Votre crush du moment ne vous rappelle pas ? Vous avez l'impression de ne pas lui plaire ? Et si on vous disait que le problème ne vient peut-être pas de vous. Certains hommes ont peur. Peur des femmes trop qui savent ce qu'elles veulent, des femmes avec une forte personnalité et de celles qui font une carrière meilleure que la leur. 

Les femmes très accomplies impressionnent les hommes

Certains hommes peuvent avoir peur des femmes très autonomes, aussi bien financièrement qu'humainement. Pour Priya, 35 ans, c’est évident, son ambition professionnelle joue contre elle : "J’ai monté ma boîte de cosmétiques toute seule, et je me donne à fond, j’entasse les produits chez moi, j’appelle les fournisseurs, je teste les recettes, je recrute. À mon dernier rencard, quand j’ai dit que j’étais PDG, le mec m’a appelée boss, puis il ne m’a jamais rappelée." Réussir professionnellement, du moins plus que lui, peut faire de vous une femme qui impressionne un homme.

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Quant à Sophie, 43 ans, c’est son indépendance qui rend les hommes distants. "Il y avait ce mec qui me plaisait, il était militaire. Quand je lui ai dit que mon rêve, c’était d’acheter un bateau pour faire une transat en solitaire et que je ne croyais pas au mariage, il m’a dit que j’étais trop borderline pour entrer dans sa vie."

  • Mais pourquoi ils ont peur ?

Devant des femmes qui font montre de qualités sociales jusque-là jugées "masculines " certains hommes se sentent au pied d’un Everest infranchissable. Pourquoi une femme indépendante fait-elle peur aux hommes ? Et bien c'est simple : ils ont peur de ne pas être à la hauteur. Car s’ils ne sont pas ceux qui apportent l’argent, le statut, la sécurité, ou même le patronyme, qui sont-ils ? Ces femmes représentent pour eux un trop gros risque identitaire. Ils se sentent émasculés. Reconnaître la force de leur partenaire, ce serait prendre le risque de perdre la leur ? À moins que la rencontre amoureuse ne soit précisément pas une compétition, ni une course au sommet, ni un rapport de forces ?

  • Ou bien :

C’est elles qui, dans le fond, craignent qu’ils ne soient pas à la hauteur ? Certes, il est des hommes qui prennent leurs jambes à leur cou, mais il en est d’autres à qui les femmes ferment la porte, par peur d’exposer
leurs fragilités. Ayant parfois lutté durement pour acquérir liberté et autonomie, elles peuvent être tentées de s’accrocher aux images valorisées d’elles-mêmes, et gare à celui qui tentera de les ébranler. C’est vrai que quand on tient bien les rênes de sa propre vie, on peut craindre de se sentir remise en question par une rencontre. Car c’est ce qui arrive !

Être singulière physiquement peut déstabiliser votre date

Pour Svetlana, 20 ans, c’est à cause de son physique que les hommes prennent la poudre d’escampette : "Je mesure 1,80 m et je pose pour des marques. Mon ex ne supportait pas les regards sur moi, ou que je poste une photo sur Insta. Je passais mon temps à le rassurer, je ne portais que des baggy. Des talons ? Même pas en rêve. Je le dépassais, ça le rendait fou." Paradoxalement, les hommes peuvent avoir peur des jolies femmes.

Pour Pauline, 33 ans, c’est sa musculature qui impressionne : "Je fais du triathlon, et un jour, un mec m’a dit que j’étais trop musclée, que j’avais plus d’abdos que lui, et que je devais freiner sur le sport pour ne pas le rendre ridicule. Depuis, je me demande si je suis assez féminine."

  • Mais pourquoi ils ont peur ?

Que se passe-il dans le cerveau d’un homme qui sort avec une femme plus grande que lui ? Se sentirait-il comme un enfant devant ses parents ? L’université américaine de Colombia a observé que la perception des expressions faciales variait selon la hauteur du point d’observation. Quelqu’un qui nous regarde de plus haut semblerait contracter ses sourcils et donc nous toiser ou nous gronder ! Une sensation d’intimidation qui viendrait d’une simple illusion d’optique et qui nous rappelle qu’on ne voit bien qu’avec le cœur ? La plupart des hommes ne sont toujours pas à l'aise avec l'idée de sortir avec une femmes plus grande qu'eux. 

