• J'ai sauté dans le mauvais train pour le suivre Angèle, 28 ans

Cet après-midi-là, dans une agence SNCF, je viens réserver un Lille-Marseille. Je dois aller voir mes parents... quand je remarque, face à moi, un mec assis. Il a un bonnet bleu, une sorte de version hot du bonnet Schtroumpf, mais un sourire dingue. Et voilà qu’il me l’adresse ! Et me dévore des yeux.

Il va falloir jouer serré. Mais faire quoi ? C’est son tour. Je l’entends demander : « Bordeaux à 8 h 52 ». Il se lève et il a beau me lancer un dernier regard, je ne peux que le laisser s’en aller.

L’hôtesse me réveille : « Madame ! Madame ! Je vous écoute ? Vous allez où ? » Et soudain, je demande : « Bordeaux, le 8 h 52... » Ma copine Louise y vit depuis trois ans, elle me logera. Mes parents comprendront que j’ai trop de travail.

Mon acte me paraît moins dingue que prévu, mais quand même... Deux jours plus tard, à 8 h 52, je suis dans le train. Pétrifiée. Et s’il n’y est pas ? Et s’il est accompagné ? Et s’il le prend mal ? Soudain, badaboum badadoum... il est là. Je vais m’évanouir. Je ne peux pas lui parler. Tant pis.

>> Et alors ?

Je me réfugie au wagon-restaurant pour oublier tout ça. Et le voilà qui entre ! Je suis rouge écrevisse, surtout qu’il vient vers moi : « On s’est vus à l’agence... » Et là, je m’entends répondre : « Ah bon ? Peut-être... » On est ensemble depuis neuf mois.

  • De la place dans mon sac – Léa, 24 ans

Je ne suis pas du genre dragueuse et j’admire les filles qui arrivent à faire le premier pas. En fait, ma sœur est comme ça, et c’est elle que je vais rejoindre à Berlin.

Vidéo du jour :

Je suis à l’aéroport, dans la queue pour l’enregistrement. Juste devant moi, j’entends des éclats de voix. Un Allemand se dispute avec l’hôtesse : le type a un excédent de bagages et refuse de payer le supplément. Il tourne la tête, avec l’air de chercher de l’aide. Il est assez beau mec.

Mais comme d’habitude quand je suis en présence d’une personne qui me plaît, ça me déstabilise, et je perds pied. Pourtant, je ne sais pas ce qui me prend, je lui dis : « Je peux prendre des affaires dans mon sac, il est presque vide. »

J’admire les filles qui arrivent à faire le premier pas ! 

>> Et alors ?

On fait connaissance dans la salle d’embarquement puis dans l’avion. II vient de passer six mois en France. Mais même après l’atterrissage, il ne me demande rien, ni mon Facebook ni mon phone.

Je suis très déçue. On réceptionne nos valises, je lui rends son bien. Il me dit qu’on l’attend.

Moi aussi : ma sœur. Lui, c’est sa mère qui est là avec un énorme bouquet de fleurs... pour moi ! Il lui a raconté mon geste avant le décollage et elle veut me remercier.

Ma sœur n’en revient pas. Surtout quand il note enfin son numéro pour que je l’appelle ! On s’est revus pendant cette semaine géniale. Mais sans plus. Cette histoire m’a juste donné le courage de ne plus rien laisser passer. 

  • J'ai accepté une coloc alors que ce n'est pas mon genre –Olivia, 28 ans

Je cherche une coloc depuis un bail, quand je suis acceptée par des filles bien sous tous rapports. Leur 120 m2 pour quatre vaut le détour : parquet, moulures, cheminée, c’est le pied.

Mais je prends le temps d’en visiter un dernier avant de signer. C’est un premier étage sombre, occupé par trois mecs célibataires.

Ça se voit : poussières et moutons partout, boîtes Barilla et canettes de bière vides traînant dans la cuisine... L’horreur pour une maniaque comme moi. Pendant que je bois une bière, je tombe sous le charme de Samuel, l’un des colocs, un métisse aux yeux verts.

Je suis tout près de lui devant la cheminée, et soudain, nos regards se croisent dans le miroir. Dans mon esprit, il reste juste une minuscule place pour répondre : j’accepte. Je laisse tomber un appart de 120 m2 étincelant pour ce taudis.

>> Et alors ?

Samuel est distant. Sympa, mais il est distant. Je m’en veux, d’autant que la descente aux enfers domestiques commence : je repasse derrière les mecs, matin et soir, pour ranger et nettoyer. Je suis leur bonne, tout simplement.

