La « period poverty » au Royaume-Uni

Un sondage réalisé auprès de 931 femmes vivant au Royaume-Uni a révélé, lundi 18 février 2019, que trois femmes sur dix avaient déjà manqué d’argent pour s’acheter des protections périodiques. Cette enquête a été réalisée par Bloody Big Brunch, une association venant en aide aux femmes précaires qui souffrent de cette « period poverty » (la « précarité menstruelle » en français).  

L’association organise notamment des brunchs dans tout le pays, environ tous les mois. En échange de boissons, les convives sont priés de payer en protections hygiéniques. Serviettes, tampons, protège-slip, font donc office de monnaie. Le butin final est ensuite distribué aux femmes dans le besoin. 

Le sondage réalisé par Bloody Big Brunch révèle également qu’un quart des écolières et des femmes en poste ont manqué l’école ou le travail parce qu’elles n’avaient pas pu s’acheter de protections périodiques. Un tiers d’entre elles disent laisser le sang couler sans protection. La moitié expliquent avoir gardé leur serviette ou leur tampon bien au-delà du temps conseillé, allant à l’encontre des recommandations sanitaires.

La précarité menstruelle touche aussi la France

On peut s’en douter, la précarité menstruelle ne touche pas que les Britanniques. En France aussi, certaines femmes sont concernées par ce problème. Sans-abri, travailleuses précaires ou étudiantes, elles redoutent toutes le moment où leurs règles arriveront.

En moyenne, la boîte de tampons coûte 3€50, le paquet de serviettes 3€ et 2€ celui de protège-slips. Au cours de sa vie, une femme dépensera environ 8 000€ en protection hygiénique.

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Alors, pour aider les femmes qui n'ont pas les moyens de se payer ces produits qui, à leurs yeux, sont un luxe, des initiatives se mettent progressivement en place. La Mutuelle des Etudiants (LMDE) propose par exemple à ses adhérentes de rembourser 25€ par an de protections en échange de la présentation des tickets de caisse.

Dans le même esprit, l'Université de Lille a organisé en janvier 2019 sur tous ses campus une grande distribution. 30 000 kits gratuits contenant des serviettes et des tampons ont été proposés afin d'éviter la précarité menstruelle aux étudiantes de la ville. 

A l’instar de Bloody Big Brunch au Royaume-Uni, Règles Elémentaires est la première association française à collecter des produits d’hygiène intime pour les femmes sans-abri et mal-logées. Des  boîtes à dons, fournies par l’association, sont installées dans la rue, dans les hôpitaux, dans les mairies, dans les établissements scolaires, de manière ponctuelle ou permanente. Cela permet aux femmes qui le souhaitent de déposer leurs fonds de tiroir (à condition que les produits soient emballés) ou des paquets neufs.

Les associations souhaitent désormais que les protections hygiéniques soient remboursées par la sécurité sociale à hauteur d’un certain montant. Dans ce cadre, des bénévoles ont été auditionnés par le Sénat en novembre 2018. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’est engagée en ce sens, promettant d’améliorer l’accessibilité des protections hygiéniques aux femmes en situation précaire d’ici la prochaine loi de finances, fin 2019.