Saviez-vous qu'il était possible d'être allergique au sperme de son partenaire ? Les cas sont rares, mais c'est une possibilité. Cette forme d'allergie de contact peut être potentiellement dangereuse, mais les symptômes sont parfois difficiles à déterminer. Comment reconnaître l'hypersensibilité au liquide séminal ? Sixtine Debrian, sage-femme indépendante, nous explique.
Allergie au sperme : qu’est-ce que c’est ?
Si l'on parle communément d'allergie au sperme, ce n'est pas tout à fait au liquide séminal que les personnes concernées sont allergiques. "En réalité, il s'agit d'une allergie aux protéines contenues dans le liquide séminal", précise Sixtine Debrian. "La personne qui va 'recevoir' le sperme a développé des anticorps contre ces protéines, ce qui va déclencher la réaction allergique."
Quels sont les symptômes de l'allergie au sperme ?
"Bien souvent, les personnes concernées par l'allergie au sperme confondent leurs symptômes avec d'autres pathologies, c'est pour cela que le corps médical estime que cette allergie est largement sous-diagnostiquée", affirme la spécialiste. Selon elle, ces allergies sont difficiles à repérer, en particulier dans le cadre de rapports protégés. Les symptômes sont les suivants :
- démangeaisons
- œdèmes localisés à la zone de contact
- urticaire
- œdème généralisé
- chute de tension
- gène respiratoire
- malaise
"Tant que l'éjaculation se fait avec un préservatif, la personne allergique ne craint rien, à moins que la protection n'ait un défaut", précise la sage-femme. "Dans le cadre d'une éjaculation vaginale, les démangeaisons sont souvent confondues avec une mycose. En revanche, cela va davantage se voir dans le cadre d'une éjaculation faciale, ou tout autre éjaculation sur la peau, puisque les zones touchées par le sperme vont se marbrer de plaques rouges et gonflées."
Les chutes de tensions, gènes respiratoires et malaises sont des symptômes associés à des anaphylaxies sévères, et sont donc extrêmement rares. "Ils peuvent toutefois être dangereux en cas d'éjaculation buccale, car une personne allergique au sperme pourrait avoir du mal à respirer et s'étouffer."
Comment traiter une allergie au sperme ?
Le premier bon réflexe à avoir est de prendre rendez-vous avec son médecin traitant, son gynécologue ou une sage-femme. "Bien sûr, si la réaction est grave, il faut aller aux urgences", précise Sixtine Debrian. "Si les réactions sont tolérables, ça peut attendre un peu. En revanche, je vous conseille de prendre des photos si les symptômes sont visibles, et de noter les autres avec des informations comme le délai avant apparition, l'intensité des démangeaisons, etc. Cela permettra au praticien de vous diagnostiquer au mieux."
Après avoir consulté votre praticien, il faudra vous orienter vers un allergologue. "Ce dernier pourra vous prescrire des tests sanguins pour vérifier le diagnostic. Il pourra également faire un test cutané avec le sperme du partenaire, en ayant évidemment réalisé au préalable des sérologies de dépistages des infections sexuellement transmissibles."
Côté traitement, mauvaise nouvelle : il n'en existe pas, à l'heure actuelle. "La seule solution, c'est d'éviter le contact, et donc, de porter un préservatif", précise la sage-femme. "Des protocoles de désensibilisation sont à l'étude, mais pour l'instant, leur efficacité n'a pas vraiment été démontrée." Cette dernière précise par ailleurs qu'il est inutile de changer de partenaire : les protéines séminales responsables des allergies sont les mêmes pour toutes les personnes assignées hommes à la naissance. Vous n'êtes pas allergique à un sperme spécifique, mais à tous les spermes, malheureusement.
Peut-on tomber enceinte quand on est allergique au sperme ?
C'est la grande question que risquent de se poser les personnes allergiques au sperme : si elles ne peuvent pas faire l'amour sans préservatif, comment tomber enceinte et concrétiser un projet de grossesse ? "Malheureusement, ça ne sera pas possible naturellement, ou en tout cas pas sans risque ou inconfort", précise Sixtine Debrian. "Dans le cas des allergies les plus sévères, il faudra obligatoirement passer par un parcours de procréation médicalement assistée (PMA). Dans ce cadre, les spermatozoïdes seront séparés des protéines séminales, ce qui évitera les risques."