“A 20 ans, ce n’est pas pareil qu’à, eh bien, 29 ans pour moi : toutes mes copines sont maquées”, lâche Mathilde. Elle est célibataire. En ce moment en tout cas ! Alors bien sûr, ça ne veut pas dire qu’elles ne les voient plus, mais qu’elles les voient moins. 

Un sms, et vingt minutes plus tard vous étiez dans votre QG autour d’une bière ? Aujourd’hui, c’est un peu moins vrai, car maintenant on habite avec chéri, maintenant en plus de ses amis et sa famille, on a les amis de son mec... et sa famille ! Bien sûr vous comprenez, surtout si vous aussi avez déjà été en couple… Mais en ce moment, pas de Roméo. 

Alors cela vous est arrivé plusieurs fois d’avoir proposé à une ou deux personnes d'aller boire un verre, et manque de dispos des autres, vous n’avez rien fait.

Voyager seul pour se retrouver après une rupture

Et si au lieu de ne rien faire, vous faisiez seule ? C’est ce qu’a fait Mathilde. Longtemps en couple, elle a dû apprendre à faire les choses par elle-même. La décision la plus apeurante qu’elle ait prise fut de partir accompagnée seulement de son vélo en vacances, il y a quelques mois.  

“J’avais besoin de me retrouver après ma rupture”, explique Mathilde. Qui plus est, niveau organisation, c’était une galère. Elle qui devait déjà s’organiser avec ses chefs et ses collègues pour ses congés, aurait en plus dû voir avec ses copines, qui elles partent surtout avec leur amoureux. Alors après une semaine en Italie avec une amie, elle décide de voyager seule les deux semaines restantes. 

“J’avais très peur de partir toute seule, j’avais l’impression que je n'allais pas y arriver”, livre Mathilde. Pour la première fois seule en camping, le stress monte : “j’avais l’impression que je n’allais pas réussir à monter ma tente, à me faire à manger”. Mais très vite, “j’ai découvert que je pouvais tout faire toute seule, que je n’avais besoin de personne”. 

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Mathilde avait besoin de se prouver son autonomie. C’est chose faite... et elle a aussi compris autre chose. “J’ai découvert que c’était très relaxant de n’avoir de compte à rendre à personne, de ne pas négocier pour les activités ou les destinations : j’avais tellement l’habitude d’être en couple que je m’occupais moins de ce que j’avais envie de faire, et là c’est mes envies qui passaient avant tout.”

Partir seule a enlevé une charge mentale

Un resto ou une tomate coupé sur le bord d’un rocher, c’est elle qui choisit. “Partir seule a enlevé une charge mentale, qui fait que j’ai pu utiliser cette énergie pour faire tellement d’autres choses, et ça m’a donné envie de repartir seule. Du coup je pars au Costa Rica dans quelques semaines !”

Anna aussi a appris à voyager seule. Elle a particulièrement aimé ce côté “sans attache”. En rando ou en road trip, sauter le pas lui a montré une chose : “que je sais être indépendante et que j'adore l'être justement”. Elle a aussi appris à aimer la solitude et, plus tard, à la rechercher. D’ailleurs, dit-elle, “j'ai aimé me balader, flâner en ville, marcher dans la nature toute seule. Aujourd'hui c'est quelque chose que j'adore toujours faire, que je sois en couple ou non”.

Activités à faire seule : une révolution du quotidien ?

Mais ce qu’elle a aimé par dessus tout, c’est découvrir qu’elle appréciait faire des activités de tous les jours sans un amoureux, ni même une copine. Des choses qu’elle n’aurait pas fait en couple. Déjà par manque de temps. Et oui, ça prend quand même quelques cases dans le planning de voir Roméo. Alors Anna a commencé par reprendre le sport, et a même découvert en Angleterre le netball (dérivé du basket), a commencé la course à pied et repris le fitness. 

Elle a aussi découvert la pole dance. “Je n'aurais certainement pas osé me lancer lorsque j'étais avec mon ex de l'époque à cause de l'image rattachée à ce sport, confie-t-elle, au bout du premier cours, j'étais accro”. Selon elle, “cela a contribué à renforcer ma confiance en moi, je me suis découvert une sensualité que je n'osais pas assumer et c'est très vite devenu une passion.”