  • Ou bien :

Ce sont elles qui ont intégré leur singularité physique comme un obstacle ? Les études sociologiques américaines montrent que quand on porte sur soi une différence saillante ou une particularité physique, on se retrouve alors projeté dans le monde de la marge et "l’hypervisibilité" : le regard des autres ne nous lâche jamais et nous force en permanence à conscientiser notre apparence, voire à la "normaliser".

Impossible dans ces conditions pour certaines femmes de s’oublier, de se laisser aller, ou d’être elles-mêmes. Or c’est précisément le terreau fertile pour une rencontre. Il leur faut beaucoup d’ouverture et de courage pour cesser de se défier du regard des autres et s’abandonner totalement au regard aimant !

Avoir un entourage trop présent : les hommes se sentent en trop

Pour Annabelle, 35 ans et mère célibataire de trois enfants, c'est sa situation familiale qui dérange : "J’ai rarement une soirée à moi, je jongle entre les cours de poney, les devoirs, les courses... Je suis obligée de caler mes rendez-vous trois semaines à l’avance, le dernier mec que j’ai rencontré trouvait que ce n’était pas romantique."

Quant à Isabella, c’est sa proximité avec sa famille qui selon elle, file froid dans le dos : "J’ai mes parents au téléphone tous les jours, et je vais les voir tous les week-ends. C’est mon côté italien, j’ai la famille dans le sang. Un de mes rencards m’a dit un jour qu’il voulait bien de moi, mais pas de ma mafia !"

  • Mais pourquoi ils ont peur ?

Dans des familles très soudées, avec des liens forts, qui ressemblent à des clans, on peut se demander si l’intégration d’un partenaire ne relève pas d’une immersion ethnologique en tribu inconnue ! Adopter les us et coutumes du groupe pour y entrer et partager un quotidien, c’est accepter de sacrifier ou métamorphoser une partie de soi, voire renoncer à son propre groupe ou à sa propre filiation. C’est mourir à quelque chose, et ça c’est terrifiant, pour renaître à une autre. Et ça, c’est vivifiant !

  • Ou bien :

Ce sont elles qui craignent l’altérité, celles des autres et surtout la leur ? Le conte du vilain petit canard nous le rappelle bien : être soi, c’est prendre le risque de sa différence et de son altérité fondamentale, celle qui nous sépare même de ceux que nous chérissons et à qui nous sommes loyaux. Quand des femmes se définissent avant tout et en premier lieu par un rôle interactionnel – "je suis une mère, une fille, une sœur, une épouse "–, on peut se demander si elles se sont autorisées à rencontrer leur petit canard intérieur, celui qui poursuit l’appel qui n’est rien qu’à lui, et qui l’emmène vers sa tribu d’âmes, à la rencontre de ceux et celles qui lui donneront des ailes.

Face aux femmes d'expériences, un crush peut perdre ses moyens

Pour Marie-Céline, 40 ans, c’est le nombre de ses conquêtes qui impressionne et fait fuir : "Quand je dis au cours d’un date que j’ai eu beaucoup de relations, avec des hommes comme avec des femmes, et que je me sens très libre là-dessus, je sens que le mec est gêné, comme si j’avais fait une grosse bourde." Et quand un homme a peur d'une femme, il peut fuir et ne jamais la rappeler. Mais qu'on se le dise, un partenaire qui ne vous accepte pas comme vous êtes, n'est finalement pas une grande perte.

Pour Fatima, c’est son passé qui intimide : "J’ai vécu une relation toxique il y a quelques années, j’ai été abusée et frappée, et quand j’ai enfin osé en parler à l’homme à qui j’avais envie de me confier je l’ai senti se fermer, comme si c’était ma faute."

  • Mais pourquoi ils ont peur ?

