Soyez vous même !
Toutes les mêmes : elles s'inventent des défauts !
Ils aiment... la manière dont on les aime
Ils adorent... qu'on fasse le "mec"



Soyez vous même !

Ma première soirée sans elle depuis longtemps. Elle fait une tournée des bars entre filles de son côté, je m’organise une soirée bière/poker/pizza avec mes potes à la maison.

Pendant que je prépare la table, les canettes et les jetons, elle remet une couche de mascara devant le miroir et me lance sans me regarder : « Ah, j’imagine que t’es excité comme un gosse. Enfin entre mâaaales ! Vous allez pouvoir parler foot, dire des gros mots et faire coucou à la voisine exhibo d’en face… »

Je lâche un sourire qui plaide coupable. C’est vrai qu’on ne s’est pas retrouvés entre hommes depuis des mois. Elle a sûrement raison. Ça va transpirer la testostérone.

Trois heures plus tard, il fallait bien se rendre à l’évidence : elle avait complètement tort. On n’a fait que parler d’elles.


Toutes les mêmes : elles s'inventent des défauts !

20 heures, ma belle s’éclipse. Le dernier effluve de Chanel à peine évaporé, les copains commencent à débarquer. On se serre les mains, on se demande comment ça va et on blablate un peu avant d’attaquer les choses sérieuses : le poker et les discussions de mecs.

On s’installe à la table. Je lance les hostilités. « Alors, vous avez regardé le match hier ? C’était vach… » Un coup dans l’eau.

Bob, qui farfouille sur la table basse, m’interrompt. « Oh ma nana a le même hors-série spécial cellulite ! Chez ta copine aussi, c’est une obsession ? » Le ver est dans la pomme. Le ton de la discussion donné.

– Ouais, m’en parle pas… Elle en a plein les tiroirs. Elle tente toutes les méthodes pour combattre… je ne sais plus trop quoi.

– Oui ! C’est comme si elles voyaient des trucs que nous, on ne voit pas.

Vidéo du jour :

– L’autre jour ma chérie me balance, furax, dans la salle de bains : « Arrête de reluquer ma cellulite ! » J’étais juste en train de mater ses fesses ! Amoureusement en plus !
Sourires entendus dans l’assemblée.

« Et c’est pareil pour plein d’autres trucs comme ça », continue Tom. « Mais quand est-ce qu’elles comprendront qu’on les aime juste naturelles ? Hier, Cathy a presque pleuré parce que j’ai caressé quelques poils sur ses mollets. Elle s’est enfermée une demi-heure dans la salle de bains avec interdiction d’entrer, de parler ou de se marrer. Moi tout ce que je voulais, c’était un câlin tranquille. »

Y a consensus autour de la table : maquillée ou pas, un peu dodue ou taille mannequin, triple bain de bouche ou haleine « matinale », les femmes, on les aime, au fond, comme elles sont.

C’est Fred, au final, qui parle le mieux au nom de tous les hommes.

« En fait, je crois que c’est une question de timing. On ne va pas se mentir non plus. On aime bien de temps en temps qu’elles se maquillent, qu’elles se fassent belles pour nous. Après, la plupart du temps, ce n’est pas si important. C’est même parfois dommage. Il faudrait juste qu’elles comprennent qu’elles n’ont pas besoin d’être surpoudrées, d’avoir les dents mentholées et le fil dentaire passé pour le câlin du matin… »

Toutes les têtes acquiescent avec gravité. Le « attends, mon chouchou, je passe deux petites secondes – ouais, dis plutôt vingt minutes – à la salle de bains » avant les galipettes au réveil, tout le monde y a eu droit.

Chacun médite là-dessus, la tête sûrement perdue dans ses souvenirs érotiques.


Ils aiment... la manière dont on les aime

La conversation aurait pu bifurquer vers des sentiers un peu plus cochons, on est quand même entre mecs. Sauf que Sylvain n’était pas de cet avis. « Bah faut pas oublier non plus que tous ces petits trucs qui les obsèdent, c’est une manière de nous montrer qu’elles nous aiment. »

Pendant ce temps, on distribue enfin les cartes. Ça mise tranquillement. Arnaud relance… la discussion.

« C’est vrai ce que tu dis. Je crois d’ailleurs que c’est ce qui me fait craquer chez ma copine. Enfin, j’imagine que c’est pareil pour vous. Ce petit truc qu’elles ont pour nous montrer qu’elles tiennent à nous. C’est comme un don. Un talent inné qu’elles ont. »

Ce talent, selon Sylvain, c’est avant tout une bonne petite crise de jalousie de temps en temps. Quoi qu’en disent les hommes, il n’y en a pas un qui n’aime pas ça, au fond. Voir sa belle froncer les sourcils. Deviner dans ses yeux tout le scénario catastrophe qu’elle est en train de s’imaginer.

J’en profite pour raconter à mes amis que l’autre soir, à un apéritif, je papotais gentiment avec une fille, du genre « chasseuse » selon ma copine. Quand soudain je sens les regards pesants de ma promise.

J’aurais pu lâcher l’affaire pour calmer le jeu, la discussion n’était pas franchement passionnante. Mais j’ai fait le mec hyper intéressé rien que pour la voir se métamorphoser en guerrière. La poitrine en avant, elle se cale à mes côtés, pose une main sur mon épaule et fixe, d’un sourire rugissant, la gazelle d’en face.

