elle et son nouveau mec ont des enfants, alors pour se voir ce sera en "zone libre". Cyrielle, quant à elle, mise tout sur ses deux semaines de vacances en Bretagne pour trouver "un loup de mer" là-bas.

Les applications, lieu de rencontres privilégié des célibataires face au Covid-19 ?

Être inventif, c’est pas mal, mais encore faut-il quelqu’un à inviter. Eh oui, pas facile de faire des nouvelles rencontres quand, comme Cyrielle, on n’est pas une adepte des sites de rencontres. Sa méthode initiale, élargir son cercle d’amis pour faire des rencontres, aller à un rendez-vous ‘arrangé’ ou aller à des diners de célibataires organisés par des amis d’amis, ce n’est pas très Covid.

Les meilleurs amis des célibataires s’appellent-ils désormais Tinder, Happn et Badoo ? Pour Margaux, c’est le cas à condition de revoir sa manière d’utiliser les applications de rencontre : "en général, j’en vois plusieurs au début, pour voir si ça matche, là, pas question".

Marc aussi est sceptique : "c’est déjà dur de se démarquer virtuellement dès les premiers messages : le filtre est aujourd’hui encore plus grand pour oser se donner rendez-vous en vrai".

Il reste des convaincus : "Je pense que les applications vont rester nos meilleures alliées, s’enthousiasme Emma, mes potes ce week-end ont installé Tinder sur mon téléphone, ils sont bons, ils ont anticipé". Elle a déjà une piste...en Normandie. Comme en dehors des applis, c'est l'occasion de faire le tri, et de s'intéresser réellement à la personne, sans swiper en ayant à peine regardé le profil. 

"Je pense que les relations amoureuses sont totalement différentes en ces temps de Covid-19. Au déconfinement, on a tous ressenti que la plupart des gens était en mode surconsommation de dates et relations amoureuses, et charnelles. Il y avait énormément de drague dans la vraie vie, sur les réseaux et d'après mes amies, c'était impressionnant sur les applications dating", analyse Elisa.

Face à ce comportement étouffant, il y a aussi eu "des personnes qui ont travaillé sur elles-mêmes en faisant du développement personnel, pour se mieux se rendre compte de ce qu'elles voulaient et ne voulaient plus dans des relations amoureuses", continue la jeune femme qui a elle-même fait ce travail. 

Alors bien sûr, c'est facile de se dire qu'on va faire de la méditation de pleine conscience, du yoga, du sport ou tout autre pratique pour faire le point et savoir ce qu'on veut, que ce soit un plan d'un soir, une relation sans engagement ou une relation longue. C'est humain d'être tenté par le corona cuffing, qui consiste à vite trouver quelqu'un pour ne pas être seul en cas de deuxième confinement.

C'est humain aussi d'en avoir marre de voir ses libertés entravées, même au nom de la citoyenneté et de la santé. Et si cela donnait lieu à de nouvelles aventures, que ce soit une nuit enflammée, un week-end impromptu, une relation passionnée, ou alors de nouveau lien avec vos amis, qui célibataires ou en couple, on l'espère, répondront présents ? Oui, il y aura aussi des ratés. Alors, pour les anecdotes loufoques, on attend vos témoignages.