L'aromachologie ou comment les odeurs influent sur notre bien-être

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L'aromachologie ou comment les odeurs influent sur notre bien-être
L'aromachologie est de plus en plus utilisée pour lutter contre l'insomnie, le stress ou encore l'anxiété. De quoi s'agit-il ? Comment fonctionne cette méthode basée sur les odeurs ? En quoi procure-t-elle un sentiment de bien-être ? Éléments de réponse.

Nous l'ignorons souvent, mais les odeurs ont une véritable influence sur notre comportement et notre humeur. Grâce à l'aromachologie, il est ainsi possible de retrouver une sensation de bien-être avec nos sens olfactifs. Comment est-ce que cela fonctionne ? On vous dit tout, avec l'expertise de Julie Exertier, directrice générale de 100BON, marque pionnière dans la parfumerie naturelle, et Stéphanie Chambaron, psychologue cognitiviste et directrice de recherche à l'Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) au Centre des Sciences du Goût et de l’alimentation (CSGA) à Dijon.

L'aromachologie, c'est quoi ?

Anxiété, stress, troubles du sommeil... depuis l'antiquité, les plantes, et plus particulièrement leurs senteurs, sont utilisées pour leur efficacité sur les maux de l'esprit. Les odeurs déclenchent en effet une réaction physiologique et psychologique, qu'elle soit négative ou positive. "L'aromachologie est une science qui s'intéresse à cette influence des odeurs sur le comportement et sur l'humeur, grâce à une synergie des huiles essentielles", définit Julie Exertier.

Le terme d'aromachologie n'est apparu qu'au début des années 80. Il a été suggéré par Annette Green, présidente de la Fragrance Foundation, qui cherchait à qualifier la recherche de bien-être à travers un parfum. Depuis, existe le métier d'aromachologue.

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Comment fonctionne l'aromachologie ?

Avant de comprendre comment fonctionne l'aromachologie, il faut s'intéresser au cheminement des odeurs vers le cerveau, pour obtenir une réaction émotionnelle. "Nous pouvons percevoir les odeurs grâce à un processus qui fait intervenir notre cerveau. Pour arriver jusqu’à lui et y être analysées, les molécules odorantes peuvent suivre deux voies olfactives : la voie orthonasale, par les narines, et la voie rétronasale par la bouche et l’arrière de la gorge. Je ne parlerai ici que de la voie orthonosale. Dans la cavité nasale (c’est à dire au fond de notre nez), nous disposons de récepteurs olfactifs capables de capter les molécules odorantes. Une fois ces molécules captées, le chemin ne s'arrête pas là. L'information est d'abord transmise au bulbe olfactif, situé entre les deux yeux. Il s'agit d'une zone composée de différents neurones, qui va être capable de décoder les différents éléments reçus par les récepteurs olfactifs et de donner une sorte de carte d'identité aux odeurs. Ces données vont ensuite être envoyées vers des zones du cerveau bien précises, qui vont nous permettre d'accéder à une perception olfactive", commence par expliquer Stéphanie Chambaron.

Avant de préciser : "Le cortex olfactif est constitué de 3 zones qui traitent le message olfactif de façon non consciente : le cortex piriforme va nous aider à reconnaître toutes les cartes d'identités olfactives (soit, reconnaître s'il s'agit de café, de citron, d'un parfum particulier etc). L'hippocampe est le chef d'orchestre de la mémoire et va aider à enregistrer et rappeler les souvenirs (pas seulement olfactifs). Troisième noyau nerveux, l'amygdale : c'est le carrefour des émotions. Le système olfactif est le seul sens à activer ces zones du système limbique avant tout autre traitement du signal. D'où son "pouvoir" de réveiller des émotions et des souvenirs avant même qu'on ait conscience d'avoir senti quelque chose."

Chaque odeur a ainsi une action, un effet sur notre comportement. Mais l'histoire commence toujours de la même façon  : avec un processus de traitement anatomique, non-conscient et permanent. Il faut aussi garder en tête que nous ne possédons pas tous la même mémoire olfactive et que nous ne sommes donc pas tous affectés de la même façon par une odeur. "D'ailleurs, la mémoire olfactive est la mémoire la plus ancienne, principalement parce que l'on commence à percevoir des odeurs in utero", affirme Julie Exertier.

Avec l'aromachologie, nous sommes capables de provoquer une émotion et une réaction physiologique, grâce à nos sens olfactifs et à la synergie des huiles essentielles. Selon les huiles choisies, cela va aider à traiter de nombreux maux de l'esprit. Pour l'effet relaxant par exemple, on trouvera par exemple de l'orange douce ou de la camomille. Pour agir contre le manque de vitalité, on peut miser sur du citron ou de la menthe poivrée, etc.

Aromachologie et aromathérapie : quelles différences ?

L'aromachologie est souvent confondue avec l'aromathérapie, à tort. L'aromathérapie consiste à soigner des maux avec des actifs présents dans les huiles essentielles. Il s'agit d'une approche thérapeutique. Comme nous l'avons vu, l'aromachologie travaille elle sur le bien-être et l'équilibre physique et psychique à travers les odeurs. . 

L'aromachologie est en revanche en lien avec l'olfactothérapie. Il s'agit d'une thérapie émotionnelle pyschocorporelle qui se base sur la puissance d'évocation des odeurs pour réveiller des souvenirs, pouvant être responsables d'une souffrance psychique. 

De l'aromachologie à la parfumerie 

Sur le marché actuel, on trouve de nombreux parfums dédiés au bien-être. Mais très peu (voire pas) de marques utilisent réellement l'aromachologie pour fabriquer leurs jus. Les bénéfices ne sont donc pas toujours au rendez-vous.

"Chez 100BON, l'idée est de créer des parfums qui se respirent plutôt qui se sentent", indique Julie Exertier, "Nous avons un double savoir-faire, avec le travail d'une aromachologue puis d'un parfumeur." L'idée de la marque est de d'abord partir d'un besoin comme par exemple le lâcher prise. Une aromachologue va ensuite créer une synergie d'huiles essentielles pour répondre à ce besoin (la maison travaille notamment avec Patty Canac). "Ce n'est qu'après cet assemblage qu'intervient le parfumeur, pour retravailler le sillage avec des notes de fond, de tête et de cœur." Ces parfums s'appliquent sur soi ou autour de soi, pour procurer un instant de bien-être. "J'aime les utiliser en les appliquant sur mes mains et en respirant avec une cohérence cardiaque. J'inspire sur huit temps et j'expire sur huit temps également, pendant une minute, pour ressentir pleinement les bienfaits", confie la spécialiste. Elle ajoute : "Aujourd'hui, on parle beaucoup de beauté in and out, avec la prise de compléments alimentaires en plus des cosmétiques. Mais la smell beauty est tout aussi importante pour se sentir bien. C'est le message que l'on veut passer avec 100BON." Le parfum est ici perçu comme une ressource qui fait du bien, plutôt que comme un accessoire de séduction.

La marque est pionnière sur ce savoir-faire au niveau du bien-être. Même s'il faut reconnaître que d'autres maisons de parfums ou de cosmétiques jouent depuis longtemps sur les odeurs pour rendre accro leur clientèle (à leur insu, le plus souvent). 

>>> Un grand merci à Julie Exertier, directrice générale de 100BON et Stéphanie Chambaron-Ginhac, psychologue cognitive et directrice des recherches à l'INRAE pour leur expertise et leur disponibilité.

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