Pour un homme qui voudrait se projeter dans un présent et un futur avec une femme, le passé peut s’avérer un redoutable rival. Avec un peu d’aide de l’imaginaire, il se dote d’un pouvoir immense et pèse sur un partenaire qui voudrait sans cesse le surpasser ou le réparer. Or c’est un fantasme de toute-puissance qui cache une grande insécurité personnelle. Aimerions-nous vraiment quelqu’un qui n’aurait rien vécu ? Qui n’aurait connu aucune émotion avant nous ? Peut-être que le meilleur antidote à cette jalousie bien humaine reste l’humour, qui aide toujours à prendre le recul salutaire, accompagné aussi d’une bonne dose de générosité.

  • Ou bien :

Ce sont elles qui se réfugient dans le passé, par peur d’affronter le présent ? Nous avons tous des plaies, des blessures de guerre, mais nous ne les portons pas tous avec la même émotion. Certaines s’y réfugient et d’autres les fuient. Quand, au début d’une relation, on commence à regarder dans le rétroviseur, à soupirer sur ses souvenirs, ou à les enjoliver, cela peut traduire un reproche indirect adressé à l’autre, une façon d’interroger toujours plus la qualité de la relation présente. Pourquoi ces souvenirs envahissent-ils soudain tout l’espace ? Ce qui est ennuyeux, en jouant le passé contre le présent, c’est que ce dernier est le grand perdant, car le passé est toujours "idéalisable", on en fait ce que l’on veut, tandis que le présent et la rencontre posent des défis au jour le jour.

Une personnalité forte : le truc qui peut faire fuir les hommes (qui ne vous méritent pas)

Pour Lauren, c’est sa grande gueule qui donne aux hommes envie de déguerpir : "J’ai appris à m’affirmer très tôt, je n’ai jamais eu peur de dire ce que je pense et je ne refoule jamais ce que je ressens. Mon ex n’arrêtait pas de dire que j’étais trop dure, trop changeante, voire agressive, alors que j’essaie simplement d’être sincère avec moi-même."

Pour Pia, c’est son féminisme engagé qui file les chocottes : Pour moi, il est impensable de ne pas militer et je crois que les mecs que j’ai rencontrés ont eu la trouille de ça. Je fais partie d’un collectif féministe, et quand je raconte que je mène des actions, certains types réagissent comme si je les poignardais dans le dos." Certains hommes n'aiment pas les femmes fortes. Celles qui se battent pour leurs idées, qui n'ont pas peur de s'affirmer et qui savent ce qu'elles veulent. 

  • Mais pourquoi ils ont peur ?

Des femmes qui font tous les jours démonstration et usage de leur intelligence, de leur pouvoir, de leurs compétences et de leur force peuvent effrayer des hommes qui se sentent menacés par une éventuelle "dévaluation" du masculin. On peut questionner à ce titre l’éducation des petits garçons, qui très tôt se voient refuser la vulnérabilité, la délicatesse, la dépendance et l’émotivité au profit de la ténacité, de la combativité et de la domination. Ce ne serait donc pas tant la force de la femme qui leur fait peur que le monde inconnu de leur propre émotivité, dans lequel l’égalité des genres leur propose désormais de se risquer.

  • Ou bien :

Ce sont elles qui se privent de leur accès à leurs émotions pour se donner de la "force "? Nous nous disons souvent "victimes" de nos émotions, de crainte qu’elles ne débordent, nous engloutissent, nous freinent. Un caractère fort, c’est celui qui résiste, par son répondant, son énergie, sa pugnacité, aux bouleversements émotionnels. Et il y a fort à parier qu’une femme dont le caractère se renforce protège en elle trois besoins existentiels : sécurité, identité et quête de sens, qui la poussent à se jeter dans l’action pour fuir une sensation de crise. Or si on n’est pas "forte", est-ce qu’on est forcément "faible" ? La rencontre amoureuse se niche tout près du sensible. Et pour sentir, il faut savoir se surprendre, ébrécher sa surface.

En bref, oui, on fait peur aux hommes. Mais oui, on a aussi peur des hommes, de la rencontre, la vraie, de la métamorphose qu’elle propose, du renouveau qu’elle installe, du passé qu’elle explore. Alors, maintenant qu’on sait que la peur se balade sur les deux rives de la relation naissante, il ne nous reste plus qu’à construire un pont, pour aller courageusement à la rencontre de l’autre. Et s’il s’écroule, tant pis, on se jette à l’eau !