La candidose mammaire, également appelée mycose mammaire, est une infection fongique qui entraîne de vives douleurs pendant et après les tétées. Mal diagnostiquée, elle peut compromettre l’allaitement.

Qu’est-ce que la candidose mammaire ?

La candidose mammaire, également appelée mycose mammaire, est une infection fongique provoquée par la prolifération d’une levure appelée Candida Albicans, naturellement présente dans le corps. Cette dernière ne pose pas problème, sauf si un terrain favorable lui permet de se multiplier excessivement. «La prise d’antibiotiques, la présence d’une autre type de mycose, l’excès de sucre chez la mère, une crevasse favorisant la surinfection, la fatigue (fréquente en post-partum) et baisse immunitaire expliquent que le champignon prolifère, devenant pathogène», détaille Camille Tallet, sage-femme. 

Autre facteur aggravant : le port de coussinets, coques d’allaitement et/ou de vêtements favorisant la macération. Le Candida Albicans aime les environnements chauds et humides. Souvent mal diagnostiquée, la mycose mammaire peut conduire à l’arrêt précoce de l’allaitement si elle n’est pas bien traitée. 

Candidose mammaire : quels symptômes ?

La candidose mammaire se traduit par de vives douleurs au niveau de l’aréole, de type brûlures, des élancements lancinants et des démangeaisons. «Elles sont ressenties pendant toute la tétée et de manière croissante. On la distingue facilement d’une douleur provoquée par une mauvaise position du bébé car elle persiste en fin de tétée et entre les tétées», souligne Camille Tallet. Les moindres frottements du mamelon par le bébé ou un vêtement sont parfois intolérables. La mycose n’est souvent présente que sur un seul sein.

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L’aspect de l’aréole peut changer : il peut être luisant, irrité, voire dépigmenté. Mais ces signes peuvent être minimes. Le bébé peut aussi présenter des symptômes, ce qui peut aider dans le diagnostic. «Le nourrisson a alors cette candidose dans la bouche, appelée “muguet”, qui se manifeste sous forme de dépôt blanc sur toute la langue», explique la spécialiste. «Il peut aussi avoir un érythème fessier, c’est-à-dire des rougeurs sur les fesses, autour de l’anus». 

Quels traitements contre la candidose mammaire ?

«À partir du moment où un bébé tête bien, ce n’est pas normal d’avoir mal aux seins», relève Camille Tallet. En présence d’une candidose mammaire, il est recommandé de consulter rapidement son ou sa gynécologue ou sage-femme afin de confirmer le diagnostic et mettre en place un traitement adapté. Ce dernier repose, en première intention, sur l'application d'une crème antifongique locale sur le mamelon et dans la bouche du bébé après chaque tétée. «Après chaque tétée, on en met sur le sein et on badigeonne l’intérieur de la bouche du bébé, insiste la sage-femme. Sinon, ils vont se contaminer l’un l’autre tout le temps». 

Si aucune amélioration n’est constatée sous 24 à 48 heures, un antifongique par voie orale (Fluconazole®) sera préconisé. Ce traitement est controversé, car le fluconazole passe dans le lait. Cependant, les études n’ont montré aucun effet iatrogène chez les enfants exposés au fluconazole par le biais du lait maternel. «Il faut rassurer sur cet antifongique oral, car c’est un médicament utilisé en pédiatrie pour les prématurés», note la spécialiste.

En revanche, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) déconseille «d’utiliser le violet de gentiane en première intention pour traiter la candidose mammaire chez une femme allaitante». «Quand le violet de gentiane est ingéré par un nouveau-né lors de l'allaitement, il peut être dangereux pour le nourrisson s’il est utilisé plus de 7 jours à des dosages trop importants», explique, dans un point d’information publié le 22 juin 2022, l’ANSM qui recommande de privilégier «l’utilisation de médicaments antifongiques, après confirmation du diagnostic par un médecin en privilégiant les formes topiques aux formes orales»

Mycose mammaire : quels traitements naturels ?

Il est possible de miser sur un traitement naturel en cas de candidose mammaire légère. On peut, par exemple, appliquer une compresse imbibée de bicarbonate de soude dilué avec de l’eau sur le mamelon. «On peut aussi utiliser de l’huile de coco avec de l’huile essentielle de tea tree», suggère Camille Tallet. Attention, en revanche, à bien rincer et laver avant de donner le sein. «En homéopathie, on préconise la prise de Monilia Albicans 9CH à raison de cinq granules, deux fois par jour», ajoute-t-elle. 

En cas de terrain à mycose, il peut être judicieux de renforcer les défenses immunitaires de la maman avec des probiotiques et de l’extrait de pépins de pamplemousse, et d’adopter un régime alimentaire pauvre en sucres raffinés et en levure pour ne pas «nourrir» les champignons.

Peut-on continuer à allaiter avec une candidose mammaire ?

La candidose mammaire ne constitue pas un frein à l’allaitement. «Ça ne présente pas de danger pour l’enfant», affirme Camille Tallet. En revanche, il faut savoir qu’une candidose mammaire non traitée ou mal diagnostiquée tardivement peut compromettre l’allaitement de la maman.

«Les douleurs aiguës ressenties par la mère peuvent la pousser à arrêter l’allaitement. Et ça, il faut savoir l’entendre et soutenir», rappelle la sage-femme. Avec un traitement approprié, les symptômes de la candidose mammaire peuvent être soulagés rapidement et les mères et leurs bébés peuvent continuer l’allaitement.

Mycose mammaire : les mesures à prendre pour éviter une recontamination

En marge du traitement, il faut veiller à respecter des précautions d’hygiène pour enrayer la candidose et veiller à ce qu’elle ne revienne pas. 

  • Séchez bien votre poitrine avec un linge propre après chaque tétée et gardez-la à l’air libre le plus possible. 
  • Stérilisez tout ce qui est en contact avec la poitrine ou le bébé : biberons, tétine, anneau de dentition, tire-lait, linge, serviettes de toilette...
  • Changez très régulièrement les coussinets d’allaitement jetables pour éviter de garder les mamelons dans l’humidité (s’ils sont lavables, les laver à 60 °C minimum)