J’étais au café en train de siroter mon vin, parce que je n’aime pas la bière, même si j’adorerai être cette fille avec une pinte de blonde et une couronne de fleurs à Calvi on the rock, mais le houblon c’est pas de ma faute, je trouve ça dégueu. Bref, je suis avec ma copine Salomé (elle s’appelle pas comme ça, mais ça lui va bien, et c’est mieux pour l’anonymat) et je lui raconte toute fière que j’ai enfin eu les nouvelles de « ce gars ».

« Lequel ?» répond-t-elle, mi pour me faire plaisir et me renvoyer l’image d’Aphrodite avec tous les dieux grecs à mes sandales, mi pour me faire comprendre qu’il y des gars toutes les cinq minutes dans ma tête en ce moment. C’est faux. C’est vrai. C’est faux.

Cette nuit à 4h50, Kyle (il s’appelle pas comme ça, mais ça lui va bien) m’a envoyé LE message que j’attendais depuis trois semaines. Court, mais sexy. Façon « je pense à toi là tout de suite et potentiellement j’ai vraiment envie qu’on se revoit, j’aimerai me perdre dans tes yeux et chanter Joe Dassin en mangeant une pizza et en regardant Futurama sur une plage normande déserte ». Bon, mon interprétation personnelle de son « Hey, toi ».

Salomé pose son verre. Elle me regarde en souriant. Le même sourire qu’une maman fait à son enfant quand il lui ramène un caillou trouvé par terre (contenant l’équivalant de trois urines différentes), mais qu’il présente comme le diamant de l’océan (PS : oui Rose, il y avait de la place sur ta planche, mais bourgeoise que tu es tu as laissé Jack geler de froid et crever).

« Chérie, c’est pas un message, c’est un bootycall... et à 4h50 du matin, t’es pas la seule à qui il a envoyé ça ».

Vidéo du jour :

Le bootycall, le nouveau plan cul

Un BOOTYQUOI ? Il faut savoir que Salomé est toujours au courant avant tout le monde des tendances, des nouveaux mots et expressions. Perso, je suis sortie du marché des célibataires ces douze dernière années, je suis donc like a virgin sur toutes ces applications pour rencontrer l'amour, l’âme coeur ou l’âme queue, je découvre avec stupéfaction qu’il y a carrément des expressions que je connaissais pas... ça c’est comme le « walk of shame » de ma dernière lose. 

« Un bootycall, c’est un message, ou un appel que tu lances quand tu rentres de soirée, avec 4 grammes dans le sang pour, au mieux finir ta nuit chez un.e de tes conquêtes, au pire recevoir une ou deux photos chaudes pour pouvoir te masturber avec des images toutes fraîches». En vrai ça a toujours existé, le fait de contacter quelqu’un que pour du sexe, mais aujourd’hui on a trouvé un nom chic qui sonne comme une chanson de Beyoncé.

J’avale une gorgée (que dis-je, une bouteille) de vin, sonnée. Ma pote a raison, j’ai pas reçu un message, mais un bootycall. Avec Kyle, on ne se parle pas depuis plusieurs semaines, nous n’avons pas de raisons de nous contacter, encore moins à cette heure avancée de la nuit. J’en parle immédiatement à mon copain Juan Carlos (il s’appelle pas comme ça, et ça lui va pas mais c’est marrant), qui me répond « Quelle heure ? 4h50, ha ha bootycall classique ». Lui aussi est au courant, les choses vont si vite.

Ok tout le monde est au courant, sauf moi. Je me sens comme quand j’ai découvert que Ricky Martin était gay alors que PERSONNE ne m’avait prévenue d’arrêter de croire que j’allais finir ma vie avec lui dans la ville imaginaire d’Acapulco.

À partir de là j’ai réfléchi. Je l’aimais bien Kyle, j’avais envie de plus le connaître, et pas d’être un numéro dans une liste.

Je rentre de cet apéro, perplexe, j’adore connaître des nouveaux trucs (1515 Marignan), et je serais surement amenée à faire du bootycall. Les règles sont simples : ne contacter que la personne en cas de besoin sexuel. De préférence la nuit (quand je pionce bien fort). Mais quand tu reçois ce message, alors que t’attendais un pigeon voyageur avec un acrostiche de ton prénom... c’est grave les boules.

« Message à 4h50... haha c’était un bootycall ? » Finis-je par répondre sans égo à Kyle.

« J’avoue j’étais déchiré hier soir » Avoue-t-il alors qu’il cuve tranquillement.

Alors si comme moi vous êtes nombreux à ne pas savoir ce que c’est « Bootycall » maintenant vous savez. C’est toujours agréable de mettre des expressions sur des situations. Comme des surnoms sur les gens. Par exemple, pour moi Kyle s’appelle désormais « No thank you » (puisqu’il faut être bilingue apparemment).