Ne pas jeter les vêtements

« Tous les ans, près de 150 millions de tonnes de vêtements et chaussures sont vendus dans le monde, dont 85 % finissent dans les décharges ou sont brûlés plutôt que d’être recyclés », nous informe Paul Dietzsch-Doertenbach, manager d’I:CO, principal prestataire de H&M pour la collecte de vêtements et le recyclage. Un chiffre alarmant qui signifie que seulement 15 % de nos vêtements sont remis dans un cercle vertueux de consommation, et que nous sommes donc une petite poignée à donner une seconde vie à notre penderie.

Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent : collecte dans les boutiques de mode, applis de revente comme Vinted, dons auprès d’associations telles Emmaüs... Pour Paul Dietzsch-Doertenbach, il est urgent de changer nos habitudes, et passer d’un modèle de production linéaire à circulaire.

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Au lieu d’extraire des matières premières du sol (comme le coton) pour fabriquer puis jeter, I:Co propose une vision plus pérenne pour la planète. Il ne s’agit plus de se débarrasser de nos vêtements, mais de les rapporter dans des points de collecte afin de leur donner une seconde vie lorsqu’ils sont encore de bonne qualité, ou de recycler leurs fibres pour les introduire dans d’autres circuits de production. Ainsi, rien ne se perd, tout se transforme.

 

Que deviennent nos vêtements déposés en boutique ?

En 2017, H&M a récolté près de 18 000 tonnes de vêtements, soit 89 millions de T-shirts. Que sont-ils devenus ? Isak Roth, responsable du développement durable au bureau d’achat chez H&M, nous explique que l’enseigne s’est naturellement tournée vers I:CO, leader sur le marché du recyclage, qui collabore déjà avec près de 40 enseignes mode comme Guess, Okaïdi, Forever 21, Levi’s…

Située en Allemagne, près de Berlin, l’usine récupère les vêtements provenant des collectes de toute l’Europe. « Près de 3000 tonnes de vêtements arrivent chaque jour », précise Paul Dietzsch-Doertenbach. 700 manutentionnaires trient les habits, et tous ne partent pas pour le recyclage. Environ 60% sont suffisamment de bonne qualité pour intégrer des marchés d’occasion. Ils sont donc reportés et retrouvent une seconde vie immédiate.

Ceux qui sont trop abîmés partent au recyclage et représente environ 34% des dons. Ils sont triés en fonction de différents critères très précis, puis transformés pour intégrer l’industrie du textile ou l’industrie automobile, notamment pour les rembourrages des sièges autos. Certains sont aussi utilisés pour la production de matériaux isolants. Durant ce processus, rien n’est jeté. Les boutons et fermetures éclairs en métal son récupérés pour l’industrie métallurgique. De même, la poussière issue des mécanismes de recyclage est pressée en briquettes pour l’industrie du carton. Enfin, les 6 % restants sont revalorisés en combustibles solides. Bilan : aucun vêtement ne part à la benne.


Cependant, une question subsiste pour tous ces géants de la fast fashion : que deviennent les collections invendues ? Intègrent-elles ce circuit de recyclage ? Sont-elles détruites ? Sur ce point, Isak Roth de chez H&M est formel : « Nous ne produisons pas pour détruire. Nous avons peu de stocks car nous écoulons beaucoup en boutiques, mais lorsqu’il y en a, la majorité part pendant les soldes. Penser que nous mettons nos vêtements à la décharge n’est pas une réalité. Nous préférons vendre, même à petits prix. D’autant que détruire des vêtements représente un véritable coût pour une entreprise. ». L’objectif d’H&M est clair : s’engager pour le climat en intégrant un système de production vertueux, mais aussi utiliser 100% de matériaux recyclés ou durables d'ici 2030 au plus tard.

Où rapporter ses vêtements ?

Plusieurs enseignes ont mis en place la collecte de vêtements contre des avantages pour leurs clientes. On fait le point :

Chez H&M, un sac de vêtements déposé contre un bon 15 % de réduction.

Chez & Other Stories, un sac de vêtements déposé 10 % sur l’achat d’un article neuf.

Chez Monki, un sac de vêtements déposé contre une réduction de 10%.

Chez Kaporal, on rapporte son vieux jean et on reçoit un bon de 20 € pour un jean neuf.

Chez Bonobo, on rapporte quelques vieux vêtements et on reçoit un bon de 5 € à valoir sur ses prochains achats.

Chez Cyrillus, un sac de vêtements déposé contre un bon de 5 € sur toutes les collections à valoir dès 20 € d’achat.