Si un radar amoureux pouvait nous guider vers l’homme de notre vie, ça nous ôterait une épine du cœur. Parce que, entre les casés, les coureurs de jupons, et ceux dont on est la meilleure amie, parfois on se demande où sont les hommes.

Eh bien, sont là, pas loin. Dans le bureau d’à côté, à la soirée de Caroline le week-end prochain, au cours de badminton où l’on va s’inscrire dès la rentrée. Et là, j’entends dans les rangs « Oui, mais s’ils sont libres, disponibles, c’est forcément qu’ils ont un problème ».

Ben, pas plus que nous, qui sommes libres, disponibles et sans problèmes particuliers. Simplement, il s’agit de redescendre sur terre. Si l’homme parfait n’existe pas, le mec bien, lui, s’épanouit en plusieurs millions d’exemplaires. Il n’est pas nécessairement riche, drôle, beau ET surdoué.

Mais il peut avoir un boulot rigolo et passionnant même si pas très bien payé, ne pas avoir lu l’intégrale de Proust mais être cinéphile, avoir un sourire ravageur sur 1,65 mètre.

Bref ne pas être parfait, mais bourré de qualités, plus une, essentielle : vous vouloir du bien. Alors, pour le rencontrer, le repérer, et lui donner toutes les chances de constater à quel point vous êtes, vous aussi, une fille bien, ouvrez les yeux, les oreilles et le cœur.

Un mec bien, ça existe

À 10 ans, on rêvait d’une idylle avec Albator, à 15 avec Nicolas d’« Hélène et les garçons » et maintenant, à 30 ans, on ne sait plus trop où donner de la tête. Et on finit par se dire qu’il n’y a plus d’hommes. En tout cas, pas celui qu’on voudrait.

Je fais quoi ? Je me pose les vraies questions. Qu’est-ce que j’attends vraiment d’une relation amoureuse ? Qu’elle m’ouvre de nouveaux horizons, qu’elle me stimule, qu’elle me donne confiance en moi ? De quoi j’ai envie ? D’aimer, d’être aimée, ou d’être accompagnée ? Et moi, qu’est-ce que je suis prête à donner ? Du temps, de l’amour, de la bonne humeur ? Bref, qu’est-ce que je veux ?

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Et là, quand on ne se répond pas « Un très beau spécimen de sexe mâle, que je pourrais exhiber dans les soirées, qui ferait fantasmer mes copines tout en comblant Maman », eh bien, c’est fou ce que ça ouvre comme possibles. Et, dans la foulée, je renonce à Fred, qui fête ses noces de coton en juillet. Sauf si c’est avec moi, bien sûr.

Un mec bien, ce n’est pas (forcément) le premier venu

Un garçon croisé dans une soirée, quelques verres, quelques paroles échangées, et hop, sous prétexte qu’on lui a extorqué un « Non, je n’ai pas de copine en ce moment », on a décrété :

1) que désormais il en avait une,

2) que c’était nous,

3) on l’a embrassé pour sceller cette nouvelle alliance,

4) on a déjà réfléchi à la couleur des robes des demoiselles d’honneur et à la joie de Maman.

C’est beau, l’amour ! Sauf que, là, il ne s’agit pas d’amour mais de plaquage de sentiments sur quelqu’un qui n’en demande pas tant (ou peut-être que oui, mais on ne lui a pas laissé le temps). On a envie d’être amoureuse, le premier qui correspond peu ou prou à nos critères fait l’affaire.

D’une soirée, peut-être. D’une histoire, c’est moins sûr.

Je fais quoi ? Je fais le bilan de mes histoires d’amour. Je garde les positives. Avec Charles, ça n’a peut-être duré que six mois, mais c’étaient six mois joyeux, légers et heureux. Alex savait vraiment faire attention à moi, Pierrick me faisait rire. Et qui a vécu tout ça ? Moi ! Alors, sans dresser une check-list digne de l’Airbus 380, j’admets juste que je mérite quelqu’un de bien, et pas le premier qui passe. Et si ça doit être le garçon rencontré dans cette soirée, ça se saura. D’autant que je lui ai précisé « Je suis l’amie de Paul et Virginie, les organisateurs ». Comme ça, s’il veut mon numéro de portable, il saura à qui le demander.

Un mec bien se comporte bien

L’amour rend aveugle, c’est bien connu. Comment savoir si Max nous a emmenée dormir à la belle étoile pour la beauté du geste ou pour économiser une chambre d’hôtel ? On se convainc qu’on est la femme de sa vie, parce qu’on est allée prendre un thé chez sa mère : d’accord, c’était (surtout ?) pour récupérer ses chemises repassées, mais on a eu vite fait de se dire qu’évidemment, il n’allait pas nous présenter officiellement au bout de trois semaines.

Et quand, après dix jours de silence radio, il nous explique qu’on lui a volé son portable, et qu’il vient juste de remettre la main dessus, et sur notre numéro par la même occasion, on se dit qu’il n’a pas de chance, ce garçon.