Elle marque son territoire. J’adore.

« C’est parce que tu as la chance d’avoir une nana qui fait dans la crise de jalousie modérée, remarque Bob. Mais tu peux me croire, ce n’est pas toujours le cas. »

Hochements de tête, là encore. Y en a des qui ont souffert. « Et puis, la jalousie, ce n’est pas forcément une marque d’amour. C’est parfois juste un réflexe animal de possession, de défense de territoire… Non, leur petit don, c’est… c’est encore autre chose. »

Bob s’accorde trois secondes de réflexion avant de se lancer. « Ce qui m’attendrit, dit-il, c’est leur manière bien à elles d’aimer ce qu’on est et de s’extasier sur ce qu’on fait de bien. Faites-lui le beau cadeau, le geste tendre qu’il faut, défendez-la dans une soirée et elle vous le rendra à la puissance mille, parfois juste en un regard. »

Les femmes savent mettre en scène ces petits moments, leur accorder l’importance qu’il faut et y mettre une belle intensité.

« Elles savent que sous nos carcasses de mâles hum… dominateurs, on a besoin d’être rassurés, dorlotés », conclut Bob.

« En gros, lance Tom, tu es en train de dire que ce qu’on aime chez elles, c’est qu’elles nous aiment. » Tout le monde se marre.

Pas tout à fait vrai mais pas tout à fait faux non plus. « J’espère en tout cas qu’on fait pareil pour elles. » Et de nouveau, chacun réfléchit dans son coin.


Ils adorent... qu'on fasse le "mec"

On en est à la troisième main de la soirée. Je ne pourrais même pas dire qui les a gagnées. Pas le temps de toute façon, Fred enchaîne.

« Je pense qu’on le fait… mais à notre manière. En leur prouvant qu’on sera toujours là quand ça ne va pas. En les protégeant quand elles se sentent un peu tristes. Parce qu’elles peuvent paraître tellement fragiles. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve que ça, ça les rend juste… adorables. »

Le petit côté moineau tombé de son nid. L’œil humide et toute la misère du monde sur ses petites ailes frêles. N’attendant que nos bras qui s’ouvrent pour y improviser un nid douillet où sangloter sans crainte. Quand elle a réussi enfin à s’enfuir d’un mauvais rêve de la nuit.

Quand Pinpin le lapin nain, 12 ans, s’est étouffé une dernière fois sur une carotte. Ou quand, dans l’épisode final de « Desperate Housewives », Susan et Mike – ça ne fera jamais que la troisième fois – finissent par se reprendre la main.

Là où, nous, les estropiés des sentiments, restons sur le quai ou nageons à contre-courant, elles prennent la vague d’émotion de plein fouet, se laissant porter, sans filtre ni bouée, tristes ou heureuses comme des mômes.

« Tapis ! » Je sursaute. Bob balance sa pile de jetons au milieu de la table. J’avais presque oublié qu’on jouait au poker. J’avais presque oublié que j’étais dans le coup, même. La tête toujours un peu ailleurs, je me couche.

Et le portable de Victor sonne. Il jette un coup d’œil, rougit un peu et décroche en s’éloignant. On se regarde tous : le petit cachottier a une nouvelle copine. Et il n’a rien lâché de la soirée.

Victor revient.
« C’était elle ? » Il opine. Et tente d’enchaîner, l’air de rien. « Bon, c’est à qui de jouer ? » Personne ne répond, tout le monde le fixe. Il finit par comprendre.

« Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ??? Moi, ce n’est pas la même chose. On en est au tout début. C’est tout frais. Un rien m’émeut. Une épaule qui se dénude, son odeur sur mon oreiller ou le moindre SMS un peu cucu… »

Protestations et mouvement de foule. Du « Ouah, qu’est-ce que tu crois, Don Juan ? Pour nous, c’est pareil ! » en rafale.

Victor bat en retraite.
« OK ! OK ! Vous voulez vraiment savoir ce qui me botte chez elle, enfin chez les femmes en général ? » Six têtes qui opinent en chorale.

Il sourit un peu gêné, se gratte la nuque et entame sa confession. « Bah moi, ce que j’aime parfois, c’est quand… elles font un peu leur mec. » Ouip. Et on est tous un peu comme Victor.

À chérir leur féminité mais à fondre quand, sans prévenir, malgré le tee-shirt Hello Kitty ou le tailleur raffiné, elles se mettent tout d’un coup à gueuler devant un match de foot ou un jeu vidéo, à jurer dans les bouchons ou à lâcher une blague un peu cochonne.

Surtout quand elles font comme les hommes, mais à la manière des filles. À hurler « Penalty ! » quand le gardien touche le ballon à la main ou à secouer la manette dans tous les sens quand il suffit juste d’appuyer sur un bouton.

C’est le moment ou jamais. L’opportunité inespérée de recadrer mes ouailles.
« Et si on s’y mettait aussi, nous ? Je veux dire, à faire nos mecs ? » Petits regards complices à la table. Fred repose le magazine spécial antirides, chacun attrape une bière : la soirée peut recommencer.

« Alors, est-ce que quelqu’un a regardé OM-PSG hier soir ? » J’attends, plein d’espoir, la première analyse technique ou le premier combat de coqs. Bob se lance.
« Je vous ai dit que ma nana adorait le foot ? »