Avoir des complexes au lit, c'est à la fois injustifié... et universel ! Hommes comme femmes, jeunes comme moins jeunes, rares sont les personnes épargnées par les petits complexes qui enquiquinent l'existence, en particulier au moment de l'amour. 

Une étude du site de santé Zava menée en 2018 auprès de plus de 1000 Européens et Américains a dévoilé les complexes sexuels qui pèsent dans la sphère intime. Pour 79% des femmes, l’image qu’elles ont de leur corps est la source principale de blocages au lit. Les hommes, de leur côté, sont 67% à être inquiets de leurs performances sexuelles. Le poids est l’élément physique le plus vecteur de complexe à l’unanimité pour les hommes et les femmes.

Comment les complexes affectent-ils notre sexualité et comment les surmonter ? Le point avec Jessica Pirbay, coach en sexualité et sexothérapeute, pour enfin s’abandonner au lit.

Les plus gros complexes physiques au lit

  • Je me trouve trop grosse/trop maigre au lit"

Le poids est une source de complexes qui revient souvent et se pose à différentes étapes de la vie de la femme, en particulier avec la maternité, la pré-ménopause et la ménopause. Lorsque l’on a du mal à accepter son corps, la confiance en soi est diminuée et par ricochet, on doute souvent de la confiance de son ou sa partenaire. Une problématique que retrouve souvent Jessica Pirbay, sexothérapeuthe, chez les femmes qu’elle accompagne. L’idéal de minceur, promu par la société et les médias, impose un idéal physique qui est parfois loin de la réalité. 

  • Trop de seins, pas assez de fesses... "J’ai honte de mon corps pour faire l’amour"
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Assumer sa nudité quand on n’aime pas son corps n’est pas facile. Seins qui tombent ou poitrine volumineuse, petites fesses ou fesses bombées... Quel que soit la partie de votre corps qui vous complexe, cela peut venir entraver votre plaisir lors des rapports sexuels. "Au début de ma relation, je gardais systématiquement mon soutien-gorge. Depuis ma perte de poids, mes seins sont moins fermes et tombent un peu, ce qui me complexe beaucoup", confie Marie, 27 ans. Si garder son soutien-gorge le temps de se sentir en confiance peut rassurer, ce genre de stratégies d’évitement finit par enlever toute spontanéité et peut, à terme, nuire à l'épanouissement sexuel. 

"Je travaille beaucoup avec l’acceptation de notre corps et l’amour de notre corps. À partir du moment où on érotise son corps, on peut dépasser ces complexes-là. On peut érotiser son corps lors de la masturbation, lors de moments seul.e avec soi-même, lorsqu’on va le caresser", conseille Jessica Pirbay. Cela peut passer par un massage de la poitrine par exemple. 

  • Complexer sur l’aspect de son sexe

La société érige des normes esthétiques qui n’ont aucune raison d’être. Chez les femmes, le mythe de la vulve "normale" complexe les femmes qui ne se reconnaissent pas dans les représentations véhiculées par la pornographie : une vulve lisse, rose, dépourvue de tout poil et dont les lèvres sont parfaitement symétriques. "J’ai longtemps complexé, car mes lèvres internes dépassaient de mes lèvres externes, au point de refuser des cunnilingus lorsque mes partenaires m’en proposaient", avoue Léa, 29 ans. Les hommes ne sont pas non plus épargnés par les diktats du "sexe parfait". Complexer par rapport à la taille de son pénis est courant pour les hommes, la faute au porno qui montre des sexes toujours plus grands et surdimensionnés. 

Pour Jessica Pirbay, la pornographie a bel et bien un impact sur notre sexualité. "Je reçois souvent des femmes qui n’aiment pas leur vulve, qui trouvent leur sexe 'moche'", déplore-t-elle. "Chaque sexe est différent, il n’y a pas de sexe parfait. Je travaille beaucoup à l’aide de dessins de différentes vulves notamment." Une première piste pour dépasser ce complexe est d’accepter d’arrêter la comparaison. "Au lieu de s’attarder sur le physique, je fais travailler mes patient.e.s sur la dimension sacrée de leur sexe."

Les complexes sexuels liés à l’injonction à la performance

L’angoisse de la performance touche bon nombre d’entre nous. Absence de lâcher-prise, peur de ne pas être un "bon coup" ou encore pression pour atteindre l’orgasme ou réussir telle ou telle position... Selon l’étude menée par Zava, plus de la moitié des femmes et deux tiers des hommes sont angoissés quant à leurs performances sexuelles. Beaucoup considèrent l’orgasme comme un objectif à atteindre. "J’aime bien mettre l’expérience en opposition à la performance", souligne Jessica Pirbay. La sexualité est quelque chose qui progresse au fil des expériences, et qui se joue à deux, sur un mode complice. "On va vivre une expérience à deux. Ça ne va pas forcément être parfait. Ça peut être magique, ça peut être orgasmique, comme ça peut ne pas l’être", rappelle la sexothérapeute. 

Il convient de revenir à l’essentiel, vivre le moment présent et se laisser porter par la rencontre des deux corps. "Quand on associe la connexion, la présence à l’autre, la confiance de l’autre et l’exploration, c’est là où il va se passer de belles choses et où on va lâcher prise beaucoup plus facilement", ajoute l’experte. S’imposer une pression face à l’orgasme est contre-productif. En sexualité, la pression est antinomique au désir, chez les hommes comme chez les femmes. 

Dépasser ses complexes au lit pour prendre du plaisir

  • Accepter son corps

Se débarrasser de ses complexes est avant tout un cheminement personnel. Et apprendre à accepter son corps ne se fait pas du jour au lendemain. Cela peut prendre du temps. Pour se réconcilier avec son corps, Jessica Pirbay conseille de l’érotiser et développer sa sensualité. "On va être plutôt dans l’érotisme que dans le physique", précise-t-elle. Le massage tantrique peut vous aider à érotiser certaines parties du corps que vous avez tendance à délaisser par exemple.

  • Être dans le moment présent

Pour faire taire les pensées négatives, se lancer dans quelques exercices de pleine conscience peut être bénéfique. Apprendre à respirer en pratiquant la cohérence cardiaque est aussi une clé. Grâce à cet exercice, on s'ancre dans le présent. D’autres pratiques peuvent permettre de vivre sa sexualité en pleine conscience. "Masser sa poitrine, son sexe, inspirer et expirer à l’intérieur de son sexe, essayer la masturbation en pleine conscience", détaille Jessica Pirbay. 

  • Faire confiance à son/sa partenaire

"Le fait de parler de ses complexes avec son ou sa partenaire permet de se libérer", encourage Jessica Pirbay. Il ne faut pas hésiter à aller chercher des mots rassurants et du réconfort auprès de son ou sa partenaire. "Que l’autre puisse nous entendre, nous accueillir sans jugement crée un climat de confiance qui fait que l’on va s’abandonner beaucoup plus facilement dans l’acte charnel", note l’experte. "Le regard bienveillant de mon partenaire m’a beaucoup aidée à m’abandonner et lâcher prise pendant le sexe", confirme Marie.