Le cunnilingus serait LA pratique ultime pour faire jouir une femme. Une idée reçue qui manque de nuance, aussi bien exécuté soit-il. Selon un sondage Ipsos réalisé en 2016, seules 52% des Françaises affirment apprécier le cunnilingus, le cunni de son petit nom. Soit un peu plus d’une femme sur deux. Le sexe oral féminin semble plus populaire chez les 18-24 ans, qui sont 63% à l’intégrer dans leurs ébats.

Malgré ces chiffres, on considère souvent que c’est une pratique sexuelle indispensable pour atteindre l’orgasme féminin. Ce qui est vrai pour certaines femmes, faux pour d’autres. Car comme pas mal de choses dans le sexe, il n’y a pas franchement de règles (sauf le consentement !) et encore moins de techniques magiques qui fonctionneraient sur tout le monde. Y compris en matière de cunni.

Comment faire un cunnilingus et le réussir ?

Souvent considéré comme un simple préliminaire, le cunnilingus est un acte sexuel à part entière qui consiste à donner du plaisir à une vulve avec la langue et qui n’a rien à envier aux autres pratiques qui font grimper le plaisir. Il ne doit pas nécessairement précéder la pénétration - avec le pénis, un sextoy ou les doigts… - et peut se suffire amplement à lui seul, si c’est ce que l’on souhaite. 

"Le cunnilingus comme la fellation sont parfois, à tort, considérés comme des 'préliminaires' à une pénétration, seule perçue comme un 'vrai' rapport sexuel", explique Coraline Delebarre, psychologue et sexologue dans le 9e arrondissement de Paris et au Centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic du CHU de Montreuil.

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"Cette idée vient d'une perception de la sexualité comme reproductive, là où la sexualité peut aussi être récréative et se construire à deux (ou plus) en fonction des désirs, envies et limites de chacun(e)", souligne l’experte. 

Pour un cunni bien exécuté, sortez donc vous cette idée de la tête. Ne le considérerez pas comme un simple travail préparatoire à autre chose (sexy !) et concentrez-vous sur lui, et seulement lui (et sur votre partenaire, bien évidement). Et surtout, n’attendez rien en retour. Comme le rappelle notre experte, "le cunni n’est pas une monnaie d’échange pour obtenir une fellation." Bien évidemment.

La communication, la clé pour réussir un cunnilingus

Un conseil essentiel pour un cunnilingus réussi : parler à sa partenaire. Pour savoir tout d’abord si elle apprécie ou non cette pratique, si elle se sent suffisamment à l’aise pour la faire avec vous et si l’envie lui dit, tout simplement. Si tel est le cas, laissez-la vous guider sur la façon dont vous pourrez lui procurer du plaisir, en communiquant, tout simplement, mais aussi en prêtant attention à ses réactions pendant vos ébats.

"Comme toutes les pratiques, le cunni peut être apprécié ou pas, il est donc important de communiquer avec sa partenaire pour s'assurer qu'elle en a envie et de ne jamais se forcer à recevoir ou pratiquer un cunnilingus si on ne le souhaite pas. Il n’y a aucune obligation dans la sexualité" rappelle la psychologue sexologue.

Elle poursuit : « Il n'existe pas une seule façon de faire un cunnilingus qui s'apprendrait dans les livres, il ne faut donc pas hésiter à demander à sa partenaire comment faire et être à son écoute pour savoir ce qui lui plait. »

Le cunni et le sexe oral, un sujet encore tabou ?

La pratique du cunni souffre de nombreuses idées reçues. Mais aussi de la méconnaissance qui perdure autour du plaisir féminin et de la vulve. « Selon l’enquête sur la sexualité en France réalisée auprès de 12 000 personnes et publiée en 2008, 85 % des hommes et des femmes ont déjà expérimenté le cunnilingus. Mais ceci n’empêche pas la persistance de représentations négatives entourant la pratique du cunni », regrette Coraline Delebarre.

« Il est parfois perçu comme une pratique « sale » ou « dégradante », par les hommes mais aussi parfois par les femmes. A l’origine de ces représentations ? Un sexe féminin caché, mystérieux et interne qui inquiète », poursuit l’experte.

Le cunni - et le sexe oral de façon plus générale - est aussi parfois considéré comme inutile, puisqu’il ne sert pas la reproduction. Une façon de réduire le sexe à sa simple fonction reproductive, niant au passage le plaisir qu’il peut procurer. Certain(e)s y voient par ailleurs une forme « d’avilissement de l’homme qui s’abaisserait face aux femmes », dénonce la psychologue sexologue. « L’idée que cela ne procure pas de plaisir aux hommes et que l’orgasme féminin ne serait que vaginal » vient elle aussi alimenter le tabou autour du cunni.

Des idées reçues tenaces mais bien évidemment fausses, à dissiper en communiquant toujours plus autour du plaisir féminin. Ces dernières années, le rôle du clitoris - et de ses 8000 terminaisons nerveuses - dans le plaisir féminin a gagné en grade, encourageant la pratique des caresses et du cunnilingus.

Rappelons que la sexualité est diverse, nuancée et personnelle. Comme l’est le cunni. Il n’y a pas d’injonctions à aimer le sexe oral, comme il n’y pas de complexe à l’apprécier. Votre corps n’appartient qu’à vous, votre vulve aussi. Un constat qui paraît évident mais qu’il semble malgré tout nécessaire de rappeler aujourd’hui.