En amour, on n’est pas à la rue

Les célibataires avaient leurs sites et leurs applications. Ils ont désormais aussi leurs soirées karaoké, leur site de covoiturage, leurs ateliers cuisine… «  Ça donne l’impression que les solos sont des petites choses fragiles et que tous les moyens sont bons pour les sortir de cet état  », confie Céline, célibataire de 30 ans.

Ce qui gêne, c’est l’accumulation. Comme si être en couple était au même niveau de nécessité que trouver un appart ou un job. Sauf qu’Abraham Maslow et sa célèbre pyramide sont formels  : se loger, se nourrir, dormir et s’habiller sont des besoins physiologiques dont la satisfaction est indispensable.

Avoir un mec, non. «  La meilleure façon d’envisager l’amour, c’est de le voir comme une cerise sur le gâteau, confirme Caroline Michel, auteure de plusieurs ouvrages sur le couple. C’est un plus qui peut être énorme, mais pour lequel il n’y a pas d’absolue nécessité.  »

Trouver un mec : ce n’est pas un job à temps plein

Checker les annonces, envoyer des mails, organiser des visites, déposer des dossiers  : chercher un appartement, c’est fou le temps que ça prend. On sait que l’amour ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, mais contrairement à l’appartement, ce n’est pas en multipliant les rencontres amoureuses qu’on multiplie ses chances…

«  À force, il peut s’installer une forme de découragement. Un discours du type “ils sont tous nuls”, ou “je suis trop exigeante” qui, au lieu d’ouvrir des horizons, les ferme complètement  », met en garde Caroline Michel.

Ce n’est pas un job tout court  !

Quand on en a marre d’enchaîner les visites, miracle, il suffit d’aller voir un agent immobilier pour lui refiler le bébé, moyennant un mois de loyer. En amour aussi, des sociétés proposent de gentils assistants chargés d’aller draguer à notre place.

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Sauf que ce qui se passe au quotidien, ça s’appelle la vie, avec ses hauts et ses bas, ses fous rires et ses rencontres qui n’aboutissent peut-être pas au grand amour, mais qui valent le coup d’être vécus. Et ce serait dommage de payer quelqu’un pour vivre notre vie, non ?

Chercher l'amour : on a droit à la légèreté

On ne badine pas avec les recherches d’appartement, parce qu’un logement, ça engage des frais, de l’énergie, parfois des parents, des potes qui se lèvent tôt pour porter des cartons, des allers-retours chez Ikea.

On ne signe pas un bail sur un coup de tête, alors qu’on peut signer pour un mec quand on veut, et si on veut. S’installer pour la nuit et repartir le lendemain si ça nous dit. Et changer d’avis autant de fois qu’on le souhaite.

Trouver l'amour : il n’y a pas urgence

On a rarement la vie devant soi pour trouver un appart… On a même parfois intérêt à fermer les yeux sur le carrelage épis de blé de la cuisine. L’amour, par contre, ça peut attendre, alors on se détend un peu et on s’empêche de revoir nos exigences à la baisse.

«  Quand j’ai quitté Lucas après trois années très chaotiques, j’ai réalisé que j’avais fermé les yeux sur beaucoup de choses parce que j’étais pressée de construire une vie de couple  », confie Laura, 32 ans.

On n’a pas besoin de garant

Pour décrocher un appart, on sort l’artillerie lourde  : sourires polis, bulletins de salaire personnalisés par un pote graphiste, garants en béton, quittances de loyer du dernier logement, le tout dans une jolie pochette cartonnée rendue dans les meilleurs délais. Certes, au premier rencard aussi on se montre sous notre meilleur jour.

On oublie de préciser qu’on fait collection de peluches et on affirme que notre plus gros défaut, c’est d’être «  très exigeante avec les autres et avec moi-même  ». Mais attention de ne pas se lancer dans une course à la performance et à l’irréprochabilité.

C’est vain et ça n’a pas de sens, comme le confirme Caroline Michel  : «  Contrairement à la locataire, il n’y pas de portrait-robot de la fille idéale dont il faudrait se rapprocher le plus possible.  » Et tant mieux !

Trouver un mec : on peut laisser faire le hasard

Pour trouver un appart, mieux vaut avoir une petite idée de ce que l’on souhaite. Mais en amour, pourquoi ne pas rester ouverte à toutes les rencontres  ? Sait-on jamais…

C’est ce qui est arrivé à Solange  : «  Ma passion, c’est les voyages, alors j’ai toujours rêvé d’un mec baroudeur. Ça n’a jamais duré. Sauf avec Giovanni, rencontré au lac Majeur. Signe particulier  : a la phobie de l’avion.  »

Passer à côté de lui aurait été facile, la faute à ces menus déroulants qui nous obligent à «  resserrer  » la recherche autour de critères de plus en plus précis.

Ce qu’il y a de rassurant, c’est qu’on peut donc lâcher prise, arrêter de chercher à tout prix à provoquer une rencontre. Virer nos applis, annuler nos rendez-vous amoureux, lever la tête vers notre voisin de métro et le trouver charmant. Ou pas.

Les preuves qu’un mec est bien différent d’un appart

  • On ne se dit pas qu’avec une petite enveloppe travaux (barbier, dentiste et ophtalmo), ça pourra peut-être le faire.
  • On ne dit pas à une copine  : «  Fais-moi signe quand tu quittes ton mec, parce qu’il m’intéresse.  »
  • On ne sous-loue pas son mec pour arrondir ses fins de mois.
  • On ne déclare pas à propos du type d’hier : «  Il est petit mais fonctionnel.  »
  • On ne demande pas à une amie  : «  Je peux squatter ton mec quelques jours  ?  »
  • On ne cherche pas à avoir exactement le même mec que le précédent, parce qu’on l’aimait bien.
  • On ne demande pas au rencard d’hier de le revoir pour une contre-visite.
  • On ne présente pas une lettre de recommandation de notre ex, pour prouver qu’on est une fille sérieuse.
  • On ne choisit pas un mec parce qu’il est bien situé par rapport à notre boulot.