Au bout de trois mois, je veux partir, je n’en peux plus. Un soir, je me retrouve avec Samuel dans la cuisine : « On n’a rien à manger. » Il ouvre un placard comme si ce geste pouvait faire apparaître par miracle un poulet rôti. Quel con !

Je m’en veux tellement d’avoir pris cette coloc pour lui ! Je m’apprête à quitter la cuisine quand il me propose : « Euh... Ça te dirait d’aller dîner quelque part ? »

On a caché notre histoire aux deux autres pendant trois mois. Aujourd’hui, on vit tous les deux dans un appartement nickel.

Cette histoire m’a juste donné le courage de ne plus laisser passer les occasions. 

  • J'ai mis en place tout un stratagème pour lui parler – Mélanie, 25 ans

Je rejoins ma meilleure amie pour déjeuner. À côté de nous, deux tables plus loin, le mec est canon.

Alors que je reviens des toilettes, mon amie Xanthippe, grecque comme moi, note qu’il me regarde avec insistance. Elle va se marier dans un mois, elle lâche : « Je te le laisse. » D’accord, mais c’est le jour où je suis mal fagotée dans une robe chasuble, genre sac à patates. Et puis, je fais quoi ?

Au fur et à mesure du déjeuner, je mets au point un plan tout bête. En grec, pour qu’il ne comprenne pas, je dis à mon amie : « Voilà, tu prends ton téléphone, et tu raccroches affolée. Tu m’expliques que tu dois y aller... une urgence. Pour l’amour de Dieu, fais ça pour moi. »

>> Et alors ?

Une fois seule, je plonge la tête dans mon sac. Zut, mon portable ! « Vous voulez utiliser le mien ? » demande une voix masculine. C’est lui ! J’accepte, le visage en feu, et je me retourne à demi pour appeler : « Xanthippe... Oui, on se retrouve là, tout de suite. » Je lui rends son portable, paniquée. Il y a un bref silence, je crois qu’il va engager la conversation. Mais rien.

Mon amie m’attend dehors : « Faut que t’arrêtes les séries. » Elle me donne le numéro du « nouvel homme de ma vie » en me faisant promettre de l’appeler le soir même. Ce que je fais, une boule dans la gorge. « Ah oui... Oui, on peut prendre un verre, j’ai rien à faire. »

Et aussitôt, j’ai l’affreux pressentiment que les choses ne vont pas se passer comme je l’aurais voulu. On a eu quelques nuits ensemble. Rien de sérieux, comme mon plan d’ailleurs.

  • J'ai dragué le voisin d'une connaissance – Tiphaine, 25 ans 

En sortant d’une soirée où je me suis ennuyée à mourir, je tombe nez à nez avec le voisin de palier de la fille qui organise.

Il embaume L’Homme d’Yves Saint Laurent, parfum pour lequel je serais prête à embrasser Quasimodo. Sauf que là, c’est l’English parfait, aux cheveux roux et aux yeux verts : je suis au bord de l’évanouissement.

Il me secoue, je suis devant sa porte : « Sorry, che doua passer. » Il est bien Anglais, donc. Je fais un pas sur le côté, il m’envoie un sourire engageant. Et referme la porte.

En mode statue de sel, j’hésite à sonner à sa porte. Je retourne à la soirée où j’interroge la fille qui habite là. Sur la défensive comme si je lui demandais son numéro de carte bleue, elle aboie : « Je crois qu’il est Irlandais. » Le lendemain soir, littéralement obsédée, je checke sur pagesblanches.fr. Il y a bien un certain Andrew Abott.

>> Et alors ?

Comme je n’assume ni mon coup de foudre ni ce que je m’apprête à faire, j’appelle, le cœur au bord de l’explosion, et demande à parler à Victor, prénom que je viens de sortir de mon chapeau. Il me répond avec un délicieux accent que je fais erreur, mais j’insiste, en disant que c’est sa voisine qui m’a donné ce numéro. Il veut en savoir plus.

En fait, je cherche à prendre des cours d’anglais, je dois postuler pour des facs anglo-saxonnes et les lettres de motivation me donnent du fil à retordre. Là, je ne mens plus. Et voilà que ça commence à l’intéresser. Lui est en échange universitaire justement. Il me pose des questions.
Et soudain, j’y vais franco : « On peut se rencontrer si vous voulez. En fait on s’est déjà vus il y a quelques jours sur votre palier... »

Notre histoire a duré plusieurs mois. Il est finalement retourné à Dublin, la distance a sacrément atteint notre amour, et Skype nous a achevés.