Avec des circonstances atténuantes, on peut faire passer un goujat pour un enfant de chœur. Et transformer une fille bien en un amas d’interrogations et de larmes. Quand on démarre une histoire, on ne connaît pas bien l’autre, et c’est difficile de faire la part des choses.

Je fais quoi ? J’admets que je suis un être humain comme les autres. Voire pire, quand je suis amoureuse. Que celle qui n’a jamais abandonné, d’un même élan objectivité, bon sens et esprit critique, me jette la première rose. On a beau percevoir les failles de notre grand amour, on se voile la face : 1) pour ne pas les affronter, 2) par peur de le perdre. Une fois que je me suis accordé cette amoureuse faiblesse, je respire et je m’offre un quart d’heure de sincérité, largement plus profitable pour mon ego que celui de célébrité, et je fais la liste des choses qui m’ont dérangée. En dessous de 3, je laisse le bénéfice du doute. Cet homme est peut-être simplement fauché, timide, distrait. Entre 3 et 6, je m’interroge : « Est-ce que je ne serais pas en train d’empiler des tonnes d’écailles sur mes petits yeux, simplement parce que j’ai peur de renoncer à une histoire ? » Au-dessus de 6, je me parle sérieusement : « Ma fille, mérites-tu d’être traitée ainsi ? » La réponse est non. Et si j’allais m’inscrire à ces cours de badminton ?

Un mec bien prend son temps. Et il en donne

On n’en est plus à se demander si, oui ou non, on va coucher le premier soir. On peut avoir envie de laisser un peu de temps au temps, parce que c’est délicieux d’attendre. Ce dont aucun mec bien ne se formalisera. Pas plus du fait qu’on choisisse l’option couette dès le premier soir, d’ailleurs. C’est nous qui décidons.

Chic !Une fois qu’on tombe sous le charme, la partie n’est pas pour autant gagnée. On aurait tendance à se laisser porter par de belles paroles, et pourtant il faut rester lucide. S’il vous lâche un « Je t’aime » au bout de deux heures, sauf exception, c’est louche.

Inversement, s’il vous dit « Ce mois-ci ? Ça va être super chaud pour se voir. C’est moi qui t’appelle », méfiez-vous, il a peut-être encore une fiancée cachée sous le matelas. Et s’il est dans l’impossibilité de vous donner un double de ses clés parce que c’est môman qui les a, attendez-vous à faire ménage à trois.

Je fais quoi ? Je me répète à l’envi : il n’y a pas d’amour, mais que des preuves d’amour. Et, même si le démon romantique qui frétille en moi rêve de gerbes de roses rouges livrées au bureau, je sais qu’un texto « Merci pour cette délicieuse soirée » est beaucoup plus adapté, et donc prometteur. J’admets aussi que l’homme n’est pas formaté comme moi. Mieux, il est différent, et encore mieux, c’est ça qui est bien.

Alors, OK ! Si je ne téléphone pas trois fois par jour, ça veut dire que je ne suis pas amoureuse. Mais lui, c’est peut-être quand il est amoureux qu’il n’ose pas téléphoner trois fois par jour. Donc j’arrête de penser pour lui, et je laisse les choses se faire.

Un mec bien, il faut lui faire de la place

Autre axiome de l’amour : pour recevoir, il faut donner. Et si vous voulez qu’un mec bien vous fasse une place dans sa vie, commencez par lui en faire dans la vôtre. Vous vous demandez comment, entre les lundis sushis entre copines, les cours de salsa avec Pablo et les séances DVD chez votre sœur, vous allez pouvoir caser une soirée en amoureux ? Sachez que pour lui non plus, ce n’est pas évident : il a ses matchs de rugby le dimanche, ses soirées copains – oui, les garçons aussi font ça – et ses cours de tango avec Vanessa (en sursis, celle-là) ; il va falloir composer.

Je fais quoi ? Des compromis. D’abord, je me demande pourquoi j’hésite autant à sacrifier quelques-unes de mes précieuses activités. Parce que j’ai peur de perdre cet univers rassurant construit pierre à pierre ? Parce que je me dis que, s’il me plante au bout de trois mois, j’aurai l’air maligne ? Peut-être, mais une histoire, ça se construit. Il faut accorder du temps à l’autre pour savoir si c’est le cheval gagnant, à défaut du prince charmant. Et puis la meilleure façon de neutraliser Vanessa, c’est d’aller avec lui à ses cours de tango, et que ses copains sont sûrement très sympa.

Un mec bien, je le mérite

Tout comme lui vous mérite. Ben oui, cet homme formidable a une chance folle que vous lisiez Cosmo et que vous ayez pu le rencontrer. Alors, oui, vous êtes une fille formidable, drôle, futée, courageuse, tendre, fiable.

Et puis, vous savez quoi ? Vous n’avez pas besoin d’un homme dans votre vie. Vous en avez juste envie. Et souvent, il suffit de s’autoriser à vivre une belle histoire pour qu’elle arrive.