A quel âge fait-on l’amour la première fois ?

17,4 ans pour les garçons, 17,6 ans pour les filles. C’est l’âge médian auquel les adolescent(e)s, en France, connaissent leur première relation sexuelle. Un chiffre relativement stable selon Caroline Janvre, psychologue sexologue à Paris, qui nous explique : « contrairement à ce que les adultes pensent souvent, les études démographiques montrent que l’âge médian du premier rapport sexuel pénétratif n’a pas évolué depuis des décennies ».

En revanche, l’écart entre les genres s’est lui réduit au fil du temps. Dans les années 40, les garçons perdaient ainsi leur virginité autour de 18 ans, les filles à 22 ans. Soit 4 ans d’écart à l’époque, contre deux petits mois aujourd’hui. C’est dans les années 60/70 que cet écart a commencé à se réduire, les femmes refusant désormais d’attendre le mariage pour connaître leur premier partenaire.

Il n’existe bien évidemment pas de définition stricto sensu de la première fois

Un changement dans les mentalités, permis par la libération sexuelle des femmes et par la lutte pour l’égalité des sexes. La naissance et la démocratisation de la contraception puis la légalisation de l’IVG leur permettra de contrôler leur fertilité, leur sexualité, leur corps. Ce qui, pendant longtemps, leur était quasi impossible.

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Douleurs au premier rapport et autres idées reçues sur la première fois

De quoi remettre les pendules à l’heure et permettre au plus grand nombre de reprendre le contrôle de sa sexualité. Et notamment sa première fois. Le premier rapport sexuel n’en reste pas moins important et constitue le point de départ de sa vie sexuelle. Une étape qui peut, chez beaucoup, susciter de nombreuses interrogations. Et notamment sur la définition de la première fois. Est-ce le premier acte sexuel ? La première pénétration (par un pénis, des doigts…) ? Il n’existe bien évidemment pas de définition stricto sensu de la première fois et chacun est libre de définir sa première fois comme il l’entend, comme il le ressent. Car, s’il est nécessaire de le rappeler, on peut bien évidemment avoir des rapports sexuels sans pénétration vaginale ou anale.

Le première fois, qu’elle soit tardive ou non, peut également susciter bon nombre de craintes et d’inquiétudes. Tout particulièrement chez les filles, à qui l’on a répété toute leur vie que « c’est normal d’avoir mal ». Pendant leurs règles. Mais aussi pendant le sexe. Surtout la première fois. De quoi rendre effrayant un acte qui ne s’avère pas nécessairement douloureux. Comme le fait de saigner. Là encore, ce n’est pas systématique, loin de là. Autre idée reçue : non, l’hymen ne se déchire pas lors de la première pénétration. Il se détend, s’agrandit mais ne se perce pas. On ne perd pas non plus son hymen lors de son premier rapport sexuel. Si vous êtes nées avec, il vous suivra le reste de votre vie, n’ayez pas d’inquiétude là-dessus.

Ces idées reçues, pour le moins tenaces, ne se sont pas sans conséquences sur la vie sexuelle des jeunes femmes. Elle viennent notamment relayer la notion de plaisir au second plan, comme le souligne Caroline Janvre : « Alors que les fausses croyances autour de l’hymen ou les représentations que l’on a d’une pénétration vaginale font craindre à de nombreuses filles la douleur, le plaisir n’est pas vraiment au centre de leurs préoccupations ». Une fâcheuse habitude qui a tendance a les suivre le reste de leur vie sexuelle, le plaisir féminin étant encore aujourd’hui parfois mal compris, mal appréhendé.

Autre inquiétude très présente lors du premier rapport sexuel : la question de la performance. Aussi bien pour les garçons - réussir à avoir une érection puis à la maintenir, réussir à éjaculer, réussir à donner du plaisir à son ou sa partenaire… - que les filles. Les « normes » sociales sont elles aussi de la partie, comme nous l’explique Caroline Janvre : « La question de la réputation est ainsi déterminante car alors qu’il faudrait pour un garçon « ne plus être puceau » le plus vite possible, être sexuellement active reste quelque chose de moins « acceptable » pour une jeune fille dans notre société, ou seulement dans des contextes bien particulier comme un couple. » De quoi rendre parfois compliqué le projet de se lancer.

Première fois : comment savoir si l’on est prêt(e) ?

