Trouver aujourd’hui une contraception sans risque pour sa santé semble de plus en plus compliqué. Après le scandale autour de Diane 35 de 2013, deux nouvelles pilules font l’objet d’une surveillance accrue des autorités de santé et son suspectées d’augmenter les risques de tumeur bénigne au cerveau.

Le Lutéran et Lutényl, deux pilules progestatives surveillées de près

En juin 2020, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) lançait une alerte au sujet de deux pilules progestatives, le Lutéran et Lutényl. Selon une étude épidémiologique menée sur plus de 3 millions de patientes par Epi-Phar suite à l’enquête sur le progestatif Androcur, ces deux pilules (ainsi que leurs génériques) augmenteraient le risque de méningiome, une tumeur du cerveau bénigne dans la plupart des cas, rapporte 20 minutes.

« Plus on prend le traitement longtemps à dose élevée, plus le risque est important », explique Isabelle Yoldjian, cheffe du pôle gynécologie de l’ANSM, dans les colonnes de 20 minutes. « En clair, une femme qui prend ces traitements plus de six mois risque environ 3,3 fois plus de développer cette maladie qu’une femme qui ne le prend pas. A partir de cinq ans, le risque est multiplié par 12,5 pour le Lutényl, et par 7 pour 3,5 ans sous Lutéran. »

Une enquête plus large sur les progestatifs

Pour mieux cerner le problème, l’ANSM appelle les femmes à partager leur retour d'expérience de ces deux pilules sur une plateforme dédiée. « A l’issue de cette consultation publique, l’ANSM publiera des recommandations précises pour les femmes et les médecins afin de savoir comment bien utiliser ces traitements », souligne Isabelle Yoldjian.

L’experte explique également qu’une enquête plus large sur les progestatifs devrait prochainement être lancée : « L’ANSM poursuit une vigilance sur les pilules progestatives. Car il en existe d’autres, ainsi que des stérilets à base de progestatif. A partir du moment où on s’intéresse à un produit, on enquête sur toute la famille. »

Si les chiffres de l'ANSM peuvent alerter, Isabelle Yoldjian se veut néanmoins rassurante et rappelle que « développer un méningiome, tumeur du cerveau bénigne, n’est pas systématique. Mais il est important d’avoir connaissance de ce risque pour faire en sorte de le limiter. »

Vidéo du jour :

La cheffe du pôle gynécologie de l’ANSM conseille aux femmes qui suivent l’un de ces traitements de se rapprocher de leur médecin. Celui-ci pourra leur proposer de réaliser une imagerie cérébrale si elles ont plus de 35 ans et prennent ce traitement depuis plus de cinq ans. Les autres pourront réévaluer avec leur médecin la balance bénéfice/risque concernant la prise de ces traitements.