Croyez-le ou non, c’est un homme (Lucien Neuwirth pour la culture G) qui s’est battu pour la légalisation de la pilule en France. Apparemment, il faudra encore attendre un bout de temps pourtant pour que le sexe masculin s’empare pleinement de la contraception. Plus encore pour qu’il se dise que c’est à lui de la prendre. Seulement une centaine d’hommes sont « contraceptés » en France, selon des chiffres avancés par l’Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine (Ardecom).

Contraception : à quand le tour des hommes ? 

Ce n’est pourtant pas faute pour les femmes d’exprimer une volonté de changement. Petit à petit, une plus grande frange de la gente féminine dit stop aux hormones. Ainsi, la pilule, légalisée en 1967, amorce un recul dans son utilisation, en particulier chez les femmes de 20-29 ans, d’après le Baromètre Santé 2016 sur les pratiques contraceptives des femmes (et leurs évolutions depuis 2010) réalisé par Santé Publique France.

En 2010, 45% des femmes utilisaient la pilule comme moyen de contraception, contre 36,5% en 2016. La pilule reste tout de même le moyen de contraception le plus utilisé, devant le dispositif intra-utérin (l’un des stérilets, celui en cuivre, est notamment sans hormone) et le préservatif. 

Pourquoi les hommes ne sont-ils pas prêts à prendre cette responsabilité ? Question épineuse, car tout d’abord un tabou persiste. L’enfantement, et donc la contraception, a longtemps été « une affaire de femmes » (hello, sweet sexisme !), et cette idée a dû mal à être ébranlée. Ensuite, parce que ce tabou engendre une méconnaissance des Français. Saviez-vous qu’il existe d’ores-et-déjà des méthodes contraceptives masculines fonctionnelles sur le marché ? On fait un tour d’horizon. 

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Contraception : le boom de la vasectomie

Sans surprise, l’une des méthodes les plus simples est l’utilisation du préservatif. On estime cependant sa fiabilité à 85%, donc même s’il faut toujours sortir couverts, un risque persiste (comme dans toutes les méthodes, remarquez).

D’autres, encore plus téméraires, optent pour le retrait, aussi appelé coït interrompu. Sans vous faire un dessin trop détaillé, cela consiste à enlever son pénis du vagin de sa partenaire avant l’éjaculation. Bien sûr, les risques sont grands…surtout pour ceux qui oublie que le liquide pré-séminal peut entraîner avec lui le reste de sperme d’un précédent rapport présent dans l’urètre : si les spermatozoïdes sont toujours vaillants, ils vont alors nager jusqu’aux ovules pour les féconder.

Les autres moyens de contraception sont plus fiables, mais plus contraignants. La plus radicale, c’est la vasectomie. Elle connaît d’ailleurs un grand boom ces dernières années, alors que la France est l’un des pays les plus frileux quant à cette technique. Selon des chiffres de l'Assurance Maladie, le nombre de vasectomies a augmenté de 491% entre 2010 et 2018. Dans le détail, 9 240 hommes ont choisi cette méthode de stérilisation en 2018, contre 1 880 en 2010.

Il s’agit d’une opération des canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes, rendant ainsi l’homme stérile. L’opération est totalement prise en charge par la Sécurité sociale.

Cette méthode est dans la plupart des cas réversibles. Au cas où, les hommes qui y recourent ont la possibilité de congeler du sperme gratuitement avant l’opération. 

Contraception hormonale vs thermique : le coeur des homme balance ?

Il existe également une contraception hormonale masculine. Non, ce n’est pas encore la pilule contraceptive pour hommes, qui en est encore à l’état de test. Il s’agit d’injections de testostérone hebdomadaire.

Pourquoi c’est contraignant ? D’abord, parce qu’il faut trois mois après le début du traitement pour l’arrêt de la spermatogénèse (processus de production des spermatozoïdes), donc pour que ce soit efficace. Ensuite, parce qu’il faut faire des spermogrammes au cours du traitement, et que c’est enquiquinant. Ensuite, parce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un usage limité à dix-huit mois, et que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) recommande son usage seulement aux « hommes de 25 à 45 ans n’ayant pas certains antécédents (cardiovasculaires, hépatiques, de cancers, d’obésité, psychiatriques, etc.) ou ne consommant pas de tabac ».

Enfin il y a le slip chauffant. C’est ce qu’on appelle la contraception masculine thermique. Non reconnu pas les autorités sanitaires, il est façonné de telle sorte à venir plaquer les testicules contre le reste du corps, faisant ainsi grimper leur températures de 34 à 37 degrés. Or, au-dessus de 35 degrés, la spermatogénèse s’arrête.

Cet objet doit se porter au maximum 15 heures tous les jours, pour un maximum de quatre ans selon les recommandations des médecins, les études n’étant pas allées au-delà de cette durée.

L’anneau pénien « Androswitch » suit d'ailleurs le même fonctionnement.

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