Il n’y a malheureusement pas de recette magique. Mais se connaître d’abord soi peut être une porte d’entrée à la vie sexuelle. Tout simplement pour apprendre de ce qui nous fait du bien. « Connaître et explorer son corps est une étape importante pour se sentir plus à l’aise et savoir ce que l’on aime, ce qui nous fait plaisir », souligne Caroline Janvre. C’est comme cela que Charline, 29 ans, a connu ses premiers émois sexuels. « Si mes souvenirs sont exacts, j’ai découvert mon corps et les plaisirs solitaires relativement tôt. Entre 10 et 12 ans il me semble. Dans ma famille, il n’y a aucun tabou. J’ai la chance d’avoir une maman qui a toujours fait en sorte que ses enfants puissent aborder n’importe quel sujet avec elle sans aucune gêne. Comme la sexualité. »

Charline commence à se sentir prête à « passer le cap » autour de ses 14 ans. Elle attendra finalement ses 16 ans pour connaître son premier rapport sexuel. « C’était avec mon copain de l’époque. On ne se connaissait pas depuis très longtemps. Après avoir échangé pendant quelques semaines sur les réseaux sociaux et s’avouer notre attirance, on est sortis ensemble », nous explique la graphiste. « Et au bout de trois mois environ, on a décidé de passer à l’acte. On avait déjà exploré les préliminaires mais ce n’était pas allé plus loin. »

Faites-le avec quelqu'un en qui vous avez confiance, qui vous respecte et surtout sans vous y sentir obligée

Il est également essentiel de se poser certaines questions avant de se lancer. « Est-ce que je me sens prêt ou prête ? Pour quelles pratiques sexuelles ? Dans quel endroit est-ce que je peux être tranquille sans risquer d’être interrompu ? », suggère la psychologue sexologue. Une façon aussi de déterminer si on veut le faire pour soi, ou pour répondre à une certaine pression sociale. Pour Anne, 31 ans, c’est l’envie de découvrir et partager quelque chose de nouveau avec son copain de l’époque qui l’a poussée à se lancer. « J'avais 15 ans et j'étais en couple avec mon copain depuis quelques mois. Je me sentais prête, j'avais parlé de mes appréhensions avec lui. Ça s'est fait en douceur et chez moi. J'avais envie de découvrir ma sexualité, de partager ce moment avec lui. Et surtout je me disais que perdre ma virginité avec lui était une preuve d’amour. »

Lorsque l’on se sent prêt(e), d’autres questions doivent être soulevées. « Si les partenaires sont concernés par un risque de grossesse, il est important que la contraception soit pensée en amont, et par les deux », rappelle Caroline Janvre. Même constat pour les maladies sexuellement transmissibles. Le préservatif masculin - et parfois le préservatif féminin - reste aujourd’hui le moyen de protection le plus utilisé par les jeunes débutant leur vie sexuelle.

 Apprendre à faire l’amour, petit à petit

« Faites-le avec quelqu'un en qui vous avez confiance, qui vous respecte et surtout sans vous y sentir obligée, de peur que l'autre vous quitte. C'est une étape importante qui mérite que l'on en discute longuement avec son partenaire. Choisir un lieu où l'on se sent bien, où l'on peut prendre son temps, ne pas être dans la précipitation est aussi important », conseille aujourd’hui Anne, qui avec le recul ne regrette pas grand chose de sa première expérience sexuelle.

Un point de vue partagé par Charline, qui ajoute « Je ne regrette en aucun cas de m’être lancée au moment où j’en ai ressenti l’envie. Je pense qu’il est important de s’écouter et d’être en accord avec soi-même. Je crois que c’est la chose la plus importante pour ne rien regretter. Quel que soit le contexte, l’âge ou la personne avec qui on décide de se lancer. »

Votre première fois ne définit pas le reste de votre vie sexuelle. Loin de là. Le sexe, comme quasiment tout dans la vie, s’apprend et se peaufine avec le temps, avec l’expérience. Votre première fois n’appartient qu’à vous et doit être un acte voulu, sans violence, et avec la personne que vous aurez choisie. Ne vous lancez pas à cause de la pression sociale ou à cause d’un ou une partenaire insistant(e), mais simplement parce que vous en avez envie, vous et votre partenaire. Tout simplement.