Comme la majorité des mères célibataires, Gaëlle rencontre des difficultés à trouver l’amour. Elle est divorcée depuis un an et demi et élève seule ses deux filles. « J’ai l’impression que mon étiquette de maman me colle à la peau. Les hommes fuient dès qu’ils apprennent que j’ai des enfants. Certains ne disent rien sur le moment mais deviennent de plus en plus distants », souffle la trentenaire.

64 % des mères célibataires confient être fatiguées, selon une étude menée par Ipsos pour Even, application de dating dédiée aux parents solos, lancée en mai 2023. Un chiffre qui n’est pas si étonnant quand on sait que 52% d’entre elles ont la garde exclusive de leurs enfants. Outre le fait qu’elles manquent de temps et ont un quotidien qui ne leur offre que peu d’espace et de possibilités pour faire des rencontres spontanées, elles se retrouvent parfois confrontés à des désillusions dans le monde du dating. Témoignages.

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Un manque de temps et d’occasion pour les mères célibataires

« J’ai mes filles quasiment tout le temps donc difficile de sortir et de faire des rencontres », confie Gaëlle qui a la garde exclusive. Comme 69% des mamans solo, la trentenaire souligne le manque d’occasions. « Ce n’est pas évident de rencontrer de nouvelles personnes, hors de son cercle social. Il faut des amies disponibles, pour aller boire un verre, visiter une expo ou autre. Quand la majorité sont en couple, et avec enfants, c’est d’autant plus compliqué », affirme-t-elle. 

Précarité, charge mentale doublée, coupure sociale : le poids de l’isolement est lourd sur les mères célibataires. Selon l’étude Ipsos pour Even, 17 % des femmes célibataires avec enfants n’ont pas les moyens de payer une babysitter (contre 7 % des hommes célibataires). « J’ai consciemment sacrifié ma vie amoureuse pendant cinq ans », affirme Neika, 33 ans et mère d’une petite fille. « Je suis très peu entourée, ce qui veut dire que je n’ai que très peu de possibilités de faire garder ma fille, sauf si je paie une baby-sitter ou une nounou et c’est déjà compliqué de tout gérer avec un seul salaire. Est-ce que la personne qui me propose un date me plaît suffisamment pour que ça vaille l’argent et le temps dépensés ? C'est le genre de réflexion que je dois me poser en tant que mère célibataire », déplore la jeune femme. Léa*, 33 ans, maman d’un garçon de 3 ans, a vite compris que son « statut » de mère allait compliquer les choses : « En bossant H24 avec un enfant, les moments pour draguer sont limités. Et malheureusement, nous ne sommes pas dans un téléfilm de Noël ! », plaisante-t-elle.

Une situation qui laisse peu de place à l’inattendu. « On oublie la spontanéité pour voir quelqu’un ou filer à un rencard. On est obligée de tout calculer et prévoir à l’avance », regrette à son tour Gaëlle. Pour pallier ce manque de rencontres « dans la vraie vie », certaines femmes se tournent vers les applications de rencontre. Mais ce n’est pas gagné pour autant. 

Les mamans solos, souvent victimes de ghosting 

Si le ghosting, comportement amoureux qui consiste à ne plus donner de nouvelles du jour au lendemain à une personne avec laquelle on flirtait, n’épargne personne, il semblerait que les mères célibataires y soient particulièrement exposées sur les applications des rencontres. « 53% d’entre elles se font ghoster à partir du moment où elles disent qu’elles ont un enfant », appuie Marion Graff.

« Je ne compte plus les fois où je me suis faite ghoster sur les applications de rencontre. Désormais, j’annonce rapidement que j’ai un enfant dans la conversation, ça fait un premier tri immédiat », témoigne Neika. « Beaucoup de mères célibataires se sentent en décalage sur les applications de rencontres car les préoccupations et les priorités ne sont pas les mêmes », explique la porte-parole d’Even. « Peu d’hommes comprennent les challenges auxquels les mamans solos font face. J’enchaîne les déceptions. Et quand je vois ce que ça me coûte en temps, organisation, argent pour des rendez-vous moyens, je me dis que ça ne vaut pas le coup », confirme Neika.

Léa rapporte le même type d’expérience : « Je dis que je suis une maman célibataire assez vite pour éviter les malentendus, et ça freine les hommes. Certains me disent qu’ils ne sont pas prêts à être beaux-pères mais je ne cherche pas de père pour mon fils, il en a déjà un, je cherche un mec ou encore qu’ils ne peuvent pas assumer financièrement mais je n’ai pas besoin d’aide non plus à ce niveau-là », s’agace-t-elle. Pour éviter de revivre ces situations, elle s’est inscrite sur Even. « Je me sens plus en confiance », confie-t-elle. En revanche, pour Gaëlle, dater un parent solo n’est pas forcément plus évident. « En fonction du mode de garde, si on a les week-ends de garde inversés, ça complique pas mal les choses », considère celle qui refuse pour le moment d’essayer les applications dédiées aux parents solos. « J’ai déjà daté des hommes qui avaient des enfants, mais je fais très attention à la façon dont ils parlent de la mère de leur enfant. Ça peut être un gros red flag pour moi », prévient Neika.

Une organisation différente pour faire des rencontres

Léa, Neika et Gaëlle tentent de concilier leurs responsabilités de parent et leur envie de vivre une histoire d’amour. Mais trouver un partenaire à la hauteur prend du temps, ce dont peuvent cruellement manquer les cheffes de famille monoparentales… « Les mamans solos sont carrément lésées pour refaire leurs vies », estime Léa. « J’ai une garde exclusive classique. Si je veux rencontrer quelqu'un, j’ai deux journées tous les 15 jours… Car je ne vais pas aller à un date avec mon fils, ou inviter un inconnu à la maison a partager le rituel du soir ». Le fait d’avoir la garde exclusive de ses enfants rend aussi Gaëlle très peu disponible pour les rendez-vous amoureux : « N’avoir des dates que 4 jours par mois, ça manque clairement de spontanéité et prévoir 10 jours à l’avance un date, ça ne plaît pas aux hommes, et je peux les comprendre ».

De son côté, Neika organise des rendez-vous sur sa pause-déjeuner ou le vendredi après-midi. « Je prends une baby-sitter pour un afterwork au boulot ou pour une soirée entre amis, mais pour un premier date, je préfère ne pas engager de frais directement », affirme-t-elle. Comme elle, près de la moitié des parents solos préfèrent, sans grande surprise, l’après-midi ou la pause déjeuner pour organiser un premier rendez-vous. Léa, quant à elle, se dit prête à investir un peu plus de temps dans sa recherche de l’amour. « Jusqu’ici, je me complaisais un peu dans mon célibat, car j’avais besoin de temps pour me reconstruire. Mais récemment, je me suis dit que j’avais envie de trouver l’amour et que je devais lui faire de la place », raconte-t-elle. « Le plus compliqué quand on est parent célibataire c’est de retrouver du temps pour soi », commente Marion Graff. « J’apprécie me faire draguer, ça booste ma confiance et c’est déjà une bonne chose. D’ailleurs les désenchantements du début m’ont aussi permis de mieux savoir ce que je veux/ne veux plus et d’être sûre d’une chose : mon fils passera toujours en premier et je n’ai pas plus peur de l’assumer », conclut Léa.