Bien sûr, libre à chacun de s’organiser pour vivre ses passions et ses loisirs sans entrave, avec un mec, ou pas. Mais ce n’est ici pas une simple question d’emploi du temps. C’est une liberté acquise, dans son corps et son esprit. 

Dans son corps, par exemple pour le sport avec Anna. Ou pour bien d’autres, sur le plan sexuel. Combien de femmes ne se masturbent plus quand elles sont en couple ? Pour rappel mesdames, vous êtes 46% à déclarer atteindre  l’orgasme plus facilement seules que lors d'un rapport avec pénétration avec un ou une partenaire. On ne dit pas que vous vous oubliez lorsque vous êtes en couple, simplement que les limites sont les mêmes qu'elles que soient la situation amoureuse : celles de votre imagination. 

Quasiment toutes mes périodes de célibat ont été marquées par un sentiment de liberté

Et une liberté de l’esprit, parce que ce sont elles que ces femmes ont appris à faire passer en premier. “Quasiment toutes mes périodes de célibat ont été marquées par un sentiment de liberté et d'indépendance. J'apprenais à chaque fois à me recentrer sur moi-même, sur ce qui me faisait du bien à moi seule”, analyse Anna. Elle précise : “d'où ma découverte de nouveaux intérêts et nouvelles activités. Plus j'avançais en âge, plus je devenais sûre de moi même et de la femme que je voulais devenir.”

Mathilde s'est sentie plus accomplie aussi, et chez elle, cela s'est vu avec son style vestimentaire. "J’ai arrêté le matin de m’habiller en me disant qu’il fallait que je plaise à mon mec", lâche-t-elle. Une contrainte qu'elle s'imposait, et dont elle s'est détachée, prenant soudainement bien plus de plaisir à faire son shopping ! Elle assume alors : "J’ai pris le risque de me plaire à moi plus qu’aux autres, c’était moins le cas avant."

Se libérer de la pression sociale pendant le célibat

Mathilde a aussi réalisé un travail sur elle afin de s’écarter de cette pression sociale qui voudrait qu’on ne sorte pas non accompagnée. Elle a par exemple commencé à aller seule au cinéma récemment. 

“C’était lié à une phase de rupture un peu dure, je restais chez moi devant Netflix, et parfois je ne sortais pas de la journée”, livre-t-elle. Pour sortir, elle choisit les salles obscures. Mais elle n’a pas envie de se prendre la tête pour négocier à chaque fois avec son entourage sur : quel film, quel jour, quel horaire ! 

“Finalement, je me suis rendue compte que plein de gens vont au ciné tout seul, ce n’est plus une honte pour moi comme ça pouvait l’être avant”, explique-t-elle, se libérant un peu plus des aspects négatifs de la vie de célibataire.

Hélène aussi s'offre des petits moments à elle, mais dans les bars et restaurants. En couple ou célibataire, elle n’a que faire du regard des autres qui voudraient qu’on ne va pas se faire un steak (ou un poké bowl) seul. 

“Ado, jamais je n’aurais pensé pouvoir aller au restaurant toute seule. Aujourd’hui j’adore ça : l’été je cherche des places en terrasse au soleil avec un bon livre”, raconte-t-elle. Elle aime ces petits moments en tête à tête avec ses pensées, et les lignes de son bouquin, “sans avoir à faire la conversation”.

Elle prône alors : “Je sais que pour certains, c’est le regard des autres qui bloque. Mais franchement, j’ai plus l’impression que les gens se disent qu’ils aimeraient bien faire la même chose, plutôt qu’ils se moquent. Ils voient bien que je ne fais pas ça contrainte et forcée mais qu’au contraire je m’offre un petit moment de plaisir”.

Hélène a en ce moment un homme dans sa vie. Elle s'est enrichie de ce qu'elle a aimé faire en solitaire, et continue de le faire même quand son coeur est pris. Pour s'assurer, comme pour Hélène et Mathilde, que c'est son bonheur faire passer en premier.