Trouble sexuel masculin le plus fréquent devant la dysfonction érectile, l’éjaculation précoce touche quasiment 1 homme sur 3 au cours de sa vie, et ce, quel que soit son âge.« Tenir » est sans doute l’injonction qui pèse le plus sur la sexualité masculine hétérosexuelle. L’éjaculation prématurée est ainsi à l’origine de diverses interrogations concernant la durée normale du rapport sexuel chez l’homme et peut causer un mal-être plus ou moins important. 

L’éjaculation précoce, qu’est-ce que c’est ?

L’éjaculation précoce est un trouble caractérisé par le fait d’éjaculer trop rapidement lors d’un rapport sexuel. « Aujourd’hui, on parle d’éjaculation prématurée plutôt que d’éjaculation précoce », corrige d’emblée le docteur Marc Galiano, chirurgien urologue, andrologue et co-auteur du livre Mon sexe et moi (éditions Marabout). L’éjaculation précoce ou prématurée a été définie en 2008 par la Société Internationale de Médecine Sexuelle par l’association de trois critères :

  • L’éjaculation survient dans la minute qui suit la pénétration
  • L’impossibilité de pouvoir retenir son éjaculation
  • Le retentissement psychologique : sentiment d’insatisfaction ou de frustration

Il faut que ces trois points soient présents pour pouvoir parler d’éjaculation précoce, car « nous sommes tous éjaculateurs prématurés sur une journée, une semaine, un mois ou même plusieurs fois dans l’année », précise le docteur Galiano. En effet, selon une étude de l’IFOP réalisée en 2019 avec la plateforme Charles.co, dédiée aux troubles de l’érection et de l’éjaculation, si l’on adopte une définition plus large reposant cette fois sur l’incapacité à retenir volontairement son éjaculation avant l’orgasme de sa partenaire, l’éjaculation prématurée apparaît alors comme un problème de masse. 80% des hommes admettent n’être déjà pas parvenus à se retenir de jouir avant leur partenaire, dont plus d’un tiers (35%) au cours des douze derniers mois. 

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Quels sont les différents types d’éjaculation prématurée ?

 « Il faut distinguer l’éjaculation prématurée primaire et l’éjaculation prématurée secondaire », explique Marc Galiano. 

  • L’éjaculation précoce primaire apparaît dès les premiers rapports sexuels
  • L’éjaculation précoce secondaire apparaît subitement ou progressivement chez un homme qui jusque-là contrôlait bien son éjaculation

Quelles sont les causes de l’éjaculation précoce ?

Les causes de l’éjaculation précoce peuvent être comportementales, psychologiques ou encore mécaniques. 

Les causes anatomiques de l’éjaculation prématurée

  • Un frein abîmé, trop court, blessé...
  • Un prépuce trop serré
  • Des anomalies dermatologiques sur le gland
  • Une urétrite (inflammation de l’urètre)
  • Une inflammation de la prostate (prostatite chronique)
  • Des problèmes d’hyper, voire d’hyposensibilité, des récepteurs cérébraux à la sérotonine.

Les causes psychologiques de l’éjaculation prématurée

  • L’état de stress et d’anxiété
  • La fatigue
  • Le manque général de confiance en soi
  • Les problèmes relationnels 
  • L’anxiété de performance

Quand consulter lorsqu’on éjacule trop vite ?

Il est important de rappeler que l’éjaculation prématurée peut ne pas être un problème. « Certains hommes ne sont pas gênés par le fait d’éjaculer très vite à chaque relation sexuelle. Ils sont satisfaits et épanouis dans leur sexualité et leur partenaire l’est également », constate le docteur Marc Galiano. Il n’y a ainsi pas raison de s’alarmer s’il vous arrive d’éjaculer rapidement lors d’un rapport sexuel. L’éjaculation signe bien souvent la fin de la pénétration, mais elle n’empêche pas la relation sexuelle de continuer.
 
En revanche, lorsque l’éjaculation précoce est source de mal-être, il est recommandé de consulter un médecin. « On commence à s’en inquiéter quand ça devient pénible pour soi-même ou pour le couple et qu’il y a une insatisfaction sexuelle. Là, il faut consulter », poursuit le spécialiste. 

Comment traiter l’éjaculation précoce ?

L’éjaculation précoce n’est pas une maladie mais une dysfonction sexuelle : une prise en charge médicale stricte est donc rarement indiquée seule. En revanche, la consultation chez un sexologue ou un sexothérapeute permet de régler cette difficulté dans la plupart des cas. Parfois, une combinaison d’un traitement médicamenteux et d’une thérapie comportementale peut être nécessaire.

  • Les traitements médicamenteux

« Il existe des anesthésiants locaux, comme la Xylocaine, la crème Emla, le Fortacin, qui est une association en spray de deux anesthésiants (la lidocaïne et la prilocaïne) », indique le docteur Marc Galiano. Ces crèmes/sprays anesthésiants sont appliqués sur la tête du pénis environ 20 à 30 minutes avant le rapport sexuel. Ils permettent de désensibiliser le gland et, ainsi, allonger la durée des rapports sexuels. 

« Certains médicaments antidépresseurs sont parfois prescrits comme le Priligy, qui nécessite une prise entre 1h et 3h avant un rapport sexuel », ajoute le spécialiste. Son principe actif, la Dapoxetine, fait partie de la famille des inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine. 

D’un point de vue scientifique, le traitement pharmacologique a fait de manière indiscutable la preuve de son efficacité à court terme. « Cependant, ses effets secondaires ne sont pas négligeables », insiste le Dr Marc Galiano. Son efficacité à long terme reste également inconnue. 

  • La prise en charge psychosexuelle

La prise en charge la plus recommandée reste la sexothérapie. Consulter un·e sexothérapeute est indiqué en prenant en compte l’ensemble des facteurs psychologiques, physiologiques, sexologiques : « l’éducation sexuelle, apprentissage des sensations pré-orgasmiques, meilleur contrôle de l’excitation, meilleure connaissance du corps », détaille Marc Galiano.  

Les techniques de contrôle pour traiter l’éjaculation précoce

Plusieurs techniques sont couramment utilisées pour retarder l’éjaculation précoce.

  • La technique du squeeze

La technique du squeeze consiste à exercer une pression sur la base du gland, afin de bloquer l’excitation et la montée de l’éjaculation, « tout en respirant calmement », précise l’urologue. Elle demande néanmoins d’être en parfaite synchronisation avec son ou sa partenaire.

  • La technique du stop and go

Là aussi, il s’agit de faire retomber l’excitation en stoppant net ses mouvements à chaque imminence éjaculatoire. Le principal inconvénient, c’est qu’on tire peu de plaisir avec cette méthode. L’excitation retombe, et finalement, le rapport sexuel n’est pas si satisfaisant, même si on gagne quelques minutes. 

  • La respiration par le ventre

En revanche, pratiquer la respiration sexo-corporelle donne de bons résultats. « Consulter un sophrologue peut aider. L’homme va apprendre à caler le rythme de ses mouvements de bassin à la respiration », préconise l’expert.