Ce peut être aussi gênant qu’excitant. Exprimer ce qu’on aime ou qu’on n’aime pas au lit est un exercice délicat. Parce qu’il y a une certaine pudeur, parce qu’il y a la peur de froisser l’autre, parce qu’on ne vous a jamais demandé ce qu’on voulait.

Pourtant cette communication en couple (en tout cas entre deux partenaires) au lit est parfois la clé pour une sexualité épanouie. Parce qu’être à l’écoute des réactions de l’autre s’apprend, parce qu’un bon débrief évite des cunnilingus ratés, parce que grimper aux rideaux ou faire grimper son partenaire aux rideaux (oui, on aime les expressions amoureuses à l’ancienne), ça s’apprend aussi grâce à l’autre.

Exprimer ses désirs au lit pendant un rapport sexuel

"J’ai toujours une petite appréhension quand la relation est nouvelle", confie Aurélien. "Au bout d’un certain temps, tu connais tes sensations, tu connais les siennes, il y a une nouvelle alchimie entre nos deux désirs, même s’il y a toujours quelques ratés", explique-t-il.

Il note cependant qu’exprimer ses désirs au lit est plus facile aujourd’hui qu’il y a quelques années. Outre cette complicité qui lui est indispensable pour s’exprimer plus librement, il s’estime plus mature, plus confiant pour dire ce qu’il aime. En bref, Aurélien a appris à exprimer ses désirs en les connaissant.

Tout comme Sarah. Pour elle, une certaine maturité dans sa sexualité, des expériences avec différents hommes, mais surtout, une exploration de sa propre sexualité, de son propre corps a permis de dire ce qu’elle aime, n’aime pas, veut, et ne veut pas sur le moment.

Si elle est au clair sur ses envies quand son partenaire les lui propose, en revanche, elle n’est pas très à l’aise pour faire des propositions en plein ébat. Non pas qu’elle n’a pas d’idées, mais elle se laisse plutôt porter.

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"Je ne suis pas quelqu’un qui prend beaucoup les devants. Mais j’apprends, parce qu’on en a discuté, et mon copain aimerait que parfois ce soit moi qui prenne davantage les initiatives", explique Sarah.

Cette auto-censure, elle ne sait pas d’où elle vient, juste qu’elle a toujours été là. Ce qui commence à changer avec son compagnon d’aujourd’hui, c’est qu’il lui demande beaucoup ce qu’elle veut, en plus d’être très à l’écoute de ses réactions, de son plaisir, pour changer, s’adapter ou simplement continuer en fonction.

Sarah apprend à exprimer ses désirs en répondant aux questions de son amoureux : "‘Tu as des envies, et si oui, qu’est-ce que tu voudrais faire ?’, me demande-t-il souvent. Au début, ça me surprenait un peu, je ne trouvais pas ça sexy car j’aime bien que l’excitation passe simplement par les gestes, et finalement, ça a vraiment débloqué la communication et m'a permis de comprendre comme être avenante au lit".

Jeanne a une toute autre technique : elle prend les devants. "Je n’ai pas vraiment à exprimer mes désirs parce que je me retrouve souvent avec des garçons qui se laissent porter", assure-t-elle.

"Je trouve quand même que ça dépend beaucoup du mec. En l’occurrence, mon mec actuel est assez basique, c’est à moi d’amener d’autres pratiques mais ce n’est pas facile avec quelqu’un qui ne propose pas de son côté : je ne veux pas que la personne se sente forcée".

Elle s’explique : "j’ai déjà vécu des moments où un mec veut une fellation sans oser dire, alors c’est maladroit, gênant et je ne veux pas reproduire cette sensation dans l’autre sens". C’est aussi pour cela qu’elle préfère prendre les devants.

En plus de la personne, cela dépend aussi de la pratique. "J’adore la sodomie, donc je n’ai aucun mal à dire que j’en ai envie, même avec un homme avec qui je couche pour la première fois". Il y a des moments où elle est en revanche moins à l’aise : "J’ai plus de mal quand l’autre a fini et que j’ai envie qu’il continue pour moi, qu’il me touche".

Exprimer ses désirs au lit en dehors du lit

Si Sarah ne prend pas trop la parole lorsqu’ils font l’amour, elle aime échanger en dehors. "Au bout d’un ou deux mois de relation, on a vraiment commencé à discuter de ce qu’on aimait : ce que tu faisais au début ça ne me plaisait pas trop, je préfère quand c’est comme ça, j’aime beaucoup les bisous dans le cou, j’adore cette position, etc. Et dans les deux sens". Surtout, "on a vite parlé de la sexualité au-delà de la pénétration, ça a créé un déclic en moi".

C’était important pour lui, puis pour les deux d’être à l’aise sur le sujet. Depuis, ils débriefent régulièrement après le sexe, mais peuvent aussi en parler à tout moment, lors d’un moment détente.

Jeanne, quant à elle, va plutôt en parler si elle sent qu’il y a un blocage précis. Exemple : "je faisais des fellations et ça n’allait pas jusqu’au bout alors j’ai voulu savoir si ça venait de lui, de moi, de nous".

Une grande discussion s’en est suivie : il s’avère qu’il n’était pas à l’aise à l’idée de lâcher-prise, qu’il ne savait pas si c’était okay pour qu’il éjacule dans sa bouche, s’il devait la prévenir quand ça arrivait, etc.

"Il avait besoin d’en parler un peu pour accepter son désir et c’est en ayant une discussion sur notre désir (moi qui aime bien les fellations où il va jusqu’au bout, lui que ça tente aussi) en dehors de l’acte qu’on a pu l’assouvir", sourit-elle.

Exprimer ses désirs au lit…quand ce n’est pas top

Il arrive que la communication soit nécessaire pour corriger une pratique. Parfois, comme Jeanne, en dehors du sexe, et parfois, c’est nécessaire pendant !

Pour Aurélien, il faut réussir à trouver le bon moment entre ne pas vexer la personne au début, sans laisser s’installer la chose. Il s’explique : "Il y a des positions que je n’aime pas trop faire, parce que ça ne me procure aucune sensation. Sauf que les premiers mois, quand elle me demandait, je lui disais que ça me plaisait pour ne pas la vexer. J’ai laissé passer les choses, et ce n’est pas au bout de six mois que j’allais lui dire : en fait, je n’aime pas".

Pour lui, quand c’est installé, c’est trop délicat à aborder. Alors il préfère dire oui quand elle propose ces positions, sachant qu’elle les adore, plutôt qu’elle se dise qu’il la balade depuis des années.

L’approche est un peu différente quand la manière de faire ne lui plait pas. "J’arrive à la guider avec des mots dans certaines pratiques, par quelques mots mais surtout gestes, mais si je vois que même en guidant ce n’est pas comme je veux, je prends le dessus."

Il ne s’impose pas, mais va doucement prendre les rênes du coït.

Jeanne, quant à elle, va plutôt proposer de changer de pratique ou de positions, en tout cas si c’est avec un nouveau partenaire où elle sent que c’est perdu d’avance. Elle pense notamment au cunnilingus : "parfois c’est trop d’énergie d’expliquer à quelqu’un ce qu’il doit faire pour que ce soit bien, surtout s’il est persuadé de bien faire".

Sarah, elle, est assez à l’aise avec son copain pour le corriger. "Je suis assez sensible, je dois parfois lui dire comment je me sens pour adapter la manière de stimuler mon clitoris". Mais encore une fois, c’est grâce à la relation de confiance qu’elle a créé avec lui, qu’elle a pu se permettre d’exprimer ses désirs, sans crainte.