C'est un trouble rare et encore très peu connu. La sexomnie conduit à se livrer à des activités sexuelles pendant son sommeil. Une pathologie qu’il importe de prendre au sérieux et qui, dans sa forme la plus extrême, fait vivre un enfer à ceux qui en souffrent et à leur partenaire.

Qu’est-ce que la sexomnie ?

Composé du mot « sexe » et du suffixe « somnie » (de somnus, le sommeil), ce terme désigne un trouble qui se produit pendant le sommeil. « Si on accole les deux terminologies, cela veut dire qu’il y a aussi un possible passage à l’acte et comportement sexuel durant le sommeil », définit Isabelle Gace, sexologue clinicienne et sophrologue référencée sommeil. La sexomnie peut se manifester de diverses façons : gémissements, masturbation, caresses, rapports sexuels non consentis, c’est-à-dire agression sexuelle et viol. Au réveil, le sexomniaque ne se souvient pas de la nuit passée.

Le terme « sexomnie » a été choisi par les auteurs d’un article paru en juin 2003 dans La revue canadienne de psychiatrie pour décrire le comportement d’une personne qui s’adonne à des activités sexuelles durant son sommeil. Les auteurs  considèrent que la sexsomnie est un trouble de la famille des parasomnies. 

C’est en 2013 que ce trouble est intégré à la dernière version du DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie), dans la catégorie des parasomnies définies comme « des troubles caractérisés par des comportements, des vécus ou des phénomènes physiologiques anormaux survenant au cours du sommeil, de stades spécifiques du sommeil ou de transitions veille-sommeil ». Une étude canadienne, parue en juin 2010, démontre que 8 % des personnes venues consulter dans des cliniques du sommeil souffraient de sexomnie. Trois fois plus d’hommes que de femmes.

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Comment reconnaît-on la sexomnie ?

On ne peut pas se prétendre sexomniaque soi-même. « Les faits sont généralement rapportés par des tiers. L’alerte vient souvent du ou de la partenaire qui en est victime », explique Isabelle Gace. Cela rend cette pathologie véritablement problématique : les actes du sexomniaque peuvent mener à des agressions sexuelles ou des scènes très traumatisantes pour celle ou celui qui partage le lit.
Seul un spécialiste peut diagnostiquer un cas de sexomnie, tel qu’un médecin du sommeil qui pourra effectuer un examen de la physiologie du sommeil. « Le médecin va alors analyser et étudier les différentes phases de sommeil et observer le comportement du patient », ajoute la sexologue. 

Les causes de la sexomnie

Malgré plusieurs études, la sexomnie reste une maladie qui pose un tas de questions aux chercheurs. Si plusieurs hypothèses sont évoquées (apnée du sommeil, alcool, stress…), on ne connaît pas encore l’origine véritable de la sexomnie. Isabelle Gace cite les travaux du Dr Agnès Brion, médecin spécialisée dans les pathologies du sommeil, qui explique que ce phénomène est certainement favorisé par la prise d’alcool ou de stupéfiants qui modifient le comportement.

« Pour l’instant, il n’y a pas de consensus avéré », indique la sexologue. « Cela s’explique aussi parce qu’il n’y a pas suffisamment de patient.e.s qui consultent », regrette-t-elle. Une pathologie d’une part complexe à assumer, et d’autre part encore méconnue du corps médical, autant de facteurs qui ne prédisposent pas à oser demander de l’aide. 

Sexomnie : quelles solutions ?

En cas de suspicion, il faut d’abord consulter son médecin généraliste et lui demander à voir un clinicien du sommeil. Ce spécialiste pourra proposer des examens tels que la polysomnographie, qui consiste à analyser certaines variables physiologiques au cours du sommeil. « C’est seulement après le diagnostic posé que l’on peut proposer des pistes de solutions », précise Isabelle Gace. S’il n’existe aucun traitement spécifique pour la sexomnie, la sexologue insiste sur la nécessité d’une prise en charge en terme de sexothérapie et de thérapie de couple afin de « déculpabiliser et enlever le sentiment de honte mais surtout de permettre un espace de verbalisation sans jugement ».

Pour éviter les risques, Isabelle Gace recommande de ne pas dormir avec le ou la partenaire. La sexomnie impacte fortement la relation de couple, mais aussi la santé mentale des individus touchés par ce trouble qui les prive de leur libre-arbitre. « Cela peut être traumatisant pour la victime comme pour l’auteur. Ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère », insiste la spécialiste. Ces dernières années, certaines affaires de viol portés devant la justice ont été concernées par la sexomnie. Des personnes accusées ont été acquittées après avoir été diagnostiquées sexomniaques. Pour prouver ce trouble, les avocats et les médecins experts ont apporté des enregistrements du sommeil des accusés concernés.