Anxiété vulvaire : d'où vient ce complexe sur l'apparence de sa vulve, qui touche de plus en plus de femmes ?

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Anxiété vulvaire : d'où vient ce complexe sur l'apparence de sa vulve, qui touche de plus en plus de femmes ?
Les diktats de la beauté ne s'arrêtent malheureusement pas à l'apparence visible du corps. Au-delà des complexes sur leur silhouette, de plus en plus de femmes complexent sur leur vulve, et se tournent même vers la chirurgie esthétique pour rentrer "dans la norme". Zoom sur l'anxiété vulvaire.

Tout le monde a des complexes. C'est un fait indiscutable : même les personnes dont l'apparence physique rentre parfaitement dans les cases de notre société trouveront toujours un petit défaut pour les faire complexer. Parfois, les complexes peuvent également prendre une dimension plus intime, et faire redouter aux femmes, notamment, de se déshabiller devant un ou une partenaire.

Et ce n'est pas à cause de leur cellulite, de leurs bourrelets, de leurs poils ou encore de la forme de leurs seins. Mais bien de l'apparence de leur vulve.

Qu'est-ce que l'anxiété vulvaire ?

Avec un nom pareil, on pourrait croire que l'anxiété vulvaire est un terme médical qui pourrait par exemple s'associer au vaginisme. Mais il n'en est rien. L'anxiété vulvaire est en réalité de l'ordre des complexes, mais des complexes insidieux, qui sapent la confiance en soi au point de se transformer en véritable source d'angoisse.

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L'anxiété vulvaire correspond au fait de complexer sur l'apparence de son appareil génital, au point de ne plus oser se déshabiller devant qui que ce soit : un ou une partenaire, ou même un professionnel de santé. "Parmi mes patientes, ce n'est pas si rare", confirme Sixtine Debrian, sage-femme indépendante. "Je ne compte plus le nombre de jeunes femmes qui s'excusent de l'apparence de leur sexe avant un examen. Dans les années 2000, c'était parce qu'elles avaient des poils. Aujourd'hui, c'est parce qu'elles s'inquiètent de l'apparence de leurs lèvres vaginales. Ce qui me choque le plus, c'est que, plutôt que de demander si c'est normal, elles préfèrent s'excuser, comme si c'était leur faute", regrette la spécialiste.

Un complexe vulvaire né dans le porno ?

D'après un sondage mené en 2019 en Grande-Bretagne, plus de la moitié des femmes cisgenres interrogées affirmaient être complexées par l'apparence de leur sexe, et plus précisément par leur vulve. 64% se souciaient de la taille de leurs lèvres et 60% de la forme de leur vulve. "J'avais lu dans un magazine que pour connaître son corps, il était intéressant de regarder son sexe dans un miroir", raconte Maelys*, 27 ans. "Quand je l'ai fait, j'ai trouvé ma vulve horrible, j'avais l'impression qu'elle débordait de tous les côtés. Elle ne ressemblait pas à celles que l'on voit dans les films pornographiques, par exemple."

La pornographie est en effet souvent pointée du doigt lorsqu'il s'agit de créer des complexes qui impactent la vie sexuelle. Il faut dire que ces derniers, en particulier dans le porno mainstream, ont tendance à ne mettre en avant qu'un seul type de corps : des femmes minces, aux seins ronds et rebondis, et avec des vulves "bien dessinées". "On m'a déjà refusée dans des castings parce que je n'avais pas "de jolies lèvres", confirme Johanna*, créatrice de contenus pour adultes, qui s'est éloignée des tournages pour créer son contenu elle-même. "Les films X transmettent cette idée qu'il existe une vulve parfaite, avec des petites lèvres qui ne dépassent pas. D'ailleurs, je connais pas mal d'actrices qui se font opérer pour mieux rentrer dans cette case."

Maelys, elle, confirme avoir aussi eu droit à des commentaires de partenaires. "Je me souviens d'un mec qui m'avait dit que, si je ne voulais pas lui envoyer une photo de mon sexe, c'est qu'il devait être moche. Je ne sais pas pourquoi j'ai fini par accepter de le voir en vrai, mais après avoir couché avec moi, il m'a redit qu'effectivement, ma vulve n'était pas "appétissante". Comme s'il parlait d'un burger ou d'une pizza ! Après ça, je l'ai dégagé de chez moi."

Anxiété vulvaire et nymphoplastie

Alors que l'anxiété vulvaire est de plus en plus marquée, les chirurgies pour modifier l'apparence de la vulve se sont développées. On parle alors de la nymphoplastie, aussi appelée labioplastie ou "chirurgie de l'intime". Cette opération avait déjà séduit 4 772 personnes en France, en 2019, et selon les chiffres du journal Le Monde, en 10 ans, plus de 142 000 personnes auraient opté pour une chirurgie de la vulve.

En théorie, cette opération vise à réduire l’apparence des petites lèvres en présence d’une hypertrophie – c'est-à-dire quand les petites lèvres font plus de 4cm, ndlr –, que ce soit pour des critères esthétiques ou fonctionnels. Selon Chirurgie Femme Paris, les raisons avancées sont par les patientes sont les suivantes :

  • Gêne esthétique entraînant un complexe important ;
  • Douleurs ou gêne durant les rapports sexuels ;
  • Gêne en cas de port de vêtement serré,
  • Gêne durant la pratique d’une activité physique, etc.

L'intervention consiste à retirer l’excès de peau et de muqueuse et de redonner aux petites lèvres un aspect plus symétrique, dure 45 minutes en moyenne, et peut se pratiquer sous anesthésie locale ou générale, et en ambulatoire.

Comment en finir avec l’anxiété vulvaire ?

Comme pour toutes les chirurgies esthétiques, si vous souffrez d'une forte anxiété vulvaire, la nymphoplastie peut être une solution. Mais il est malgré tout essentiel de se rappeler que la vulve parfaite n'existe pas, et qu'il n'existe pas deux vulves similaires à travers le monde, comme il n'existe pas d'empreintes digitales totalement similaires.

"Chaque vulve a sa propre forme, sa couleur, sa texture. Elles sont uniques. Je recommande souvent à mes patientes complexées de jeter un oeil à des projets comme The Vulva Gallery ou Viva la Vulva. Il est important de se rappeler qu'il n'y a pas de normalité à ce niveau. Le manque de représentation, dans les livres comme dans le porno, n'aide pas à lutter contre l'anxiété vulvaire. Mais ces projets, oui", conclut Sixtine Debrian.

* Pour des raisons d'anonymat, les prénoms ont été changés.

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