Doit-on s’adapter aux femmes qui ont des règles douloureuses ? L’Inde vient de répondre oui. Enfin, disons plutôt une grande entreprise indienne, Zomato, l’équivalent d’Uber Eats en France.

Le géant de la livraison de nourriture a décidé d'accorder dix jours de congés par an à ses salariées femmes et transgenres qui souffrent de règles douloureuses.

Congé menstruel, ou la reconnaissance des règles douloureuses

"Il ne devrait y avoir aucune honte ou stigmatisation associée à une demande de congé pour des règles douloureuses", a expliqué le directeur de l’entreprise, Deepinder Goyal, sur le blog de l’enseigne. 

Cette décision a du poids, d’abord parce que c’est en Inde, et que les menstruations y sont encore largement taboues. Dans certaines familles, les femmes ne peuvent pas toucher la nourriture ou dormir avec leur mari pendant leurs règles car elles sont jugées ‘impures’ lors de cette période de leur cycle menstruel. Dans ce pays si lié à la spiritualité, certaines régions interdisent par ailleurs aux femmes d’entrer dans les temples lors de cette période de saignement. Sans compter les jeunes filles qui ne peuvent pas aller à l'école pendant leurs menstruations. 

Elle marque les esprits parce que c’est une entreprise de taille qui l’applique : Zomato emploie plus de 5000 salariés. C’est un symbole fort que Deepinder Goyal compte envoyer. Il s’engage même au-delà et invite les femmes victimes de harcèlement au sujet de leurs règles ou de ce congé à se faire connaître.

Vidéo du jour :

Le congé menstruel n’est pas nouveau en Asie. Il existe même depuis 1947 au Japon sous le nom de congé physiologique. La Corée du Sud, Taïwan, et l’Indonésie ont ensuite suivi l’exemple.

Un congé menstruel en France : c'est pour quand ?

Il permet de mettre en avant pour ne plus nier l’ensemble des douleurs liées aux menstruations : syndrome prémenstruel, ovaires polykistiques, endométriose, ou troubles de règles en tout genre sont le quotidien de très, très nombreuses femmes.

Une sur 10 pour l’endométriose, et les trois quarts des femmes (à des degrés très divers) pour le syndrome prémenstruel, à titre d’exemples.

L’Asie est-elle finalement plus avancée que la France, qui en est toujours au stade de débat sur le sujet du congé menstruel ? Disons que la société encore trop patriarcale fait se poser des questions. Est-ce réellement rendre service aux femmes que de leur accorder dix jours par an ?

Non, selon certains, qui craignent que les employeurs préfèrent recruter des hommes plutôt que des femmes. La piste du télétravail est aussi évoquée pour trouver un compromis. Mais pour le moment, rien. La France reste au stade de la démocratisation des dysménorrhées, mais est-ce assez ?