Ce soir, vous rencontrez Julien, 24 ans, de Montrouge. Vous avez tout prévu : des baskets bien plates et vous êtes arrivée dans le bar en avance pour être installée avant lui. Quand il arrive, c’est le soulagement : il fait environ 1m80, ça passe. 

Eh oui, vous êtes un peu grande « pour une fille » (la moyenne en France est 1m65 pour les femmes et 1m79 pour les hommes), et c’est toujours gênant si le garçon que vous rencontrez est minus. En réalité, ce n’est pas si facile de trouver un mec quand on est « une grande perche »… A tel point que Netflix en a fait un film pour ado « Tall girl » qui a son petit effet sur la plateforme.

Quel est le quotidien amoureux de ces nanas qui dépasse largement le mètre soixante-dix ?

Dater quand on est grande : des réflexes à choper, des talons à éliminer ?

« Je fais 1m74 et le seul moment où ça m’embête vraiment, c’est au moment des dates », confie Chloé. Elle raconte : « Qu’il s’agisse d’un rendez-vous Tinder ou d’un blind date organisé par une copine, j’ai toujours la crainte de le dépasser d’une tête […] Je mise toujours sur des chaussures ultra-plates, au cas où. Et malgré ça, ça m’est déjà arrivé d’être beaucoup (BEAUCOUP) plus grande que mon date ». Et là, c’est le blocage. Même après avoir passé du temps pour savoir comment s'habiller pour ce premier rendez-vous, impossible de se plonger dans la conversation de l’homme en face d’elle, aussi passionnante qu’elle soit.

Le seul moment où ça m’embête vraiment, c’est au moment des dates

Vidéo du jour :

L’auto-prohibition des talons pour le premier date, c’est un peu monnaie courante pour les filles de « grande taille ». Pour Sophie, le problème a perduré des années, lors d’une de ses relations, avec un petit ami au lycée énervé quand elle voulait porter des talons (il était plus petit qu’elle, qui mesure 1m74, avant de grandir ensuite…). « A force, j’ai arrêté d’essayer, et je n’en ai pas porté pendant le reste de notre histoire », confie-t-elle.

Pour Alice, les difficultés se portent plutôt en amont même d’une rencontre avec un homme. C'est par exemple : « les potes qui te disent 'non je ne connais pas de mecs plus grands que toi ou je connais un mec de deux mètres qui est célibataire'», ou la question récurrente quand elle rencontre quelqu’un :«et alors, il est plus grand que toi ?» Le « hic de départ » pour elle qui mesure 1m82, c’est plutôt « les remarques, les références cinématographiques qui montrent des meufs se jeter dans les bras de leur mec ambiance portés acrobatiques, tout ce qui te fait sentir ‘différente’ » pendant la fameuse période de l’adolescence », décrit-elle. 

L’adolescence, c’est aussi une période qui a marqué Sophie. « Je crois aussi que j’étais assez ‘awkward‘, c'est-à-dire qu'au niveau de la coordination des mouvements, de l'aisance, j'avais l'impression d'être un peu gauche ». Si aujourd'hui elle assume sa taille, elle admet : « Dans un contexte de séduction, je ne vais pas vraiment séduire des inconnus avec mon "langage corporel", et je pense que cela vient en partie de cette gêne liée à ma taille ».

Trouver un mec quand on est grande : se libérer de ses propres barrières

Mais en général, la gêne part avec le temps (en murissant). Emilie explique par exemple qu'avec le temps, elle a appris à « s'amuser » avec sa taille, à la « mettre en valeur». C’est aussi le cas pour Alice, heureuse en couple avec un homme qui « fait 5 cm de moins [qu’elle] » et qui lui demande juste parfois « tu mettras des baskets le jour du mariage ? » ou « mais tu t’en fous toi [de notre différence de taille, ndlr] ». Et elle insiste : « et oui, je me sens protégée par lui ! »

Pour Nathalie, c’est la même chose. Elle a conscience que c’est plutôt elle qui se met des barrières et pas les garçons. Elle a bien failli passer à côté d’une belle histoire qui a finalement duré trois ans. Au lycée, elle largue son mec au bout d’un mois car il est plus petit. Officiellement, elle « le voit trop comme son meilleur pote ». Après des semaines à hésiter et se résonner, elle retournera finalement vers lui.

Pour Emilie qui fait 1m78, elle dit « non » en dessous de 1m72, bien que « l’attirance physique a parfois ses mystères ». Mais elle assume « pré-sélectionner ». « Les codes d’un couple veulent que le garçon soit plus grand que la fille. Et c’est une idée dont il est très difficile de se détacher », explique-t-elle avant d’ajouter : « ce sont des codes qu’on devrait abattre car on se ferme définitivement des portes dans cette histoire ». Comme Nathalie aurait pu le faire. Comme Chloé aussi qui refuse catégoriquement que son mec soit plus petit. 

Les codes d’un couple veulent que le garçon soit plus grand que la fille

Comme Sophie peut-être qui livre son « tue l’amour total » : « il m’est déjà arrivé qu’un garçon plus petit que moi se mette sur la pointe des pieds pour essayer de m’embrasser ». Mais pas de limite de taille « tant qu’[elle] ne [doit] pas baisser les yeux pour regarder dans les siens ». 

Bien sûr, il y a toujours des petites situations…comme en plein ébat. « Ma taille peut compter dans certaines positions, si je fais l’amour debout, raconte par exemple Sophie, ce moment où je dois faire un demi-squat pour que monsieur puisse me pénétrer…not sexy ! »

Finalement, outre les années qui passent, c'est aussi en tombant amoureuse et vivant simplement leur(s) histoire(s) qu'elles se sont d'autant plus détachées du regard des autres et ont adopté la méthode du "Je m'en fous"