Ernest Beaux, de Moscou à Paris

Bien que né en 1881 à Moscou, Ernest Beaux est issu d’une famille française. Quant à la société Rallet dirigée par son frère aîné, il s’agit de l’une des deux plus grandes parfumeries russes d’origine française, fournisseur du tsar, qui plus est.

La voie est tracée ! Ernest y entre dès 1898 comme simple technicien de laboratoire en savonnerie. Après avoir effectué deux ans de service militaire en France, il y revient pour apprendre la parfumerie : sa formation s’achèvera par une promotion et une élection au Conseil d’Administration.

Son premier succès, Ernest le connait en 1912. Rien à voir avec Chanel ! Après une première fragrance au nom inconnu, il développe une eau de Cologne, "Bouquet de Napoléon". Il créera également "Bouquet de Catherine" l’année suivante, avant de rejoindre l’armée française durant la Première Guerre mondiale.

Un parfumeur avant-gardiste

Ernest Beaux se veut plus chimiste que nez. Il déclare d’ailleurs ne pas créer "au nez", mais par formules chimiques, comme un compositeur écrirait une partition de musique avant même de la jouer !

Il est l’un des premiers parfumeurs à oser souligner l’importance de la chimie dans l’univers des senteurs, allant jusqu’à déclarer que "le futur de la parfumerie est entre les mains des chimistes".

Installé à Paris à la fin de la guerre, Ernest reprend ainsi ses expérimentations avec les aldéhydes, de nouvelles molécules obtenues par synthèse chimique, encore très peu utilisées.

Celles-ci offrent toute une gamme de senteurs synthétiques inédites et une tenue prolongée du parfum. Elles seront l’une des clés de voûte de son plus grand succès

Ernest Beaux et Chanel

En 1920, la maison Chanel, au sommet de sa gloire, souhaite créer une fragrance unique. Ernest Beaux, lui, fait jouer ses contacts dans la noblesse russe pour trouver de nouveaux projets.

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Leur point commun ? Le grand-duc Dimitri Pavlovitch, amant de l’une et relation de l’autre. La rencontre a lieu à Cannes, où Ernest présente à Coco Chanel des fragrances numérotées de 1 à 5… le reste appartient à l’histoire !

Le "N°5" ne marque cependant pas la fin de la collaboration entre Ernest Beaux et la maison Chanel. Suivront le "N° 22" en 1922, "Cuir de Russie" en 1924, "Gardénia" en 1925, "Bois des îles" en 1926 et "Mademoiselle Chanel N°1" en 1946… de quoi, pour Ernest Beaux, s’assurer une place dans l’histoire de la parfumerie !

Puisque s’il crée également quelques parfums pour Bourjois, aucun n’égalera le célèbre flacon carré et son "parfum de femme à odeur de femme".