Le lancement en 2017 de Fenty Beauty, la marque de la chanteuse Rihanna, a été un tournant dans l’industrie de la beauté. Avant, on proposait un produit à l’acheteuse qui devait se contenter de prendre ce qui lui correspondait le mieux. Dorénavant c’est la consommatrice qui dicte les règles du jeu.

Rihanna et son label se veulent inclusifs, d’où le terme « beauté inclusive », pour répondre à la demande de millions de femmes qui ne se retrouvaient plus dans le monde des cosmétiques tel qu’il existait jusqu’alors. Par exemple, beaucoup de marques ne proposent sur le marché que 10 à 20 teintes de fond de teint, alors qu’il existe bien plus de variétés de carnation que cela. De nombreuses clientes se retrouvent ainsi discriminées, les boutiques de cosmétiques n’ayant que peu de choix à leur proposer.

La beauté inclusive ou la revanche des peaux noires

Celles qui profiteront le plus de la beauté inclusive, ce sont les femmes à la peau noire. En effet, elles avaient souvent bien du mal à trouver leur bonheur au sein des rayons beauté.

A l’heure où la diversité devient un réel enjeu de société, l’industrie de la beauté se devait de proposer des offres plus variées. Lors du lancement de Fenty Beauty en septembre 2017, les teintes les plus foncées ont vite été en rupture de stock, preuve que la demande est bel et bien là.

De nombreuses marques élargissent leur palette de couleurs afin de répondre aux demandes des femmes qui exigent de plus en plus une beauté personnalisée. Estée Lauder propose ainsi une gammes de 51 teintes pour son fond de teint Double Wear Tenue Intransférable SPF10, M.A.C. propose 42 teintes pour son fond de teint Studio Fix, Makeup Forever propose 40 teintes, Sephora 37. La beauté inclusive devient une nouvelle philosophie pour ces labels make up

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Outre les fonds de teint, les marques font également leur mea culpa sur les rouges à lèvres et les fards à paupières, considérés comme bien trop pâles par une partie des consommatrices. 

La technologie numérique pour une beauté encore plus inclusive

Grâce aux réseaux sociaux et aux technologies numériques, les achats de cosmétiques sont de plus en plus personnalisables. Emily Weiss, la fondatrice de la marque Glossier, l’a bien compris. 

Partant du principe qu'il faut écouter les envies des femmes, elle a su proposer des produits de beauté qui répondent directement à leurs attentes. Et pour connaître ces attentes justement, elle a utilisé les réseaux sociaux. Ancienne bloggeuse, Emily Weiss disposait d’une communauté importante et très engagée qui a su lui exprimer ses désirs très variés, vu la multitude des profils recensés.

De plus en plus, les pontes de la beauté doivent user de nouvelles stratégies pour satisfaire leur clientèle et proposer des offres de plus en plus larges, sous peine de se faire boycotter par une partie de la population. Grâce aux vidéos postées sur leurs pages YouTube ou leurs comptes Instagram, les marques peuvent tester ce qui marche ou pas.

Elles peuvent également savoir quasi en temps réel quelles sont les nouvelles tendances beauté, et adapter ainsi leur offre, grâce notamment aux requêtes Google et aux influenceurs qui lâchent de nombreuses informations sur les réseaux sociaux quant à la mode du moment. 

L'arrivée des instituts de beauté inclusive

Et parce que la beauté inclusive se doit de réunir tout le monde, il faut aussi penser à toutes les personnes porteuses d’un handicap et/ou qui ont des problèmes de peaux

Parce que toutes les peaux ont le droit à des soins beauté, il existe un institut de beauté inclusive, situé dans le IXe arrondissement de Paris. Pour le moment unique en France, l'institut Dulcenae s’adresse à tout le monde sans exception et surtout aux corps abîmés et en reconstruction. Ouvert depuis le 3 juillet 2018, ce centre a été imaginé par un couple, Sophie et Laurent. Ce dernier, brûlé à l’âge de 4 ans, a été touché à 60% de son corps. A cause d’une méconnaissance des brûlures, il s’est souvent retrouvé ignoré quand il s’agissait de lui fournir des conseils beauté.

Il a donc décidé, avec sa femme, de créer cet institut où trois socio-esthéticiennes accueillent tous ceux qui le souhaitent. La socio-esthétique demande une année de formation supplémentaire aux esthéticiennes, avec des modules d’oncologie, de handicap ou encore de psychopathologies. 

A l’institut Dulcenae, les produits de soin utilisés sont sans paraben, sans silicone, sans sulfate, sans huiles minérales et sans perturbateurs endocriniens. De même, le salon travaille avec la marque de cosmétiques Eye Care, qui propose des produits adaptés à toutes sortes de contre-indications. Ainsi, les personnes en chimiothérapie, les personnes brûlées ou encore celles qui ont de l’eczéma, de l’acné ou du psoriasis peuvent porter du maquillage.

Sophie et Laurent souhaitent désormais ouvrir d'autres centres et étendre le réseau de socio-esthéticien(ne)s à toute la France, afin que tous puissent bénéficier des bienfaits des soins prodigués par un institut de beauté inclusive. 

L'enjeu pour les marques de cosmétiques est donc très important, tant d'un point de vue financier que sociétal. La clientèle évolue et devient de plus en plus exigeante, et à raison ! Il faut donc savoir adapter son offre afin d'être capable de répondre à toutes les demandes.

>>> Alors, la beauté inclusive, vous validez ?